22 novembre 2024
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Hommage à Idir et négation de son identité

Lettre ouverte

Hommage à Idir et négation de son identité

À l’attention de Madame Audrey Azoulay, Directrice de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). 

Madame,

Suite à la disparition de l’icône internationale, l’artiste kabyle Idir, survenue le 2 mai 2020 à Paris, votre organisation, et à travers ses comptes Tweeter officiels, a rendu hommage à l’homme de culture mondialement connu et reconnu qui est Hamid Cheriet.

Idir, fils de Kabylie, a été par ses chants, ses mélodies et ses engagements, comme vous l’avez qualifié à juste titre, l’ambassadeur de la culture kabyle et amazighe. Idir a toujours chanté la paix et la fraternité entre les peuples.

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Dans l’acte constitutif de l’UNESCO, nous pouvons lire parmi les objectifs de l’organisation créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale : contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples.

Ce sont exactement ces valeurs, et dont la Kabylie et la civilisation amazighe regorgent, que Idir a défendu dans sa langue pendant toute sa vie et tout au long de son oeuvre poétique et musicale.

Or votre message en hommage est diffusé en trois langues (anglais, français et arabe) mais pas en kabyle, la langue maternelle de l’artiste. Il ne vous a pas échappé que le tamazight (berbère) est parlé, dans ses différentes déclinaisons, par plus de 40 millions de locuteurs en Afrique du nord et 5 millions en Europe et en Amérique et que l’Algérie et le Maroc ont reconnu comme langue officielle après des luttes acharnées dans ces deux pays.

Des luttes qui ont coûté aux militants des arrestations, de l’emprisonnent et de l’assassinat depuis que les indépendances ont consacré l’arabe comme langue exclusive dans les 5 pays nord-africains au détriment de la langue amazighe, la première sur le sous-continent et en méditerranée.

L’omission, intentionnelle ou pas, de rendre hommage à l’artiste universel qui était Idir dans sa propre langue et par un organisme censé protéger les langues et promouvoir la diversité est une insulte à la mémoire de Idir et une atteinte à son combat. Nous considérons cet acte comme étant une caution à la négation, à l’ostracisme et à la répression exercés par les dictatures arabo-islamiques envers les Amazighs, habitants authentiques en Afrique du Nord.

Nous, Kabyles, Chaouis, Mozabites, Rifains, Chleuhs, Nefoussi, Touaregs et Amazighs de tous les pays dénonçons cet outrage. Nous attendons une correction de votre part afin de réhabiliter la langue de Idir et la hisser à sa juste valeur et ainsi lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Nos salutations.

 

Auteur
Ahviv Mekdem

 




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