Jeudi 23 janvier 2020
« Louisa Hanoune est victime de la criminalisation de l’action politique »
Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs est en détention depuis mai dernier à la prison civile de Blida.
« Pour les avocats de Louisa Hanoune, il n’y a aucun doute sur le fait que son dossier judiciaire ne contient aucun élément matériel pour justifier son incarcération puis sa condamnation arbitraires ».
Ramdane Youssef Tazibt, dirigeant du PT et député démissionnaire de l’APN, revient dans cet entretien sur l’affaire Louisa Hanoune. Et analyse la situation de blocage politique actuelle.
Le Matin d’Algérie : En prison depuis mai dernier, quel est l’état de santé réel de Louisa Hanoune ?
Ramdane Youssef Tazibt : Le Parti des travailleurs a décidé d’alerter l’opinion publique sur la détérioration de l’état de santé de Louisa Hanoune parce que ses avocats et les membres de sa famille n’ont pas cessé depuis des semaines de nous informer de la détérioration de l’état de santé la secrétaire générale du PT en raison de la multiplication de malaises qu’elle a eu à plusieurs reprises et que les avocats ont déjà signaler auparavant.
Evidemment le problème majeur c’est l’incarcération puis la condamnation absolument arbitraires de Louisa Hanoune par un tribunal militaire dans un procès politique expéditif non public. Louisa Hanoune qui entame son 09 mois en prison n’a rien à faire dans un pénitencier. Elle est victime de la criminalisation de l’action politique, sa place est à la tête de son parti, le PT, et au sein de la population. Louisa Hanoune c’est 40 ans de combat pour le changement du système et sa place est au milieu du peuple algérien qui réclame le départ du système depuis onze mois.
Le Matin d’Algérie : Craignez-vous pour sa vie ?
Ramdane Youssef Tazibt : Oui nous avons des craintes sur sa santé. Un domaine qui n’est pas une science exacte. A n’importe quel moment en raison de son maintien en détention arbitraire et à cause de ses maladies chroniques tout peut arriver. C’est pourquoi on a interpellé les autorités publiques sur toute évolution au développement fâcheux.
Le Matin d’Algérie : Estimez-vous que Louisa Hanoune est une victime de luttes de clans ?
Ramdane Youssef Tazibt : Louisa Hanoune est victime de la criminalisation de l’action politique. Elle est victime du régime, de la contre-révolution qui veulent l’empêcher de parler et d’agir en faveur de la révolution. Pour les avocats de Louisa Hanoune, il n’y a aucun doute sur le fait que son dossier judiciaire ne contient aucun élément matériel pour justifier son incarcération puis sa condamnation arbitraires. Par-delà le PT et sa secrétaire générale qui sont ainsi ciblés, c’est la révolution qui est visée, car l’emprisonnement de Louisa Hanoune a ouvert la voie à une ère nouvelle marquée par une agression tous azimuts sur les libertés démocratiques.
En effet, après elle, des centaines de citoyens ont été emprisonnés à l’image du moudjahid Lakhdar Bouregâa, du coordinateur de l’UDS Karim Tabbou, du président de RAJ , Abdelouaheb Fersaoui, et des centaines de manifestants (es) , journalistes, syndicalistes, étudiants, bloggeurs … jetés arbitrairement en prison.
Le Matin d’Algérie : quelle est l’issue selon vous a la situation onze mois après le début de la révolution ?
Ramdane Youssef Tazibt : L’Algérie connaît une authentique révolution. La question de la souveraineté populaire pleine et entière est au cœur de cette révolution qui réclame sans discontinuité le départ du régime, de ses institutions, de ses symboles, de ses pratiques antidémocratiques… Le peuple algérien aspire à un changement réel dans tous les domaines politiques, économiques, socioculturels… Il sait que le système qui est à l’origine de toutes les privations, du pillage de la prédation, des inégalités, de l’exclusion … n’est plus réformable. Il ne peut résoudre les problèmes qu’il a lui-même générés.
La poursuite de la révolution malgré la répression sous toutes ses formes exprime un rejet clair des politiques de faits accomplis. La solution, l’issue positive de la révolution réside dans la nécessité de donner la parole au peuple pour qu’ils puissent décider de son sort. Pour cela, il faut mettre fin aux détentions arbitraires, libérer tous les détenus politiques et d’opinion, ouvrir le champ politique et médiatique, faire cesser toutes le pratique antidémocratiques, ouvrir les salles et les lieux publics pour le libre débat, cesser le harcèlement judiciaire et les atteintes aux libertés démocratiques…
Pour nous, la solution démocratique doit venir de la population et de ses organisations. C’est au peuple de choisir librement la nature des institutions qu’il souhaite mettre en place pour satisfaire ses revendications. C’est au peuple de choisir librement la forme et le contenu de ces nouvelles institutions. C’est pour cela pour nous, le moyen démocratique qui permettra réellement de se débarrasser du système actuel obsolète est d’aller vers la nouvelle république, par la mise en place d’une authentique assemblée constituante souveraine qui rédigera une constitution de rupture. Une constitution qui traduira dans le texte fondamental toutes les aspirations qu’exprime le peuple algérien depuis 11 mois.
Pour nous la révolution a un contenu politique, économique et socio culturel. Tout le potentiel économique du pays doit être mobilisé au profit des besoins de la population, c’est pourquoi la souveraineté populaire sur les richesses nationales est fondamentale car sans cela les revendications ne pourront pas être satisfaites.
Le Matin d’Algérie : Qu’attendez vous du PAD et quelles possibles perspectives?
Ramdane Youssef Tazibt : Le Pacte de l’alternative démocratique est né de la nécessité de rassembler les forces qui entendent agir pour le triomphe de la révolution. En accord avec les revendications du peuple, les forces de l’alternative démocratique ont refusé toutes les démarches du pouvoir de fait qui visaient à préserver le système. Les forces ont adopté une démarche unitaire pour aider à la victoire du peuple algérien qui réclame sans cesse son droit légitime à décider librement de son sort. Elles ont refusé de s’inscrire dans les agendas du régime et ont rejeté la politique de fait accompli qui visent à maintenir le système en place. Elles privilégient une transition démocratique et un processus constituant souverain pour concrétiser la souveraineté populaire pleine et entière du peuple algérien.
Parce qu’il s’agit d’une révolution aux défis énormes la nécessité de construire un rapport de forces en sa faveur se fait ressentir tous les jours. Depuis la constitution de Pacte de l’alternative démocratique le 26 juin 2019 et la tenue de sa convention nationale le 09 septembre 2019 de la même année, les forces de l’alternative démocratique se sont renforcées, et, la tenue des assises nationales de l’alternative démocratique prévues pour le samedi 25 janvier 2020 s’annoncent prometteuses.