Mercredi 13 décembre 2017
Hubert Védrine remet en selle le concept de pays « colonisable » !
Ne plus évoquer la colonisation, tourner la page… C’est la nouvelle méthode de travail du président français et ses porte-voix. Chacun à son niveau, avec ses éléments de langage, s’emploie à déminer le passé pour ne retenir que le présent. Parler affaires, économie et laisser l’histoire aux livres…
Dans un entretien à Radio France internationale, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères français, insisté sur le fait qu’il faut désormais tourner la page remis insidieusement en selle la thèse chère à l’islamiste Benabi . A la question sur les relations entre l’Algérie et la France, Hubert Védrine s’est interrogé : «Peut-être faudrait-il plutôt se demander pourquoi les peuples européens ont-ils été des peuples colonisateurs ? Pourquoi certains pays agressés se sont laissé coloniser, alors que d’autres ont livré des combats absolument féroces pour ne pas vivre sous la férule des puissances étrangères ? ». Tout est dit dans cette réponse qui ne manque pas d’arrière-pensées.
Pas seulement. La réponse cinglante apportée le 6 décembre, à Alger, par Emmanuel Macron à un jeune sur la colonisation participe de cette volonté de décomplexer le passé colonial. A la limite de l’intimidation, le président français a répondu : « Vous n’avez jamais connu la colonisation. Qu’est-ce que vous venez m’embrouiller avec ça », à un jeune qui lui demandait d’assumer le passé colonial de la France en Algérie. Le propos est renversant ! Comme si le fait de ne pas avoir vécu sous la colonisation pouvait priver ce jeune Algérien de poser une question sur le sujet au président français. Pourtant les Français, 70 ans après la Seconde guerre mondiale, ne rate pas les occasions de rappeler à l’Allemagne son passé nazi.
En Algérie, on en est là : à négocier notre part de mémoire en contrepartie d’improbables marches de pacotilles !
Alors entre Hubert Védrine qui presque justifie in petto la colonisation de l’Algérie et le président Macron qui balaie d’une expression 132 ans de colonisation, il y a comme une partition bien réglée qui se joue sur le dos de ceux qui refusent d’établir de nouvelles relations sur les cadavres des victimes de la guerre pour l’indépendance.