23 novembre 2024
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À chaque Pharaon, son Moïse !

Lettre de Médéa

À chaque Pharaon, son Moïse !

Pendant que les fonds publics s’écoulent en fête de fraternité, il sonne une cloche de feu rose dans les nuages. » Arthur Rimbaud.

Et c’est parqué à la merci de ses gardiens, que le peuple algérien, et de ce qui lui reste comme grandeur, incrédule, observe dans le silence, les intrigues de palais, les tractations de coulisses et les sournoises guéguerres verbales qui se font criardes en hauts-lieux. En attestent les sorties médiatiques des carriéristes ministres, et néanmoins, roturiers de circonstance, tantôt pour blanchir et draper d’un voile pudique de sainteté, et tantôt pour jeter l’opprobre et pousser l’indélicat personnage du jour dans la fosse aux lions. Il ne faut pas être un grand clerc pour deviner que l’on lorgne déjà la course pour la présidentielle 2019 ; dès lors, il est temps de lâcher les chiens, instruire les gros-bras, les copains et les coquins.

Subitement l’on découvre un Ahmed Ouyahia, mélomane à ses heures perdues, invitant dans ses diatribes El hadj Mrizek pour sa défense, un Ali Haddad, l’oligarque -ex-vendeur de pastèque d’Azzefoun de son état, en chantre de la belle vie en Algérie qu’à New York, un Sidi Said, l’indéboulonnable syndicaliste zélés, accroché à leurs basques, battant la mesure des grandes réalisations de fakhamatouhou, un Chakib Khelil auréolé d’une douteuse sainteté de la zaouïa et le sénescent Djamel Ould Abbès et ses débilités oratoires du style « l’Algérie avec ses 11 millions de pauvres fait mieux que la Suède et la Norvège dans leurs aides sociales ». Quelle impudence ! Quelle bêtise !!!

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Forcément, il fait bon vivre à Club-des-Pins, à Zeralda et les hauteurs d’Alger, transformées en tours d’ivoire, feutrées et capitonnées, fortement gardées par une armada  de policiers, censée être au service du peuple et pas d’une caste, pour ne pas déranger la quiétude et la dolce vita de la nomenklatura et ses oligarques civils et militaires. Au loin, les chahuts de gamins, les grèves et les contestations de la plèbe ! Au loin les harragas cueilleurs d’orange et de patates. Ne voilà-t-il pas que la noyade d’une fillette harraga de 4 ans, ces derniers jours, vienne assombrir davantage le climat délétère de ces fuites insensées du pays. Ahmed Ouyahia, le SG du RND, l’air dubitatif, se demande qu’est-ce que les pousse à l’exil  ? Incroyable !!! Vraiment ? Pour votre gouverne M. le SG du RND et néanmoins premier ministre, Ils ont la vingtaine, grandissant et subissant les mêmes rentiers carriéristes politiciens interchangeables – une particularité bien algérienne depuis deux décennies – ayant dilapidé une manne financière de plus de 1000 milliards de $, jamais collectée auparavant pour, justement, leur offrir de meilleures perspectives d’avenir, le bien-être et la dignité.

Que dalle ! Point de travail, point d’école, point d’hôpitaux, seul bémol, le régime dans son immense mansuétude leur offre la plus grande mosquée d’Afrique, panthéon d’un futur immortel, pour noyer leurs peines et leurs chagrins, et la construction de près de 80 pénitenciers pour expier leurs crimes d’être pauvres.

Le bradage et la liquidation de 1200 entreprises publiques sans consultation aucune du peuple, attendront la fin de quelques conciliabules intéressés dans les arcanes du pouvoir, et c’est à qui mieux-mieux-être.

Ils sont septuagénaires, octogénaires  au crépuscule de leur vie, faite de compromissions et de soumissions , sans foi, ni loi et toute honte-bue, aveuglés et obnubilés par tant de puissance et d’arrogance, allant jusqu’à moquer l’Algérien lambda, profitant d’un président impotent, muet et absent sur la scène publique depuis belle lurette et auquel on prête une candidature à un 5e mandat. Les mêmes têtes idolâtres qui ont ouvert les grandes portes de l’absolutisme politique présidentiel et du culte de la personnalité, poussant le comble de leurs soumissions et leurs allégeances à honorer le portrait de fakhamatouhou lors des dernières assises nationales des présidents d’Apc/Apw.

Des potentats en mal de puissance, traînant moult casseroles s’affichent pharaons du moment et des lieux.

Déjà la contestation et les grèves se multiplient et n’augurent rien de bon, en lieu et place de conquérir le cœur, le régime de Bouteflika s’emploie à conquérir le physique de son peuple, pour mater son insolence à demander ses droits les plus élémentaires. Les visages ensanglantés de nos médecins spécialistes, de nos retraités des forces de sécurité illustrent tous le mépris affiché d’un régime moribond pour ses intellectuels, ses patriotes et de la plèbe des contrées lointaines de l’Algérie profonde.

« Quand trop de sécheresse brûle les cœurs,Quand la faim tord trop d’entrailles, quand on rentre trop de larmes, quand on bâillonne trop de rêves, c’est comme on ajoute bois sur bois sur le bûcher. A la fin, il suffit du bout de bois d’un esclave, pour faire dans le ciel de Dieu et les cœurs des hommes, le plus énorme incendie. » Ainsi s’exclamait notre aïeul national Mouloud Mammeri dans ses écrits, histoire de rappeler que chaque Pharaon à son moise. C’est tout dire !

Sombres, sombres perspectives droit devant ! Que Dieu protège notre pays et notre peuple.

Auteur
Brahim Ferhat

 




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