Mercredi 6 mars 2019
Le jeu et l’effet de dominos
Le jeu domino est un jeu de société d’origine chinoise, utilisant 28 pièces. Ce jeu a toujours été populaire en Algérie aussi bien dans les «cafés maures» ou les arcanes du Front de libération nationale.
En effet, dans les cafés populaires ou cercles sportifs, le claquement de pièces en ivoire sur les tablettes ou le brassage des pièces pour afficher le «fair play» des joueurs calculateurs et trompeurs, animaient les soirées bruyantes et ludiques en particulier lors les soirées ramadanesques. A chaque partie, on mélange bien les pièces avant de les redistribuer de manière aléatoires aux joueurs et on relance une nouvelle partie.
De la même manière, le parti unique a longtemps pratiqué ce jeu au niveau politique durant un demi siècle. En effet, on pourrait à la place des chiffres, au dos des dominos coller les effigies de 28 hommes politiques et tirer à chaque partie (les players du pouvoir) l’équipe dirigeante.
A la fin de la partie (d’un mandat) on re-mélange les même pièces et on fait un nouveau tirage (les nouveaux players du pouvoir) mais avec les même pièces. Ce qui explique que j’ai connu notre Président lorsque j’étais collégien en 1965, et qu’après Leonid Brejnev les records de longévité, au pouvoir d’hommes politiques, sont bien en Algérie.
Ce qui fait la différence depuis un demi siècle, c’est que le monde a bien changé, même totalement changé. L’information par le net circule si vite sur les réseaux sociaux que l’on a sans difficultés et en direct tous les abus et détournements: les transferts de fonds à l’étranger, l’acquisition de biens et propriétés en Europe par des notables algériens, les montants des commissions sur les marchés publics, et placements dans les paradis fiscaux. Fini la radiotélévision unique, El Moudjahid ou rien, interdiction de la presse étrangère, etc. Seuls nos dirigeants séniles ou leurs descendants voraces et provocateurs en font fi, face à un peuple qu’ils croyaient inerte, bloqué, tétanisé. Et si ce peuple se réveillait !
Serait-ce là, la fin de la partie de dominos
L’effet domino est une réaction en chaîne qui produit une chute séquentielle lorsqu’on bascule la pièce du sommet. Cette pièce maîtresse fera tomber la pièce juxtaposée et ainsi de suite au cours d’une séquence linéaire, on voit alors sous nos yeux une série de collisions faisant tomber toute une chaîne, une structure voire une superstructure en un temps très court.
Ce terme est utilisé par analogie à la chute séquentielle d’une file de dominos et se réfère à une suite d’événements ou individus intimement liés entre eux. Cette expression est souvent employée de façon métaphorique. C’est le cas par exemple dans les services secrets pour anéantir un groupe mafieux ou terroriste ou tout autre réseau malfaisant.
Si on faisait tomber la pièce maîtresse, elle engendrerait alors une chute séquentielle, totale et simultanée de tout l’édifice.
En Algérie, durant plusieurs décennies, une toile a été solidement tissée et cousue de fil de soie blanc par un groupe de pression. Est-il possible en un coup, de faire disparaître tous les arachnides qui ont envahi le pays. Ce Groupe est interdépendant (leurs membres se tiennent tous par la barbichette) c’est à la fois sa force et sa faiblesse.
Sa force c’est un groupe solidaire et tentaculaire avec un soutien inconditionnel en réseau fortifié à l’intérieur et à tous les niveaux du pays (économie, politique, administration, justice, les banques) et à l’international (Europe, USA, RP Chine, GB, Japon, Emiratis). Il a la main mise sur les marchés publics, les importations, l’accès aux financements bancaires et les postes clés décisionnels.
Sa faiblesse c’est une formation clanique, disparate, sans vision à long terme, bâtie sur des passe-droits, entachée de scandales et honnie. Le ciment de ce conglomérat c’est l’appât du gain, l’opportunisme et basé sur la théorie du ruissellement.
Dans ce schéma, le premier de cordée c’est le Président : Et on comprend alors pourquoi l’effet de dominos reste la préoccupation majeure des players.