23 novembre 2024
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Pourquoi le hirak doit-il changer de stratégie ?

DEBAT

Pourquoi le hirak doit-il changer de stratégie ?

Crédit photo : Zinedine Zbar.

La trahison reste toujours l’apanage de l’armée, et une fois de plus se confirme l’aphorisme comme quoi la liquidation de l’armée est le véritable début de la démocratie. Ernesto Che Guevara

Il est indéniable que pour tous les observateurs de vie politique algérienne, les résultats de la pseudo-élection présidentielle communiqués par le pouvoir ont été calibrés pour donner satisfaction aux maîtres du monde. Il va s’en dire que la géopolitique a énormément contribué à renforcer le régime algérien. Ils sont nombreux parmi tous ces Etats qui ne veulent pas que les 
choses évoluent positivement en Algérie.

Mis à part, l’enjeu international, arrêtons-nous un peu  pour faire le bilan du hirak afin de mieux comprendre la situation du fait accompli. Si nous tenons pour vrai la capacité du mouvement populaire à s’autonomiser par rapport au pouvoir de l’Etat il n’en demeure pas moins que l’autonomie du mouvement même si ce dernier a réussi à  s’approprier l’espace public en organisant régulièrement des manifestations de rue, il faut bien reconnaître qu’il n’arrive pas à cristalliser toute la puissance de la révolution.

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De ce fait, on constate un dilettantisme dithyrambique de quelques animateurs du mouvement qui fait défaut à l’élan révolutionnaire. Certes, le pacifisme permet à la population de dénoncer la nature autoritaire du régime mais au grand regret, il ne peut en aucune façon s’accaparer des principaux organes de coercition de l’Etat qui exerce le pouvoir par la force au point d’organiser des élections refusées pourtant par presque tout le peuple.Importe le nom de la personne désignée à la tête de l’Etat dont le but est tout simplement de donner une vitrine civile aux vrais détenteurs du pouvoir en Algérie. Il en serait autrement si le chef d’Etat major aurait agi différemment en respectant les articles 7 et 8 de la constitution.

Comme par le passé, les motifs de l’organisation des élections truquées d’avance sont tellement connus par les citoyens qu’il serait illusoire de s’attendre à autre chose que le bourrage calibré des urnes. il va s’en dire que si la nature du régime est bien connue, il faut bien admettre qu’une analyse approfondie du hirak est nécessaire pour réévaluer les forces en présence. De ce constat qui semble amer, on peut retenir qu’à l’actif du hirak au moins une chose est acquise définitivement: c’est l’émergence sur la scène publique de la société civile. En effet, les indices sont multiples pour attester de la montée en puissance des organisations non gouvernementales. Tous les secteurs d’activités et surtout celle de l’enseignement de par la jeunesse est le fer de lance de la pérennisation des incommensurables acquis.

Si nous tenons pour acquis, l’autonomie de la société civile algérienne, celle-ci doit impérativement se donner les moyens d’élargir le champ de la révolution en prenant pour cible tous les points névralgiques du pouvoir. Si à ce jour,les manifestations sont devenues la principale forme de la contestation, il n’en reste pas moins que des actions plus amples peuvent être menées pour paralyser le système. En autres, les couvertures médiatiques doivent être contestées non seulement par les réseaux sociaux mais par des sittings ou des piquets de grève devant les différents organes de propagande. Le boycott des médias  ne serait pas simplement une indifférenciation envers la propagande de l’Etat mais un moyen de lutte considérable si son effet faisait du noir du petit écran, le signe de la désobéissance civile. Nous pouvons énumérer tout une liste d’actions pour tisser la toile des contre- pouvoirs des forces révolutionnaires sur tout le territoire national. Importe la forme, le génie populaire trouvera les moyens pour organiser des contre-offensives en réponse à la mascarade électorale d’un pouvoir qui a toujours été illégitime et il le restera jusqu’à son effondrement. Au point où on n’en est, le hirak ne pas faire l’économie des luttes frontales. Il se doit d’agir pacifiquement tout en maintenant une pression quasi quotidienne sur les autorités. De la sorte, les luttes frontales sont devenues nécessaires pour amoindrir l’impact du régime. A notre sens, aucun secteur d’activité ne peut être négligé.

De même, les forces de sécurité employées par les autorités pour réprimer les manifestants doivent être « travaillés » pour les extirper des mains assassines.Certainement des modalités pratiques doivent être initiées pour « retourner » les forces de sécurité à la faveur du peuple algérien. Et c’est avec regret que le hirak n’arrive pas à recruter pour le compte de la révolution des jeunes officiers de l’ANP seuls capables par le fait du refus populaire d’une insurrection armée de renverser l’Etat Major Général. Il se dit que la structure centralisée de l’ANP ne permet pas, une telle opération risquée alors qu’il est plus que certain qu’il y a parmi le corps des officiers algériens non seulement des sympathisants du hirak mais des révolutionnaires au sein de l’armée prêts à se sacrifier pour leur peuple. Il faut y croire  parce que l’armée algérienne est comme toutes les armées du monde. On y trouve des sensibilités politiques très diversifiées en son sein.

Plus que ça, il semble qu’il y a au sein de l’armée algérienne des officiers républicains aptes à  relever le défi révolutionnaire. Cela étant si aujourd »hui, il devient plus qu’urgent pour le hirak de travailler le corps des forces de sécurité, il en est ainsi que conjointement aux  luttes frontales désignées sous le qualificatif de « Tas’id », il est impératif  que le mouvement populaire se dote d’au moins de deux  structures représentatives, l’une formée par des sages rompus aux vicissitudes de la vie politique algérienne et une autre plus dynamique apte à fédérer toutes les tendances du hirak. Si la première instance est de nature consultative, la  deuxième est en principe exécutive.Dès lors, la cristallisation des forces du hirak en une « organisation clandestine » permettra à coup sûr à étendre son influence sur le tout le territoire national. Ainsi, la double hélice du mouvement est une structure pratique de la révolution rendue nécessaire pour affronter la mafiocratie algérienne. 

La création d’un « comité  national populaire de la résistance » (CNPR) est une urgence stratégique pour contrer les veilléités de la contre -révolution initiée par Gaid Salah et sa clique. Donc, il se doit aux  révolutionnaires algériens de se doter de structures clandestines pour contrer l’infiltration des « services » et de combattre le clientélisme.Au final, il faut bien le dire, le hirak ne  peut pas faire l’économie de la révolution de la contre-révolution.

En définitive, la montée en puissance de la révolution doit correspondre à la capacité du hirak à maintenir une  autonomie organisationnelle. Immmanquablement, l’entrée en résistance du peuple algérien marque la deuxième phase du mouvement révolutionnaire parce que l’entrée en dissidence des pans  entiers de la société sans le prélude à une mouvement insurrectionnel de grande envergure. Le risque est grand mais comme le dit le grand révolutionnaire sud-américain Che Guevara: « Pour toute grande oeuvre il faut de la passion et pour la révolution il faut de la passion et de l’audace à hautes doses. »

H.F.

Auteur
Fateh Hamitouche

 




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