Vendredi 15 juin 2018
Quels sont les taux de croissance, de chômage et d’inflation en Algérie ?
Les chiffres officiels contenus dans le plan d’action de l’actuel gouvernement présenté à l’APN fin 2017 font état d’une dépense publique entre 2000 et 2004, l’équivalent de 70 milliards de dollars, entre 2005 et 2009 de 193,8 milliards de dollars, de 2009 /2014, de 202,41 milliards de dollars et de 2015 à 2017 de 64,3 milliards de dollars.
Au total, les programmes de développement ont nécessité durant la période allant de 2001 à 2017, une enveloppe de 531,8 milliards de dollars dont une grande partie en devises et le budget de fonctionnement et de gestion pour la même période une dépense de l’ordre de 649,9 milliards de dollars, soit au total 1187,7 milliards de dollars. Quel impact sur les principaux indicateurs de l’économie nationale, taux de croissance, taux de chômage et taux d’inflation, objet de cette présente contribution
1.- Il existe une loi économique universelle, le taux d’emploi est fonction de la pression démographique, du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d’entreprises compétitives à valeur ajoutée. A l’avenir il s’agira de concilier flexibilité et sécurité du collectif des travailleurs grâce à une formation professionnelle additionnelle adaptée en évolution, étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale. L’on ne crée pas des emplois par décrets ou par des commissions, la solution de facilité étant la création d’emplois dans l’administration. Le taux de chômage officiel est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois non créateur de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Paradoxalement du fait de l’allocation sectorielle d’investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualification comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d’être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300.000/400.000 postes de travail par an entre 2017/2020, qui s‘ajoute au taux actuel du chômage, sous estimé, du fait de la pression démographique, de l’entrée sur le marché du travail de la population féminine sous estimée dans les statistiques, afin de résoudre le lancinant problème du chômage. Que deviendront les 2 million d’étudiants sortis des universités entre 2018/2020.
2.- En termes de calcul, le taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente et qu’un accroissement appliqué à un produit intérieur brut faible (PIB) donne globalement un taux faible. Bien que l’indice de développement humain (IRH) du PNUD soit plus fiable pour mesurer les performances d’un pays, le produit intérieur brut (PIB) a évolué ainsi de 2001 à 2017 : 2001, 4227 milliards de dinars- 2005,7562 milliards de dinars, – 2009, 9968 milliards de dinars (effet de la crise),-2010,11191 milliards de dinars, -2015,16952 milliards de dinars, 2016 de 175,49 milliards de dollars et en 2017 de 156,1 milliards de dollars- Entre 2000/2017, le taux de croissance en Algérie est en moyenne de 3%. Bien que ce taux puisse faire rêver bien des pays européens, il faut relativiser. En volume, selon les données officielles, depuis la crise de l’endettement de 1983 et la chute des prix du pétrole en 1986, la croissance s’est sensiblement ralentie pour se fixer à une moyenne annuelle de 2,4 % entre 1986 et 2010, entre 2011/2016, 2,5% en 2011, 3,2% en 2012, 2,5% en 2013, 3,7% en 2014/2015, 3,3% en 2016. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié lors des réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque Mondiale, pour ces institutions, en 2017, la croissance a atteint 2%, contre 1,5% projeté en octobre 2017 et tablent sur une croissance de 3% en 2018 contre 0,8% anticipé dans son rapport d’octobre 2017 ; cette cadence sera maintenue en 2019, mais avec une légère baisse à 2,7%, selon les mêmes projections.
3.-Mais pour avoir une appréciation objective de l’évolution du PIB algérien, il faut le corriger par l’évolution de la cotation dinar-dollar au cours officiel, (toute dévaluation, du dinar par rapport au dollar abaisse l PIB en valeur nominal) : en 1970 , le dinar était coté à 4,94 dinars un dollar ; en 1980 5,03 dinars un dollar ; en 1995 47,68 dinars un dollar ; en 2001…69,20 dinars un euro 77,26 dinars un dollar en 2002-69,20 dinars un dollar ; en 2010, 74,31 dinars un dollar ; en 2013, 79,38 dinars un dollar, en 2014 80,06 dinars un dollar, en 2015, 99,50 dinars un dollar et le 10 juin 2018 116 dinars un dollar et 137 dinars un euro. . Ce dérapage officiel du dinar officiel voile l’importance du déficit budgétaire, en gonflant artificiellement tant la fiscalité pétrolière et la fiscalité ordinaire à travers taxes des produits importés ( calculé en dinars ) et donc l’efficacité de la dépense publique .Vient ensuite le facteur déterminant du taux de chômage, la pression démographique.. La population algérienne a évoluée ainsi : 1950 8,87 millions d’habitants – 1960 11,27, – 1970 14,69, -1980 19,47, -1990 26,24, -2010 à 37,06 -au 1er janvier 2016 , 40,61 -au 1er janvier 2017, 41,3 -au 1er janvier 2018, 42,4 millions d’habitants Les chiffres donnés par l’ONS (Office national des Statistiques) sur les prévisions de l’évolution de la population algérienne d’ici 2030 serait de 51,026 millions. Et selon l’hypothèse du rythme actuel de 2,4 enfants par femme et d’ici à 2050 pour atteindre 65 millions d’habitants, données qui doivent être corrélées à l’espérance de vie. Alors qu’elle est de 77,1 ans pour les hommes et de 78,2 pour les femmes, l’expérience de vie à la naissance sera de 81 ans pour les hommes et de 83 ans pour les femmes d’ici à 13 ans.
Quelle est la répartition spatiale de la population ? Selon les données pour 2016, les 12 wilayas ayant une densité de moins de 20 habitants au km² (Djelfa, Laghouat, El Oued, Naama, El Bayadh, Ouargla, Ghardaïa, Adrar, Bechar, Tamanrasset, Illizi et Tindouf) représentent 89 % de la superficie du pays pour à peine 13 % de la population. Les 36 autres wilayas, toutes situées au Nord ont une densité supérieure à 20 habitants au km², représentent 11 % de la superficie (soit environ 240 000 km2) et regroupent 87 % de la population. Il s’en suit face au faible taux de croissance et la pression démographique , que la population en chômage selon l’organe officiel algérien de la statistique ONS était de 15,3% en 2005, en 2011 10%, 11% en 2012, 9,8% en 2012/2013, 10,6% en 2014 , 11,2% en 2015 , 10,5% en 2016 et reste particulièrement élevé chez les jeunes (28,3%) et chez les femmes (20,7%)..
4.-Le FMI dans son rapport de 2018 a abaissé ses projections pour le chômage en Algérie à 11,2% en 2018 après avoir tablé en octobre 2017 sur 13,2%.avec une projection de 11,/% en 2019. Selon l’ONS, la structure de l’emploi, selon le secteur d’activité, fait ressortir un secteur tertiaire (commerce et service –administration – selon la direction générale de la Fonction publique, le nombre de fonctionnaires au 1er janvier 2015 est de 20 020 172 fonctionnaires dont 1.608.964 à temps plein (79,64%) et 411 208 agents contractuels (20,30%). en progression, absorbant plus de 60% de la main-d’œuvre totale, suivi par le BTP (16,6%), l’industrie (13,0%) et enfin l’agriculture (10,6%). La ventilation, selon le secteur juridique, fait ressortir une dominance du secteur privé ou mixte, soit une part relative de 58,8% de l’emploi total, incluant la sphère informelle qui, selon le ministère du Travail, occuperait entre 25/30% de la population.
Le salariat constitue la forme d’emploi dominante avec 65,3% tant au niveau du secteur privé formel qu’au niveau du secteur public mais avec d’importantes disparités salariales et également d’importantes disparités sont observées selon le sexe. L’emploi féminin se caractérise par une plus grande concentration dans le secteur public (61,2% de l’emploi total). Quant au taux d’inflation, l’indice se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi un taux d’inflation faible en T1 par rapport à un taux d’inflation élevé par rapport à To donne cumulé un taux d’inflation élevé et se pose la question de l’évolution du salaire réel par rapport à ce taux cumulé. Le taux officiel été selon l’ONS 4,5% en 2012, 8,9% en 2013, de 2,92% en 2014, 4,78% en 2015, 6,40% en 2016, 5,59% en 2017. Le cours du dinar sur le marché parallèle est passé en une année janvier 2017 à juin 2018 de 190 dinars un euro à 210 dinars un euro, non nombre de produits vendus aux consommateurs s’aligne nt sur le cours de ce marché.accélérant le processus inflationniste. Pour le FMI dans son rapport d’avril 2018, l’inflation se situerait à 7,4% en 2018 et 7,6% en 2019, la BM étant plus pessimiste annonçant 8,1% en 2019 et 9% en 2020. Cet indice global voile disparités et les besoin sont historiquement datés, les besoins évoluant. Le taux d’inflation officiel est biaisé, devant l’éclater par produits selon le modèle de consommation par couches sociales (fonction de la stratification du revenu national), étant surcroît comprimé artificiellement par les subventions, sinon il dépasserait les 10%. D’une manière générale, ces résultats posent l’urgence d’une nouvelle gouvernance fondement d’une réorientation de l’actuelle politique socio-économique pour avoir forcément un taux de croissance supérieur au taux de croissance démographique sinon le taux de chômage ira en croissant (taux de croissance supérieur à 7/8% sur plusieurs années pour créer 350.000/400.000 nouveaux postes de travail par an)? Cela ne pose t-il pas également, l’impératif d’abandonner les vieux schémas des années 1970 notamment en matière de politique industrielle, afin de s’adapter à la quatrième révolution économique mondiale qui s‘annonce irréversible entre 2020/2030, fondée sur des réseaux, plus de concertation sociale et plus de décentralisation, à ne pas confondre avec déconcentration avatar de la mentalité bureaucratique rentière ?
5.-Quelle conclusion ? D’une manière générale, l’endettement est faible, 20% du PIB, la dette extérieure 2,5% du PIB , le secteur bancaire reste capitalisé, le ratio de solvabilité étant de d’environ 17% courant 2017 et l’importance de ses réserves de change malgré quelles soient baisse (96 milliards de dollars (hors DTS) fin 2017 et hors réserves d’or, l’Algérie possédant 173 tonnes d’une valeur, au cours de l’once actuel, d’environ 7 milliards de dollars. L’Algérie a un répit de trois années, pour éviter l’épuisement de ses réserves de change , sous réserve d’une une plus grande rigueur budgétaire et un changement de cap de la politique économique actuelle, supposant une vision stratégique qui fait cruellement défaut.
Existant un lien dialectique en sécurité et développement ,c’est pourquoi, comme je l’ai démontré récemment dans un long interview au quotidien américain American Herald Tribune du 28/12/2016 et au quotidien financier français La Tribune.fr du 07 mai 2017, je tiens à considérer que la stabilité de l’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de toute la région, qui ne saurait signifier statu quo, mais mener des réformes dans un mouvement historique positif, est un passage obligé vers la reconquête de sa cohésion sociale. Cela passe forcément par la construction d’un front intérieur solide et durable en faveur des réformes politiques et socio-économiques face aux enjeux des nouvelles mutations mondiales dans les domaines militaires, sécuritaires, politiques, économiques, sociales et culturelles dont le pivot est la bonne gouvernance tenant compte du fondement du développement ère du XXIe siècle basé sur le savoir