23 novembre 2024
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Algérie : main basse sur l’économie et la souveraineté

REGARD

Algérie : main basse sur l’économie et la souveraineté

« Les libéralisations leur ont donnés des ailes, mais ne leur ont pas permis encore de voler trop haut ». Ils ont eu l’argent, il leur faut maintenant le pouvoir.

Cette prétention de la bourgeoisie affairiste à s’ériger en classe dirigeante est lestée des limites étroites de son horizon de profitabilité. Quant au fond, des handicaps historiques l’ont confinée à la périphérie de la sphère des activités porteuses de dynamisme économique, technologique, social. En bref, la sphère d’activités qui lui aurait conféré la légitimité de classe – agent  historique du développement national.

Sa mise en selle pour s’emparer des rênes du pouvoir politique ne peut être le produit de son propre moteur interne. 

Il faut rappeler que dans les cas de la Corée du Sud, de l’Indonésie, du Brésil, du Chili, par exemple, c’est le capital multinational, des Etats-Unis en particulier, qui a agi directement, au forceps, de manière particulièrement sanglante, sur la formation et la mise en selle des classes dominantes. 

La «nôtre», aussi, devra s’appuyer, pour ce faire, sur les pressions directes et indirectes du capital multinational pour impliquer le pouvoir dans un consensus préfabriqué par le haut qui doit servir de faire-valoir légitimant le basculement du système politique et institutionnel.

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Sur quoi doit porter le compromis ? Sur une plus grande soumission des règles institutionnelles aux appétits du capital privé et sur le renoncement au projet de développement national, c’est-à-dire autonome.

En d’autres termes, donner le pouvoir économique et donc de décision à ceux qui n’écoutent que le critère du profit. Mais dans le contexte d’un espace périphérique sur déterminé  économiquement, les déterminants du profit ne sont internes qu’en apparence, ils obéissent, fondamentalement, aux leviers de commande du centre. Les décisions de politique économique nationale ne vont plus correspondre aux nécessités et choix intérieurs mais dépendre d’abord de considérations internationales.

Dans cette économie ouverte et alignée sur la commande centrale, il s’ensuit qu’il est impossible de ne pas faire ce que les autres font. Les décideurs sont structurellement limités par la nature et les règles du système dont ils font partie.

La discipline du capital ayant désormais étendu sa sphère de validité à l’espace national, quelles marges de manœuvre, leur restera-t-il, sous la contrainte de l’efficacité globale et de la rentabilité financière ?

Quelle influence peut exercer, en l’occurrence, l’«acteur» Algérie sur le taux de change du dollar ou sur le prime rate de la FED (la banque centrale des USA) qui commandent le mouvement des capitaux et leur orientation à l’échelle mondiale, déterminant dans une grande mesure la hiérarchie des zones d’accumulation rentable et de profits maximum ?

L’Etat peut-il orienter les capitaux conformément à la volonté politique «nationale» ? Le mode de production dans un pays donné peut-il être gouverné par des lois de fonctionnement antinomiques avec celles qui commandent le fonctionnement du mode de production dans lequel il s’est inséré à l’échelle internationale ? On voit que la perspective d’un capitalisme «national» est potentiellement conflictuelle, pour ne pas dire impossible. Une chimère, à vrai dire.

En réalité, ce qui est attendu de l’Etat, dans cette phase, c’est de reconfigurer son rôle pour imposer les conditions économiques, politiques et sociales de l’alignement sur la commande centrale, soit la reconversion de l’espace économique national pour permettre la pénétration illimitée des firmes nord américaines et européennes dans le marché national.

Un statut de sous-périphérie qui consacrera définitivement  la fin de toute l’autonomie de décision nationale et videra totalement  de son contenu économique et social l’indépendance nationale. Est-ce que finalement tout le long et dur combat plus que séculaire pour l’indépendance nationale ne fut qu’une impasse parce que nous ne pouvons être rien d’autre qu’un appendice de l’empire néo-colonial ?

Abdelatif Rebah, docteur en économie et spéctialiste des questions énergétiques

Auteur
Abdelatif Rebah

 




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