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Le quadrant des Bermudes

DEBAT

Le quadrant des Bermudes

C’est toujours dans un arc ouest-nord, allant de Rabat à Paris que le régime algérien cherche à faire disparaître les problèmes nationaux quand il est acculé par ses turpitudes. C’est son quadrant des Bermudes (*).

Maintenant que les récurrentes frivolités contre le Maroc et la France suscitées à chaque fois que nous ne voulons pas nous regarder dans la glace sont retombées, il est peut-être temps, comme le disait mon ami Hachemi Souami de «parler de choses sérieuses.»

L’Etat de santé du chef de l’Etat étant tenu secret, le citoyen est livré au mieux à la spéculation au pire à l’intoxication. Ce que les connaissances actuelles et les statistiques permettent de dire de la Covid-19 c’est qu’en général, plus la convalescence est longue, plus la récupération est laborieuse.

Ce qui veut dire, qu’au-delà des artifices constitutionnels qu’invoquent certains apparatchiks pressés de voir introniser leurs mentors, le pays va probablement rentrer dans une phase d’incertitude pour ne pas dire de nouvelle instabilité institutionnelle.

A moins que l’on ne mobilise encore une fois les trompettes du cynisme volontariste qui ont vendu pendant une demi-douzaine d’années l’illusion d’une performance intellectuelle et de lucidité politique d’un homme somnolant sur sa chaise roulante. On peut supposer (espérer ? ) que ce scénario risqué pour le pouvoir et humiliant pour le peuple ne sera pas rejoué.

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Il reste alors deux options aux décideurs. Faire comme si le pays n’avait jamais connu de problème de légitimité, remettre en route la machine clientéliste, trouver un autre candidat potiche et foncer, de nouveau, vers l’irresponsabilité et l’aventure. Au risque de faire disparaître leur patrie, certains despotes en ont fait une religion : on ne change pas une équipe qui perd.

Postulant aux premières loges, quelques vautours rôdent déjà dans le sombre ciel d’Algérie. Un score rachitique sera dopé et le système anémique mais toujours survivant pourra gagner encore quelques mois avec une nation ridiculisée sur la scène internationale et, plus grave, inflammable au niveau domestique.

Les réserves de change fondent comme neige au soleil. La monnaie se déprécie quotidiennement et la vie économique déjà atone n’est pas prête de s’améliorer avec une pandémie niée ou maquillée. Des explosions sociales dont nul ne peut prédire la durée, l’extension et l’intensité – que l’on imputera, une fois de plus, aux ennemis du pays – sont devant nous. Pour l’heure, aucun officiel ne veut envisager ces évidences.

L’autre hypothèse, en réalité la seule, plus réaliste mais, hélas, peu probable, consiste à prendre acte d’un désastre national annoncé dès le premier jour de l’indépendance et même bien avant.

Pour une fois, il nous faudra agir en adulte faute de le faire en patriote : tout mettre à plat et dire la vérité au peuple. En finir avec les règlements de compte, ce qui n’empêchera pas la justice restituée à sa vocation d’arbitrage citoyen de jouer son rôle pour récupérer les biens détournés et sanctionner les abus.

Dans ce régime hérité des Janissaires, celui qui coupe une tête met la sienne sur le billot car le prochain bourreau n’est jamais très loin.

On entend déjà les cris des jouisseurs du pouvoir qui sont aussi les plus frileux devant l’exigence qu’appelle son exercice : « si on ouvre le couvercle de la marmite ce sera la faillite. Le peuple n’est pas en mesure de comprendre et d’attendre. Autant mettre la poussière sous le tapis… »

La fuite en avant qui a prévalu jusque là n’est plus opérante. Une marmite qui bout ne peut pas rester indéfiniment sous pression ; quant à la faillite, on y court. Ce n’est pas être populiste que de rappeler que le peuple a prouvé pendant un an et demi qu’il pouvait être calme, patient et raisonnable lorsqu’il perçoit une petite lueur d’espoir au bout du tunnel.

Par ailleurs, quand on peine à payer les retraites et que les caisses se vident chaque jour un peu plus, il faut être fou ou suicidaire pour penser que la poussière sous le tapis est une solution viable.

Une autre (ultime ?) opportunité se présente aux Algériens. Pour combien de temps encore ? Prendre son courage à deux mains et engager une phase de transition pour débattre de ce qui fut interdit depuis 1962, c’est-à-dire la construction d’un destin à la mesure de nos sacrifices, ressources et ambitions.

Demeure une question : y a-t-il du courage dans le pays ? Sans doute en a-t-on fait une trop grande consommation depuis 1954.

Reste la diversion tiers-mondiste qui prétend remplacer la panne d’idées. Les chefs d’Etat étrangers collaboreront toujours avec le responsable en poste à Alger, quels que soient son nom ou la manière dont il a été installé. Il dépend de nous et de nous seuls de faire de sorte que les dirigeants qui parlent en notre nom ne soient pas ceux qui, par incompétence ou chantage, se laissent manipuler.

Enfin, à ceux qui attendent passivement des solutions magiques, il faut dire que face au marasme algérien il n’y a ni recette ni homme miracles. La survie dépend de tous et, autant l’affirmer de suite, le sauvetage ne sera pas simple.

 

(*) Cette analyse a été publiée par son auteur, Saïd Sadi, sur sa page Facebook, jeudi 10 décembre.

Auteur
Saïd Sadi

 




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