23 novembre 2024
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« Je n’ai à vous offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur »

OPINION

« Je n’ai à vous offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur »

Sommes-nous conscients de ce que l’avenir nous réserve? Notre jeunesse dans l’alacrité et l’enthousiasme qui animent les rues des grandes villes d’Algérie, connaît-elle les défis et les périls qui nous guettent ? 

Je me souviens en 1960, jeune enfant, j’entendais mes tantes dirent : « Nous sommes prêts à plus de sacrifices et à nous déposséder des derniers pacotilles d’or ou d’argent qui nous restent pour vu que notre pays accède à l’indépendance ». Nos mères et nos grand-mères connaissaient l’abnégation, la pénitence et le prix du sacrifice. Nous, enfants d’indigènes, savions que certaines choses nous étaient inaccessibles et nous nous contentions de peu. Les jeux de billes ou de noyaux d’abricots ou de la marelle ou du saut de mouton, pouvaient entièrement nous satisfaire et nous distraire.

Si nous voulons la liberté, la démocratie, une justice indépendante, un meilleur avenir et plein d’autres choses, sommes-nous pour autant prêts à en payer le prix ? En savons-nous au moins le prix ? Enfin, savons-nous quelle réalité et quels lendemains nous attendent ?

Dès lors qu’il n’y aura plus de prêts aux jeunes (ANSEJ), plus de distributions de logements, plus de baguettes de pain à 10 dinars, plus de santé et d’éducation gratuite, plus de diplômes au rabais, plus d’absentéisme, plus d’emplois fictifs, plus de retraites à 50 ans, plus de subventions, davantage de sélections dans les écoles supérieures et les universités, plus de quantités de travail pour des salaires figés, plus d’exigences à tous les niveaux, des obligations de résultats, moins de produits de luxe, moins de voyages à l’étranger, moins et moins et moins encore, comment notre jeunesse va-t-elle réagir ? Ne regrettera-t-elle pas alors les offrandes du règne de l’ex-président ? 

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En matière d’honnêteté, les gens du kachir, les milliers de trabendistes et les dizaines de milliers d’importateurs, les biznassiyas, les affairistes, les donneurs de cours de rattrapage défiscalisés, les spéculateurs de tout bord, les malfrats, les véreux de l’administration, les banquiers corrompus, les douaniers malhonnêtes, les magistrats immoraux, les fraudeurs du fisc, les walis pourris et combien d’autres, que feront-ils ? Ou à l’inverse, qu’en ferons-nous, comment les « convertir » à la probité ? 

En matière de patriotisme, souvenez-vous des années 1990, combien de hauts responsables de l’Etat et combien de milliers d’Algériens, qui ont vécu pourtant la guerre de libération nationale, et qui se sont aussitôt affairés à rechercher dans les archives de l’état civil des aïeux et parents français pour en devenir de légitimes citoyens et fuir ainsi le pays plongé dans une guerre contre les civils.  

Je retiens l’expression célèbre prononcée le 13 mai 1940 par Winston Churchill, dans son premier discours devant la Chambre des communes :

« Je n’ai à vous offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », mais au bout, il y aura la victoire… 

Il est impératif que notre peuple et plus spécialement notre jeunesse, prennent conscience qu’avec la rupture demandée haut et fort, il faudra un brutal changement d’état d’esprit, de conscience, de mode de vie et de consommation : l’austérité sera de mise et l’argent facile de la débrouille disparaîtra. La fraude, les passe-droits, le piston et toutes les autres formes de réussite sans efforts cesseront progressivement entraînant un mécontentement quasi-général. Les taxes et impôts s’abattront et personne ne devrait y échapper ! 

Une grande partie de la population a vécu dans un système d’assistance et de corruption généralisée et qu’un grand nombre d’Algériens qui sont dans les rues, en ont tiré profit peu ou prou. 

Je pense qu’alors, la désillusion va vite s’installer car les règles vont changer et que d’aucuns alors verront  fondre leurs sources de revenus, devenues dès lors illicites. Je prévois une croissance du chômage, une inflation à deux chiffres, une chute de la parité du dinar, baisse des revenus des ménages, en fait, le scénario de la Grèce. 

Sachez que ceux qui me contrediront sont des démagogues ou des vendeurs de rêves ou encore des ennemis de l’Algérie. Sachez aussi que nous allons traverser un tunnel sombre, pénible et déplaisant à plus d’un titre pendant plusieurs années. 

La durée de cette récession économique dépendra de la volonté et de l’union du peuple algérien d’en sortir et de la qualité de ses futurs dirigeants. Ce mouvement de décroissance des indicateurs économiques sera contrebalancé peu à peu par des indicateurs d’une bonne gouvernance qui viendront estomper, puis stabiliser pour enfin entamer une reprise pour partir enfin vers un boom économique d’un pays assaini des maux de 60 ans de gangrène. Un cycle de 10 ans au minimum sera nécessaire pour redresser notre économie mais aussi, pour réformer en profondeur notre système social, moral, culturel, cultuel, éducatif, professionnel.

C’est cela, à mon sens, cette nouvelle Algérie. De grâce, gravez dans vos esprits qu’aucun homme ou femme de l’ancien système ne pourra apporter des solutions mais seulement un cautère  sur une jambe de bois. Si l’on emprunte cette solution, je lance les paris qu’un retour à l’ancien système et aux anciennes pratiques s’effectuera inéluctablement. Ne dit-on pas chassez le naturel, il reviendra au galop ! 

Une gestion de la transition, limitée dans le temps, accompagnée d’une révision de la constitution qui  limite d’une part la durée à deux mandats maximum ainsi que les pouvoirs du Président, s’impose. L’avenir de tout un peuple ne devrait plus être à la merci d’un seul homme, comme il s’en fut ! Tout candidat devrait souscrire à une charte garantissant notamment une justice indépendante et la liberté d’expression.

Suite à cette élection et quelque soit le candidat élu, les maux qui ronge notre pays devront être traités dans l’immédiat sans sursis, avec compétences, transparence et diligence, usant d’intelligence, d’innovation et clairvoyance avec un système moderne de communication mais aussi avec des caisses malheureusement quasi vides.

L’exécutif devra afficher aussitôt une réduction drastique du budget de l’Etat, actionner la cour des comptes pour leur suivi, mettre fin aux salaires disproportionnés des élus et des diplomates. La rigueur et l’austérité pour tout le monde sans exceptions. Le temps des vaches maigres s’annonce par la grogne et l’heure des comptes a sonné. Le peuple voudra savoir où va l’argent du pétrole et qui échappe aux impôts. Seule une répartition équitable et juste de l’austérité pourra contenir la grogne des couches sociales défavorisées. 

En conclusion, les Algériens et les Algériennes ont été embrigadés et infantilisés par des pseudo-révolutionnaires sortis des frontières limitrophes durant 25 ans, puis frappés dans leur chair pendant 10 ans par des intégristes islamistes, puis volés, trompés et humiliés par une « eissaba » (mafia) charognards et sans scrupules durant 20 ans. 

Le peuple aujourd’hui a décidé unanimement et pacifiquement de s’approprier définitivement et irréversiblement de l’Algérie.

Il sait dorénavant que remonter la pente sera une longue, lourde et pénible tâche. Tous les marchands de sable qui pensent pouvoir endormir les enfants de ce peuple comme par le passé seront débusqués et chassés. 

Seuls les authentiques patriotes qui n’ont jamais, en aucune manière, trempé dans le FLN et ses satellites, les milieux islamistes et la eissaba, sont aujourd’hui éligibles à construire avec le peuple et pour le peuple cette nouvelle Algérie.

Auteur
Dr Lliès Goumiri

 




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