Lundi 24 juin 2019
A côté de la plaque !
Marche à Alger, le 21 juin. Crédit photo : Zinedine Zebar.
L’option de la poursuite de la voie constitutionnelle dans la résolution de la crise actuelle n’offre que la brutalité du réel pour horizon et court le risque de ne laisser au peuple que la révolte comme alternative.
Face au branle-bas de combat dans la société, le pouvoir semble en équilibre précaire. Le chef d’Etat major a beau tenter de faire pleurer dans les chaumières, pousser la justice à durcir les mesures contre les corrompus et à incarcérer certains anciens cadres de l’Etat, promettre une transition démocratique, il ne convainc plus personne.
Tout ce qui vient du cœur du système est suspecté, frappé d’un certain cachet de fausseté et de mauvaise foi.
L’obstination déraisonnable et l’acharnement à s’en tenir au calendrier électoral «officiel» démontre combien le cri du peuple a très peu d’importance aux yeux des décideurs. La situation que traverse l’Algérie est exceptionnelle. C’est pourquoi, paralyser l’action des masses dans une vaine agitation de surface ne sert ni la continuité normale de l’Etat ni les aspirations légitimes des millions de manifestants qui battent le pavé pour réclamer la démocratie.
En un mot : Ne pas céder aux exigences du mouvement citoyen qui secoue la rue depuis des mois, c’est se mettre hors-jeu et se laisser happer par l’accélération frénétique de l’actualité, sans aucun espoir d’imposer le contrôle étatique sur un contexte qui devient, de plus en plus, explosif.
Dans une certaine mesure, le pouvoir perd du temps avec cette perversion coutumière dans les pratiques du système, dans le seul but que le mouvement s’essouffle et s’éteigne définitivement. Puis, vient cette histoire d’interdiction des drapeaux amazighs pendant les manifestations, du sale boulot! Une drôle de manipulation de l’opinion publique qui n’a pour visée que la division du mouvement et son enlisement dans de fausses considérations, nuisibles à l’unité de la nation.
Les occasions de s’indigner de tous les ratages démocratiques de cette nomenklatura vieillissante ne manquent pas pour nos esprits blasés.
Il est dommage que nos têtes dirigeantes ne constatent pas le raz-de-marée qu’elles pourraient provoquer, en suivant cette trajectoire aventureuse.
Bref, ces gesticulations politiques n’ont aucune chance d’aboutir, dans la mesure où elles achèvent les miettes de confiance qui restent chez le petit-peuple et exacerbent les frustrations collectives d’une jeunesse très en colère. Le temps de la grande rupture est venu et tout cafouillage supplémentaire serait contre-productif.
Autant aller à l’essentiel pour fermer la porte à toutes les dérives, plutôt que s’égarer sur les chemins de la discorde…