23 novembre 2024
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Que signifie un baril de pétrole algérien à 14 dollars ?      

DECRYPTAGE

Que signifie un baril de pétrole algérien à 14 dollars ?      

Rappelons tout d’abord que le brut algérien dit le Sahara Blend a entamé sa descente en enfer depuis le 26 mars dernier passant le même jour de 20,92 dollars le baril à 14,69 dollars le baril le premier avril de la même année, le plus bas depuis la crise du contre-choc créé par l’Arabie saoudite dans le cadre de son offensive commerciale dite du «Netback» qui assurait la marge des raffineur.

Pendant cette même période, le Brent qui lui est proche par comparaison qualitative, a été côté au plus bas à 22,74 dollars le baril et au plus haut à 33,19 dollars le baril mais jamais atteint un tel niveau extrêmement préoccupant mais selon toute vraisemblance n’inquiète pas outre mesure d’abord le management de Sonatrach, ensuite le gouvernement Djerad. Pourquoi ? Parce qu’à un tel niveau, tous les gisements de pétrole et, partant du gaz  dont le prix lui est indexé ne sont plus rentables et qu’il conviendrait de fermer.

Durant la période 2014 à fin 2016, une ébauche d’évaluation par le PED de Sonatrach du coût de production moyen du baril a été tentée, il était à cette époque estimé à environ 15 dollars, puis dans le dernier entretien qu’il a accordé au quotidien du journal arabophone El Khaibar le 29 mars 2020(01), le tout nouveau PDG de Sonatrach en réponse à la déclaration du professeur Abderrahmane Mebtoul à la chaine 3 (02), le situe quant à lui à 14 dollars le baril.

Il faut dire que le groupe Sonatrach importe tout et les efforts d’améliorer le taux d’intégration n’ont pas abouti depuis la cession de la base logistique de Béni Merad (Blida) à l’Armée nationale populaire. Depuis les services et pièces de rechange pour ses nombreuses installations et ces dernières années jusqu’au catering pour faire nourrir son personnel qui lui revient à plus de 600 millions de dollars par année sont importés.

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Les clusters dédiés au processus sous traitance n’ont pas réussi à surmonter les barrages que lui créent les lobbies qui encrent leurs ventouses sur toutes les activités pour lui sucer la rente.

1- Avant l’avènement du gaz de schiste, le Sahara Blend était très apprécié aux USA 

La variété de brut algérien, c’est l’un des plus chers au monde, parce que c’est un pétrole léger, à moindre teneur en souffre. Son prix s’établit en fonction du marché de Londres. Le Brent, le baril de la mer du Nord, coté sur le marché londonien est la référence s’agissant de la cotation du baril algérien. Le Light Sweet Crude, coté sur le marché new-yorkais, n’est pas  une référence pour le brut algérien. En gros, le prix du baril algérien est le prix du brent auquel il faut ajouter la prime de qualité.

Le Sahara Blend était classé au sixième rang en termes de valeur de cotation en 2019, après l’angolais Girassol (66,11 dollars/baril), le guinéen équatorial Zafiro (65,74 dollars/baril), le nigérian, Bonny Light (65,63 dollars/baril), le saoudien Arab Light (64,96 dollars/baril), et l’émirati Murban (64,72 dollars/baril).

Lorsqu’en moyenne arab light saoudien valait le mois de janvier et février 2020 respectivement 65,09 et 55, 49 dollars le baril, le Sahara Blend était vendu durant la même période respectivement 65, 28 et 57,11 dollars le baril. En moyenne pour les deux premiers mois de 2020, il valait 61,77 contre 60,52 dollars le baril pour celui saoudien. Il avait été au même niveau en moyenne en 2019 soit 61,67 contre 61,16 dollars le baril pour le saoudien.

A heure où nous écrivons soit le 3 avril  vers 14 heure, lorsque le brent était côté à 34, 60 dollars le baril, le Sahara Blend n’a gagné que 4 dollars à 18,62 dollars le baril (03).

2- Pourquoi la descente en enfer de Sonatrach a commencé justement en mars 2020 

Dans le dernier rapport de l’OPEP celui de mars 2020 (04) le déclin se confirme et qui rend  Sonatrach incapable d’assurer son quota de l’OPEP fixé à un 1,056 million de baril par jour en dépit des assurances du ministre de l’énergie lors de son entretien à la chaine III.

Rappelons que dans cette vidéo à la 20e minute, (05) la journaliste lui demandait de confirmer l’alerte des experts sur le déclin depuis 2008 et surtout le fait qu’aujourd’hui, Sonatrach n’arrive même pas à produire le quota fixé par l’OPEP ? Il était mal à l’aise en lui répondant sans consulter ses fiches, ce qu’il faisait pour les autres questions, qu’il n’était pas d’accord car la Sonatrach a toujours produit son quota, confirmant au passage ce 1,056 million de barils/jour.

En réalité, la moyenne de l’année 2018 a été de 1,040 millions de baril par jour et passée en 2019 à 1,023 millions de baril par jour soit toujours en moyenne un déficit de 17000 barils par jour.

Le mois de janvier 2020, basé sur une communication directe de Sonatrach, la production a été redescendue à 1,011 millions de barils par jour puis redescendre encore une fois en février à 1,009 million de barils par jour. Toute la question qui reste : pendant que les responsables du secteur de l’énergie promettent «monts et merveilles» avec cette nouvelle loi, les gisements existants qui constituent la seule marmite algérienne ne sont ils pas bousillés suite à une mauvaise maintenance par une surexploitation depuis 2017. En effet, il est difficile aujourd’hui de tout mettre sur le dos d’un déclin naturel en s’appuyant sur le pic d’Hubbert alors qu’en 2016, l’Algérie avait gagné 120 000 barils par jour en capacité uniquement en brut.

Mais depuis 2017, la Sonatrach peine à assurer le million baril jour, seul pays à produire en dessous de son quota en perdant une capacité de production de plus de 160000 barils par jour. Aucune enquête n’a été diligentée pour situer la responsabilité de ces quantités de gaz détournés de la réinjection pour le maintien de la pression des gisements à l’exportation sans l’aval des organes statutaires.                                                                                                                 

3- La quantité de gaz exportée n’est pas épargnée non plus

Dans la revue «MEES » qui publie hebdomadairement des analyses de pointe sur le pétrole et le gaz depuis septembre 1957 (06), on apprend que les importations italiennes de gaz algérien sont en voie d’atteindre leur plus bas niveau mensuel depuis plus de cinq ans en ce  mars 2020, les 12 premiers jours du mois n’atteignant que 324 millions de pied cube par jour (9,2 millions de m3  /jour). 

A la même période en 2016 par exemple, la quantité exportée était sur le point d’atteindre prés du double soit 602 millions de Cubic Feet Day (17 millions de m3 /jour). La baisse de la production de gaz de l’Algérie poursuit l’article, conjuguée à une demande intérieure record, a vu l’approvisionnement en canalisations de 2019 atteindre son plus bas niveau en quatre ans à 987 millions de Cubic Feet Day (28,03 millions de m3 /jour). Il faut signaler par ailleurs lit-on que l’Italie n’a rien d’extraordinaire à prendre du  moins en ce mois de mars alors que la saison d’hiver tire à sa fin. 

L’ampleur de l’automne suggère que d’autres facteurs rentreront en jeu. En plus, avec des prix spot mondiaux du GNL à des niveaux record, les acheteurs européens ont cherché à maximiser les achats de GNL au détriment du gazoduc pétrolier plus cher pendant que les organes de commercialisation et de marketing de Sonatrach se cantonnent confortablement dans leur bureau en attendant la prime de fin d’année.                                                                                                                                               

R.R.

Renvois   

(01)-https://sonatrach.com/presse/inteview-de-m-le-pdg-de-sonatrach-au-journal-al-khabar-29-03-2020                                          https://www.ennaharonline.com/%d9%85%d8%af%d8%a7%d8%ae%d9%8a%d9%84-%d8%a7%d9%84%d8%ac%d8%b2%d8%a7%d8%a6%d8%b1-%d9%85%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%a8%d8%aa%d8%b1%d9%88%d9%84-%d8%a7%d9%86%d8%ae%d9%81%d8%b6%d8%aa-%d8%a5%d9%84%d9%89-%d8%a7/

(02)-https://www.algerie-eco.com/2020/03/19/mebtoul-avec-un-cours-de-petrole-de-25-dollars-80-des-gisements-algeriens-ne-sont-plus-rentables/

(03)https://oilprice.com/oil-price-charts

-04)-https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fmomr.opec.org%2Fpdf-download%2F

(05)-http://www.radioalgerie.dz/news/fr/content/190097.html 

(06)-https://www.mees.com/2020/3/13/news-in-brief/algeria-to-italy-gas-slump/40b8c910-653e-11ea-8d33-05d77048930a

Auteur
Rabah Reghis

 




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