Dimanche 2 février 2020
Est-ce la fin du macronisme ?
Le macronisme traverse une période difficile dans l’exercice du pouvoir. Depuis l’apparition de la contestation citoyenne des « Gilets Jaunes », il n’y a pas eu des moments où la violence de l’Etat n’a pas causé autant de dégâts aux uns et aux autres.
L’élection par défaut du président Macron à la tête de l’Etat français s’avère être un palliatif de la démocratie représentative en Occident. Il s’est dit au moment de la campagne électorale que c’est le moindre mal qui peut arranger les choses d’un « centre » en mal de gouvernance. De plus, le report par dépit des voix vers le centre pour contrer l’extrême droite française déporte le débat et affaiblit le programme du candidat Macron.
Il y a au moins deux choses qui posent problème dans l’exercice du pouvoir c’est le programme du président et l’exhubérance du double corps du roi. Mais comme nous ne savons pas si le livre publié sous le fabuleux titre « Révolution » reprend l’intégralité des points du programme du candidat président, toujours est-il que les réformes entamées par le gouvernement heurtent les consciences au point que le problème de la légitimité démocratique resurgit de nouveau sur la scène publique. Il n’y a pas que la question de la violence de l’Etat qui est soulevée parce que beaucoup de ses opposants politiques lui reprochent d’avoir été mal élu sur la base d’un électorat favorable aux idées néolibérales. Autant dire avec juste raison que le « centre » tel qu’il est conçu par le président et ses affidés est un mal de voir de la réalité française si l’on s’obstine à gommer les principaux courants idéologiques tout au moins prédominantes depuis la libération. Il se trouve précisément que c’est au niveau des acquis sociaux et des règles commutatives de la gouvernance en France que se situent le conflits pour la modernisation du pays.
Et c’est peut-être à ce niveau que se gâte le rapport entre les dirigeants et la population. Si auparavant l’équipe gouvernementale a su trouver la parade à l’encontre du mouvement des « Gilet Jaunes » afin de contrer la protestation en organisant des « rencontres » décentralisées un peu partout en France, il n’en demeure pas moins que la volatilité organique de ces derniers à causé des dissensions de grande ampleur qui ne sont pas prêtes à se reproduire au sein des organisations syndicales qui sont loin d’être des structures spontanées.
Faut-il le rappeler, ces dernières ont à leur actif une longue histoire de luttes sociales et du moins celles qui sont les plus revendicatives, sont capables de mener un long combat jusqu’à la satisfaction d’une manière ou d’une autre de leurs propres revendications. Dans la mesure où l’Etat a la prérogative sur la société, il est tout à fait naturel que les oppositions se crispent au point que le lexique employé par les protagonistes choque pour en arriver à des incriminations mutuelles. En effet, le pouvoir doit bien admettre qu’il mène une politique tout azimut des réformes.
Après avoir longtemps fait culminé au sommet de l’olympe, la figure de Jupiter, voilà de nouveau le président enfermé dans le cercle vertueux du pouvoir à telle enseigne que les usages républicains sont toujours contestés. Au point que tous les corps intermédiaires négligés pendant un certain temps contribuent à alimenter la contestation populaire. La plupart de ces corps lui reprochent de mener une politique d’un autocrate qui n’a d’égard que pour sa propre personne.
Peut-être que le caractère dictatorial du régime ne reflète pas du tout la réalité française, mais il faut bien admettre que ni les propos véhéments du président envers les personnes ni la férocité du maintien de l’ordre ne militent en faveur d’une véritable clairvoyance et même du moindre signe de la sagesse. Tout au contraire, la ligne directrice du parti « La République En Marche » fondée sur un amalgame idéologique dont le personnel politique a été recruté à partir des techniques managériales enlève au parti du président toute assise populaire. D’autant plus qu’un parti « météorite » qui est arrivé à bousculer l’échiquier politique traditionnel n’est pas surprenant par le simple fait que toutes les démocraties occidentales sont rongées par le démon du nationalisme dont les soubresauts mènent toujours à la guerre. Heureusement que l’on n’est pas là et il se peut qu’avec la mobilisation de toutes les forces progressistes du pays, la droite réactionnaire soit vaincue de nouveau comme en Italie et ailleurs en Europe.
De ce fait, malgré l’effondrement des partis traditionnels en France, il est tout à fait concevable de réinventer une « nouvelle gauche » prônant la justice sociale et la défense d’une écologie matricielle.
En attendant, les prochaines élections municipales donneront certainement le ton d’une bataille politique au cours de laquelle vraisemblablement au vu de l’opinion française, le macronisme sera ébranlé. Faiblement implanté au niveau local et contesté de l’intérieur du parti ‘ »La République En Marche » aura tout à prouver pour acquérir de nouveau la légitimité populaire pour gouverner un pays comme la France. A moins qu’il ne s’effondre totalement pour laisser place à une réorganisation de l’échiquier politique, on s’attend à ce que le président soit lourdement sanctionné par la voie des urnes.