Samedi 16 janvier 2021
Le complexe Sider El Hadjar agonise
El Hadjar comme on aime à le surnommer va fermer ses hauts fourneaux d’ici peu. Cette mort précoce d’un des fleurons de l’industrie algérienne, sonne le glas d’une activité qui a connu des moins hauts et beaucoup de bas pour avoir su résister contre vents et marais à une forme de « liquidation », depuis pratiquement quatre décennies.
Quelle que soit la nature de l’avis que l’on peut émettre autour de la volonté politique ayant présidé à sa création dans les conditions qui étaient les siennes, il n’en demeure pas moins qu’il (El Hadjar) a participé grandement à la création et au maintien des postes d’emploi pour le grand bonheur des algériens.
«Le complexe n’a plus les moyens financiers pour approvisionner sa principale installation, le haut-fourneau n°2, en coke dans le but d’assurer la production de la matière première, la fonte liquide, sachant qu’une cargaison de 50 000 tonnes de coke, qui couvre à peine 40 jours d’autonomie, vaut deux milliards de dinars», a renchérit Réda Belhadj, directeur général de Sider El Hadjar.
Que vaudrait la somme de deux milliards de dinars pour faire fonctionner un complexe faisant nourrir des milliers de familles algériennes qui vont devoir se débrouiller à l’avenir sur la manière d’assurer leur existence, pendant que des milliards de milliards de dinars prennent des destinations pour le moins inconnues.
Si l’on considère uniquement les trois plus grosses affaires enrôlées au niveau de la juridiction spécialisée d’Alger, le manque à gagner qui a fait l’objet d’estimation par le Trésor Public peut à lui seul permettre de régler le problème de manque de liquidité dont souffre tout le secteur de l’industrie du pays.
L’on se rappelle également du geste inconsidéré de Abdelaziz Bouteflika, qui dans un souci de vouloir apparaitre un peu plus d’un trois quart de président, n’a pas fait mieux que d’avoir épongé un montant inestimable représentant la dette que devait normalement recouvrer l’Algérie auprès de ses clients débiteurs africains.
La difficile situation que traverse notre pays au jour d’aujourd’hui est due essentiellement à l’incapacité morale et éthique de ses gouvernants de n’avoir pas été à la hauteur des responsabilités qu’ils leurs sont assignées d’une part et à laquelle s’ajoute le malheur d’avoir à posséder des ressources naturelles incommensurables ayant favorisé l’esprit rentier au détriment de l’intelligence et de la créativité d’autre part.
La rareté de la matière première « le coke » permettant la relance des activités des hauts fourneaux semble ne pas constituer un handicap majeur pour les responsables, lesquels affirment que Sider El Hadjar dispose de ses propres fonds pour engager la 2e phase de son plan de développement (PLD), lequel a été présenté en juillet 2020 au premier ministre ainsi qu’au ministre en charge de l’Industrie.
Depuis, l’inquiétude ne cesse de ronger l’ensemble des travailleurs qui se retrouvent à endurer la peur d’un lendemain incertain, pendant que l’examen du cas de l’espèce par ceux en charge du dossier tarde à se concrétiser.
L’on se demande encore si l’État est prêt à apporter une solution définitive aux problèmes de disponibilités de matières premières que représente le coke essentiellement, lequel est de plus en plus inutilisée dans la plupart des pays occidentaux en raison de son état poluant et opter ainsi pour la solution de gazéification du charbon à obtenir dans un processus de carbochimie, en l’absence de fours permettant la production de la cokefaction.
Notre sous-sol est parfaitement riche en ressources minière permettant l’exploitation de charbon à des fins de transformation diverse et diversifiée, pour peu qu’il y est un esprit perspicace qui réfléchit à la façon de servir le peuple au lieu de ne penser qu’à la manière d’assouvir son instinct de prédation.