28 novembre 2024
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Le duel, le pouvoir face à son peuple : « ya hna ya netuma » (soit c’est vous ou c’est nous !)

OPINION

Le duel, le pouvoir face à son peuple : « ya hna ya netuma » (soit c’est vous ou c’est nous !)

Il est à présent indiscutablement et indéniablement clair que le véritable chef d’Etat, le véritable juge, le pourvoyeur en mouches électroniques, le véritable chef de file de la contre-révolution, c’est l’homme coiffé de la casquette portant les insignes de la caserne se présentant depuis le 09 avril 2019 comme chef d’état-major et vice-ministre de la défense. 

Derrière cet uniforme militaire se dissimule un chef d’Etat, un juge, un procureur de la République et un chef des « Issabats » (des bandes), bref un totalitaire qui veut concentrer tous les pouvoirs entre les mains et menaçant son peuple chaque semaine du chaos.

Loin de vouloir de haut de son âge et de sa carrière apaiser les choses en accédant aux revendications légitimes du peuple algérien en lui offrant toutes les conditions historiques de choisir son destin et de bâtir un État civil et de droit dans le respect des libertés de chacune et chacun, de permettre au peuple algérien d’accéder à une véritable démocratie qui sera respectueuse des valeurs de Novembre et de la Soummam, il s’est employé depuis le 22 février à créer une poudrière.

Au lieu de vous employer humblement à faire respecter le choix de votre peuple, vous jouez dangereusement à lui faire perdre son temps, à échafauder des plans sordides pour le manipuler, le diviser.

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Au lieu de vous employer à garantir la cohésion sociale et célébrer avec votre peuple l’unité et la joie de vivre ensemble retrouvées dans la rue depuis le 22 février loin de la violence qui ont marqué son histoire pendant la période coloniale et après l’indépendance, la décennie noire l’ayant traumatisé, vous vous ingéniez à emprisonner des détenus pour avoir brandi fièrement une identité constituante de l’unité nationale, à emprisonner un vieil homme de 86 ans ayant passé toute sa jeunesse dans le maquis à guerroyer contre l’armée coloniale, à fermer Alger aux Algériens sous prétextes que vous protégez les manifestations contre les infiltrations, à intimider des manifestants.

Ce que vous cherchez réellement Monsieur le décadent en fermant Alger par vos barrages multiples, en opérant des arrestations chirurgicales en envoyant votre police dans la foule ou dans les petites ruelles isolées à Alger, disons-le franchement c’est d’asphyxier la Révolution dans la capitale, là où elle vous dérange le plus et intimider les gens de sortir.

Mais la Révolution ne s’éteindra jamais, rien ne pourra l’asphyxier ni l’inhiber, elle possède plusieurs poumons et s’oxygène gracieusement de la foi inébranlable du peuple dans sa force et sa détermination à tourner votre page noire et aller vers le printemps démocratique algérien où il fera beau d’y vivre.

L’Algérie sans vous ne peut être que belle et le peuple algérien sans vous ne peut être que très heureux, c’est pourquoi cette Révolution ayant pour seul objectif de vous accompagner à la petite porte de sortie de l’histoire. Car cette révolution que vous vous employez à étouffer ne pourra jamais s’éteindre tant que le peuple qui la porte dans son cœur ne l’a pas encore décidé. 

Rien ne peut arrêter cette Révolution : ni vos camions de la répression stationnés à Alger, ni vos barrages filtrants, ni vos mouches électroniques, ni vos donneurs d’ordre émiratis et français, ni votre dialogue de palais, ni vos discours menaçants, intimidants truffés d’injonctions, d’interdictions, d’accusations, de mépris, d’arrogance, d’insultes, de négations et d’infantilisation envers votre peuple.

On n’arrête pas une Révolution qui a commencé. La Révolution a toujours une raison d’être et rien ne peut l’arrêter. Elle a ses règles et son propre fonctionnement, elle ne se déclenche pas facilement ni quand on veut, elle n’obéit à aucune logique, mais quand elle est partie, rien ne peut l’endiguer. On n’arrête pas une Révolution embrassée et bénie par les femmes, on n’arrête pas une Révolution à laquelle sourient des enfants admiratifs sans savoir ce qui se passe. Une telle Révolution on la suit, on l’accueille et on lui fait une place d’honneur Monsieur le Général, mais on ne la réprime jamais. La Révolution c’est le propre du peuple longtemps méprisé, humilié, infantilisé, dépossédé de ses richesses, de ses droits civiques et élémentaires, blessé dans son amour propre par ses gouvernants et non pas des généraux.

Elle est par définition et par principe juste mais impitoyable, elle ne pardonne à personne, elle n’est amie de personne, elle se fait et fait ses acteurs en même temps et détruit au passage tous les obstacles. Cette Révolution que vous tentez tous azimuts d’éteindre par vos extincteurs de rue finira par vous décimer et vous réduira en poudre avant de vous broyer dans son moulin Monsieur le général comme elle a déjà fait pour Bouteflika et son frère Said et leur bande.

Souvenez-vous : Où sont les Bouteflika qui ont régné en maîtres pendant vingt ans ? Où sont les Ouyahia, les Sellal, les Amara Benyounès, les Toufik (Mohamed Mediène) et tous les oligarques satellitaires de votre système militaro-mafieux politique ? Une partie est déjà dans la poubelle de l’histoire. Reste l’autre partie.   

Il est maintenant évident depuis votre discours du 30 juillet que c’est vous qui tirez véritablement les ficelles, mais vous avez oublié que le bout est entre les mains de votre peuple, vous aurez beau tirer, vous ne ferez que tourner en rond et vous ne bougerez pas de devant de votre nez. et dans les institutions, c’est lui qui fait la dictée et personne d’autres.

Le discours du 30 juillet d’Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major, est sans appel. Il est d’une tonalité brutale, frontale, et de surcroît a surpris beaucoup de monde par sa radicalité et l’obsession de la mise en route de sa feuille de route visant à normaliser la scène politique par le retour aux urnes en excluant stricto sensu toute autre solution ; il tourne le dos aux revendication du changement radical du système par une véritable transition démocratique. Ce discours a aussi l’avantage au moins de mettre fin à l’interrogation « qui commande qui ? ». 

En mettant fin au cirque du dialogue engagé par ses sous-traitants chargés pourtant de mener la contre-révolution, en l’occurrence les tentatives de dialogues du 6 juillet initiées par la société civile se terminant en queue de poisson faute de l’approbation du peuple, le panel de dialogue constitué par Abderrahmane Arar et élargi par Karim Younès, ancien président du parlement, Gaïd Salah a enfin dit clairement que c’est lui le maître à bord et personne d’autre !

En réalité, ce discours vient achever une tentative déjà mort-née faute d’avoir fait adhérer les grosses pointures de la Révolutions comme Djamila Bouhired, Zohra Drif, la sœur de Ben M’hidi et Mustapha Bouchachi, Mokrane Ait Larbi, ainsi que les personnalités nationales comme Mouloud Hamrouche, Taleb Ibrahimi dans le but de porter un coup fatal à la Révolution.

Ces bandes qu’il a protégés durant toute sa carrière leur livrant le pays tout entier à tous types de trafics et mélange de genres, et dont il a fait partie, deviennent aujourd’hui sa cible principale et se permet d’accuser des personnes honnêtes et irréprochable qui n’ont jamais eu à fréquenter ces bandes, de travailler

Il n’écoute et ne jure que par la présidentielle qu’il veut organiser dans les plus brefs délais et à sa manière et faire comme si la révolution du 22 février ayant balayé Bouteflika dont il a soutenu mordicus le cinquième mandat. Une présidentielle qu’il saura planifier, qu’il saura coudre de ses propres mains et tricoter un président.

Il est clair aussi que maintenant que Bensalah aphone depuis son installation le 09 avril à la tête de l’Etat ne fait que de la figuration et du remplissage. Il n’a ni prérogative, ni marges de manœuvres, ni parenthèses à placer, ni virgule à insérer dans les discours fleuves du véritable président-général du pays.

Gaïd Salah ira-t-il jusqu’au bout de ses menaces en entraînant l’armée dans un conflit qui ne peut malheureusement pas faire l’économie du sang pour tenter d’imposer sa feuille de route, à savoir l’organisation d’une présidentielle dans les plus brefs délais ? La violence et l’instauration d’un état d’exception après celle de non-droit et militaire qu’il a imposé depuis la déchéance de Bouteflika viendra-t-elle à coup sûr à bout d’une révolution embrassée et brassé par tout un peuple depuis maintenant cinq mois ? La réponse est non.

Rien n’arrêtera ce rêve de liberté, cette belle rencontre de tout un peuple avec soi-même, ses valeurs, ses ancêtres, son histoire, son identité, le désir de libération auquel il tend de vendredi en vendredi, ce dialogue de la rue où se joignent spontanément des enfants, des adolescents, des étudiants, des femmes et des hommes, des personnes âgés, des anciens révolutionnaires comme l’étoile de la révolution algérienne Djamila Bouhired, la sœur de Ben M’hidi, Zohra Drif, Bouregaa pour scander makench intakhbat yal issabat (pas d’élections avec les bandes !), Ihi viva l’Algérie yetnhaw Ga3 ( ihi viva l’Algérie, vous allez tous dégager !),  «  Dawla madania machi Askaria » (Etat civil et non militaire), « istiqlal » ( indépendance ! indépendance ! », «  libérez Bouregaa », « libérez nos enfants », Casbah Bab el Oued imazighen », «Arabe et Amazigh frères et solidaires », c’est là le contenu des messages du peuple. A écouter, à méditer, car quand un peuple décide d’arracher sa liberté…

Auteur
Omar Tarmelit

 




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