« S’il y a une morale, ici, ce n’est pas celle de la pitié, de la compassion, moins que jamais une morale individuelle. C’est celle de la solidarité. Une solidarité de la résistance, bien sûr : une morale de résistance collective. » Jorge Semprun

Tout le monde s’est rendu compte que nous vivions, depuis près de dix-huit mois, une période de fortes turbulences. Nous voici un peu plus libres depuis quelques jours : plus de couvre-feu, plus de masques à l’extérieur, les restaurants et les cinémas ont ouvert leurs portes… Il nous faut maintenant tenir dans la durée et ce n’est pas le plus facile.

Nous sommes en train d’intégrer le fait que ce qui est extraordinaire est devenu pour nous de l’ordinaire et du banal. Ne pas serrer la main des gens, ne pas embrasser les membres de sa propre famille, ne pas nous approcher les uns des autres, rester chez soi le plus souvent – l’invraisemblable se transforme en habituel.

La situation est d’autant plus difficile à accepter que nul ne sait vraiment quand nous allons pouvoir nous en sortir et enfin vivre normalement. Il faut gérer la précarité et les incertitudes. 

Pour autant, nous résistons. Nous tenons depuis des mois. Ensemble ! Nous avons réussi à affronter la pandémie et nous avons fait preuve d’imagination et d’inventivité. Nous avons maintenu le lien qui nous a toujours unis et nous avons augmenté notre capacité de nous sentir solidaires. Nous avons continué à regarder des films à la télévision et à lire des romans.

Nous avons persévéré sur la route commune pour accompagner, pour soigner, pour nous rassurer. L’être humain est capable de s’adapter aux situations les plus inédites. Certaines valeurs obsolètes ont refait surface : investissement, reconnaissance, générosité, sympathie. Encore et toujours. Elles nous ont préservé de la grande solitude.

Nous nous adaptons et nous tenons bon. C’est ainsi que nous nous en sortirons : en prenant soin les uns des autres…