Mardi 4 août 2020
La Méditerranée : lac de solidarité des peuples ou cimetière à ciel ouvert ?
«Je vais plus loin : je dis une patrie. Et je spécifie que pour les peuples de cette mer, il n’y a qu’une vraie patrie, cette mer elle-même, la Méditerranée »
La Méditerranée ne connaît pas de frontières, elle est le prolongement des côtes européennes et maghrébines. Elle est un pont entre les peuples et un mur entre les Etats. Elle représente l’espoir des uns et le désespoir des autres. En surface des corps inanimés flottent, en profondeur des pipes-lines sont immergés. Au nord, des infrastructures touristiques, au sud des rivages vierges à défricher et une jeunesse en jachère à mobiliser.
Tandis que les uns se noient, les autres se prélassent. La méditerranée a une couleur mais personne ne sait pas laquelle. Elle change en fonction du soleil. Elle n’a pas de ligne, elle se confond avec le ciel. Un ciel à trois étages (la trinité) pour les uns et un seul étage pour les autres (l’unicité). Entre ciel et terre, il n’y a pas d’intermédiaire. Entre la mort et la vie, il n’y a pas de pont. Entre le vieux continent et la jeune Afrique, un cimetière à ciel ouvert. Dans la profondeur des eaux, une histoire tumultueuse. S
ur les rives, des Etats « en berne » et des peuples « en érection ». Les deux faisant appel « aux morts pour résoudre les problèmes de vivants ». Des vivants cherchant une place parmi les fantômes. La mort n’a jamais enfanté la vie. Les vieux veulent vivre, les jeunes veulent mourir. Ironie de l’histoire, les pays envahisseurs d’hier sont devenus des pays envahis aujourd’hui.
Le phénomène migratoire est le fait marquant de ce 21ème siècle. Au nord, des pays évolués au niveau de vie élevé. Au sud, une démographie galopante et une gestion chaotique des ressources maintenant les populations dans la pauvreté et le sous-développement. Deux méditerranées qui se regardent, l’une plus bleue que l’autre, deux civilisations qui s’affrontent, un paradis plus « vert » que l’autre. Au milieu, une barque de fortune où s’entassent de milliers de jeunes qui chavire, au nord un vieux continent qui se dépeuple et une économie qui se déclasse. La fin du règne du pétrole va creuser la faim dans le monde.
Chaque jour, plus d’un milliard de personne souffrent de la faim, l’urbanisation sauvage et l’exode rural, vont précipiter la famine et les premiers pays à être touchés ce sont les économies rentières suivies des pays industrialisés.
Le covid-19 va révolutionner le monde. « Des villes seront détruites et des déserts construits » nous dit la tradition musulmane. Des ruisseaux souterrains coulent sous les déserts. C’est une bénédiction divine. Avec dix milliards d’importations de denrées alimentaires chaque année, la chute drastique du prix des, l’Algérie du pétrole creuse sa tombe sans témoins et meurt sans linceul. L’heure est au confinement.
Avec une densité de cinq habitants au kilomètre carré au sud et deux cents habitants au kilomètre carré au nord, l’Algérie est un bateau qui chavire. Elle délire, son système immunitaire ne répond plus, le respirateur artificiel est en panne de courant. C’est le dernier recours, l’ultime chance de survie pour les victimes du Covid-19 en détresse respiratoire aigüe. C’est la pathologie la plus grave engendrée par le Covid-19. Les poumons n’arrivent plus à oxygéner le corps. En l’absence d’un respirateur artificiel, le patient dépérit et meurt.
L’Algérie respire avec ses deux poumons : le pétrole et le gaz. Les recettes pétrolières et gazières, représentent 98 % des revenus en devises du pays et couvrant plus de 75 % des besoins des ménages et des entreprises. Une baisse brutale et durable du prix des hydrocarbures, des débouchés ou des réserves serait-elle fatale ou salvatrice pour le pays ?
Moralité : « Le poumon d’un pays c’est son peuple, le cœur est sa terre et la jeunesse son cerveau » nous rappelle Nanane -Akassimando,