22 novembre 2024
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Affaire du drapeau amazigh : le système renaît de ses cendres !

POINT DE VUE

Affaire du drapeau amazigh : le système renaît de ses cendres !

Les Algériens d’un certain âge qui ont vécu les années d‘après-l’indépendance, voire même qui ont contribué en vain d’ailleurs à l’édification d’un Etat économiquement indépendant,  connaissent très bien même les coups bas de la désagrégation de l’unité nationale par la méthode habituelle de l’ancien régime. 

Il se développe et s’épanouit lorsque l’immunité sociale est faible. Plus on divise ses membres plus elle s’affaiblit et permettra aux virus de s’incruster en son sain. Il est donc fort probable que la dimension que va prendre cette histoire des drapeaux Amazighs, montre malheureusement que le système que combat depuis le 22 février dernier le mouvement de dissidence populaire est en train de faire sa mue pour renaître sous une autre forme. 

Heureusement que les jeunes qui ont défilé depuis le dimanche dernier suite à l’arrestation scandaleuse de leurs camarades au départ pour « atteinte à corps constitués » puis ceci a évolué carrément vers «l’atteinte à l’emblème national » et à « l’unité de la nation » ont reçu une fertilisation de leurs aînés pour ne pas tomber dans ce guêpier que le système résiduel leur a tendu avec malice. 

Il est connu à travers le monde qu’un drapeau est considéré comme un symbole mais il est plus qu’un emblème. C’est un signe unique, pourquoi ? Parce qu’il montre la constitutionalité d’un pays qui le porte et indique également les principes qu’il véhicule. Il exprime aussi la valeur de quelque chose ou de quelqu’un. Il est la représentation concrète d’une perception ou d’une idéologie. C’est aussi le résultat de nombreuses années de travail et de combat mais surtout une grande récompense de tous les efforts et de tout le mal que chaque personne s’est donnée pour mériter cette victoire. 

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Pour l’Algérie, cette histoire a été tranchée avec la fondation de la nation algérienne par sa première constitution  d’après-l’indépendance. L’équilibre du pouvoir, les libertés individuelles et collectives, la souveraineté du peuple, le verrouillage de la constitution ont été soigneusement préparés par l’armée sous la conduite du feu président colonel Houari Boumediene et son groupe depuis Oujda bien avant pour être confisqués au nom de la légitimité révolutionnaire jusqu’au 22 février 2019. 

Ce qui est indiscutable et admis par tout le monde d’une manière consensuelle est que notre constitution a institutionnalisé physiquement notre emblème national repris depuis la création du mouvement national sous deux hypothèses de sa confection qu’il est inutile d’en évoquer ici ne serait-ce que par leur détail insignifiant. Elle le rend aussi immuable.                                                                                            

1- Il se trouve aussi que la société Algérienne dispose d’un Symbole Identitaire

Près de 40 ans après l’occupation française soit en 1870, une première enquête sous l’auspice de la puissance coloniale divise la société algérienne en deux catégories de population : les Berbères dont les Kabyles dit-elle et les Arabes. Les chiffres qui figurent dans ce rapport montrent bien que la population berbérophone est majoritaire. Depuis les analyses vont bon train par leurs diverses applications pratiques sur le terrain.

Mais quel que soit le niveau du débat, parfois des conflits sur cette question identitaire, la culture amazighe s’est imposée dans la constitution  de 2002 et 2016 comme langue nationale et officielle et symbolisé plus tard par un drapeau tout à fait différent de celui du séparatiste Ferhat Mehenni même si les couleurs se ressemblent. Dès le début du mouvement de dissidence populaire de nombreuses régions utilisaient ce symbole à côté de l’emblème national pour d’abord montrer aux peuples qui les regardent avec admiration dans le monde qu’ils sont dotés d’un devoir de mémoire de novembre 1954 et à la fois et avec fierté leur appartenance à la culture amazighe.

Tout marchait bien jusqu’au discours « ambigüe » du chef d’Etat-major de l’armée qui n’en  faisait pas clairement allusion, mais les événements ont été enchaînés en ce sens. Le vendredi d’après,  des jeunes ont été arrêtés en possession de drapeaux amazighs et maintenus en garde à vue et présentés dimanche devant le procureur de la république pour port d’emblème amazigh, délit qui n’existe pas dans le code pénale. On apprendra plus tard soit le dimanche par la voie de leurs avocats que le parquet de Sidi M’hamed a ordonné leur garde à vue sous l’inculpation d’atteinte à l’emblème national et à l’unité de la nation.

Même si la cellule de communication de l’Armée Nationale Populaire (ANP) a laissé parler le vieux général par son cœur en tant qu’ancien Moudjahid, normalement les magistrats auraient pu se ressaisir pour corriger cette arrestation après une brève leçon pédagogique sur cette histoire que d’autres effectivement pourraient instrumentaliser. Il n’est jamais trop tard de bien faire mais l’armée et le système judiciaire disposent de l’autorité, du pouvoir et surtout du devoir de rétablir ce « malentendu » et le plus vite serait le mieux.

2- La France par le biais de son lobby pousse à cette division pour ses intérêts

« Depuis le Moyen Age, l’effort constant de la France a été de tendre vers une unification du pays par une seule langue. D’abord sous forme écrite, apanage des notables et des juristes, il a été étendu à toute la nation par la révolution de 1789 et imposé par de multiples moyens dont l’école était le plus efficace. Mais depuis une centaine d’années, pour de multiples raisons, internes et externes, cette tendance à l’unité a été battue en brèche. Aujourd’hui la multiplicité des types de discours et des modes de langage réclame l’attention des sociolinguistes autant que des hommes politiques. » Les Bretons, les Basques, les Catalans, les Corses, les Alsaciens, les Flamands et bien d’autres ont fait d’elle une diversité ethnique. En dépit de cela, elle met l’accent sur l’unité et lutte acharnement contre tout multilinguisme et surtout la pluralité des drapeaux. Celui du coq gaulois n’est utilisé que dans les compétitions sportives mais jamais institutionnalisé. 

Sous la pression des études sociologiques et des experts, un rapport (01) sur les langues parlées dans les différentes régions françaises a été établi et présenté au conseil des ministres sous la présidence  de Jacques Chirac en 1999, de suite rejeté. Le ministre de l’Intérieur de l’époque avait  déclaré à la presse à l’issue de ce conseil : « La reconnaissance des langues régionales signifie la balkanisation de la France c’est-à-dire la destruction de l’unité nationale française » Le Sénat français a refusé de reconnaître les langues régionales en tant qu’élément du patrimoine national français en 2008 et l’Académie française l’a soutenu. Mais pour son ancienne colonie, elle fait tout pour encourager la séparation qu’elle refuse pour elle-même. Comme aussi, elle encourage l’exploitation du gaz de schiste par la fracturation hydraulique qu’elle interdit sur son propre territoire.

3- Pourquoi Gaïd Salah n’est pas et ne peut pas être Al Sissi 

Les officiers de l’ANP, formés dans leur majorité dans les écoles des cadets de la révolution sont républicains fortement imprégnés des valeurs novembristes. La question du business des officiers supérieurs a été tranchée du temps du feu président Houari Boumediene qui leur a  offert le choix entre faire du commerce ou la carrière dans l’institution militaire. 

Ceux qui y sont restés, peut être parmi eux, il y a une partie  mêlée à des pratiques de corruptions mais la majorité est heureusement très professionnelle. Le général Gaïd Salah est respecté pour son âge, sa rigueur et surtout en tant ancien Moudjahid. S’il dépasse les limites constitutionnelles, il n’y a aucun groupe qui le protègera. Tandis que l’armée égyptienne est toute une industrie qui a fabriqué pour ses besoins un « autogradé » maréchal qu’on appelle Al Sissi.

Elle est la première en Afrique et la 12éme mondiale, a une mainmise sur la société non seulement  par les armes dissuasives mais surtout par son poids dans l’économie égyptienne via un système opaque que de nombreux chercheurs situent entre 10 à 15% du PIB égyptien. Selon une chercheuse Zeinab Abul Magd qu’on considère comme l’une des rares civiles à avoir eu accès à des usines contrôlées par l’armée, « l’armée égyptienne est présente dans presque tous les secteurs. Elle produit tout ce que vous pouvez imaginer : les pâtes, l’huile d’olive, l’eau minérale, les casseroles, les poêles, les fours mais aussi le ciment, le fer, l’acier ou encore les produits chimiques et les pesticides, tout ! Et c’est sans compter leur mainmise sur des hôtels, des exploitations agricoles et autres terrains à bâtir. ».

Les usines  militaires dit elles, sont concentrées dans certains quartiers du Caire, notamment à Maadi, dans le gouvernorat d’Helwan, de Fayoum et sur la route de Suez. À leur tête, on trouve souvent des généraux à la retraite et des colonels. Quant aux ouvriers, beaucoup sont des conscrits dont on ne connait ni le mode de rémunération, ni les conditions exactes de travail

R.R.

Renvoi 

(01-http://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/france-3politik_minorites.htm

 * Ce point de vue n’est pas celui du Matin d’Algérie 

Auteur
Rabah Reghis

 




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