Samedi 9 mars 2019
Des prédateurs politiques tentent de s’approprier la protesta en Algérie
Il faut souligner d’emblée que les théories politiques classiques de contrôle des masses semblent être dépassée par l’avènement du TIC. Aujourd’hui il suffit qu’un simple citoyen exprime ses impressions à ses amis sur une page d’un réseau social, ces derniers la partagent et des millions d’autres en prennent connaissance et peuvent ressentir la même chose et se donnent ainsi rendez vous pour la porter tout haut dans la rue et ainsi tout s’enchaîne pour devenir une protesta.
Il faut souligner cependant que la protestation contre les leaders africains qui s’accrochent au pouvoir n’est pas spécifique à l’Algérie.
En effet, plusieurs chefs d’Etat africains ont travaillé à leur maintien au pouvoir à partir de 2013 bien que la Constitution de leur pays le leur interdise. Que ce soit au Burkina Faso, mais aussi au Burundi, en République du Congo (Congo-Brazzaville), en République démocratique du Congo (RDC) ou au Rwanda, aucun président n’a pu s’échapper à ces types de protestations semblables à celle qui se déroulent actuellement en Algérie depuis le 22 février dernier et qui prend de l’ampleur d’un vendredi à l’autre.
Pourtant, les signes avant-coureurs ne manquaient pas. Après l’Algérie, le Cameroun, le Tchad, l’Angola ou l’Ouganda, une nouvelle vague de modifications constitutionnelles a été entreprise sur le continent africain. Les arguments utilisés pour justifier ces mesures sont invariables : le besoin de stabilité, la nécessité de poursuivre une œuvre inachevée et la réponse à une demande populaire.
Il se trouve que le ras-le-bol populaire ne faiblit pas jusqu’en général un gain de cause incontestable mais des virus s’incrustent dans ces mouvements en général à quelques exceptions prés paisibles, organisés et surtout disciplinés pour s’approprier leurs honnêtes revendications et devenir des intermédiaires politiques pour inscrire leurs propres désirs qui non seulement ne sont pas opportuns mais dévient le mouvement de sa ligne de protestations vers d’autres desseins, au demeurant souvent aventuriers.
Pour le cas de l’Algérie, plusieurs sons de cloche commencent à se développer au fur et à mesure que cette protesta prenne de l’ampleur.
Pour ceux qui sont contre le report de cette mascarade d’élection, ils soutiennent que cette protesta est provoquée par les pouvoirs publics et son organisation sans faille est conduite par les parties de la coalition du soutien au cinquième mandat pour pousser à la désobéissance afin d’instaurer l’état d’urgence et donc l’armée s’occupera du reste. Pour cette frange, le général Ali Ghediri est le seul qui sauvera le pays de ce scénario si on voterait pour lui. En outre, la chaine Al Magharibia qui est actuellement réquisitionnée en diffusion « spéciale Algérie », se propose d’être un forum pour permettre à ce mouvement de désigner ses propres interlocuteurs afin de concrétiser leurs aspirations avec le pouvoir en place.
Dans les tables rondes qu’elles organisent sur le sujet, des propositions surprenantes apparaissent comme le retour à la situation de 1991 et remettre les clés aux vainqueurs encore vivants des responsables du Front islamique du salut (FIS). Un autre insiste sur une option fédérale de l’Algérie pour donner plus d’autonomie aux régions mais derrière cette dernière, vise-t-on leur indépendance ?
Enfin le siège de Talaie El Hourriyet devait regrouper ce dernier jeudi 15 partis d’opposition, quatre syndicats indépendants et 35 personnalités nationales et activistes politique avec comme invités d’honneur deux membres du FIS dissous, en l’occurrence Kamel Guemazi ancien maire de Bab El Oued et Ali Djeddi pour se donner en spectacle dans une prière conduite par ces derniers.
Pourtant, la religion exige la discrétion dans sa pratique. Vise-t-on par là d’envoyer un message ? Sinon lequel ? Au rythme où va la récupération des uns et des autres, le report des élections présidentielles pour une préparation sérieuse de la succession serait une option du moindre mal quitte à supporter Bouteflika encore une année.
Ensuite à quoi servirait-il de gaspiller 50 milliards de dinars sans compter le manque à gagner d’une journée fériée pour une formalité non nécessaire.