Il vient de tirer sa révérence, en posant sa guitare et son chapeau sur le socle éternel de l’art. Il s’est éclipsé, subrepticement, de l’autre côté de la scène, en tirant le rideau, sur cette belle mélodie.

Nos frêles et moites mains continuent de l’applaudir, espérant le voir revenir pour la dernière chanson. Les strapontins sont relevés, nos regards hagards sur l’orpheline guitare. Non, il ne reviendra pas cette fois-ci pour la dernière séance.

Il a pris le chemin de la providence, le cœur serré sur la main. mais il sera toujours là, parmi nous, autour du kanoun, à chaque recoin de la maison pour nous gratifier de son sourire malicieux et sa douce voix chevrotante accrochée à la colline de la montagne. Le sociologue Pierre Bourdieu dira de lui: « Ce n’est pas un chanteur comme les autres, c’est un membre de chaque famille ».

Aujourd’hui, c’est toute la famille kabyle et le monde, aussi, qui pleurent son départ. Il s’en est allé, rejoindre ses amis, Lounès Matoub, Mouloud Mammeri, Tahar Djaout, Brahim Izri et bien d’autres, ces autres étoiles pour nous éclairer le ciel de l’éternité. Mes pensées vont à sa famille et sa fille Tanina qui lui dira : Vava Inouva