Samedi 13 avril 2019
Le bras de fer : que dira Gaïd Salah maintenant ?
Que dira maintenant la nomenklatura à ces millions de manifestants qui battent le pavé chaque vendredi pour demander son départ ?
Que dira Gaid Salah le chef d’Etat-major, dans son prochain discours à tous ces jeunes qui appellent ce système dont il fait partie à passer la main, à s’éclipser de la scène ? Que leur dira Bensalah, le président par intérim qui compte organiser, contre vents et marées, des élections présidentielles le 4 juillet prochain? Quel piètre pièce de théâtre !
Le sort en est jeté, le peuple a choisi son camp, celui du changement radical du régime. Hors question de faire un pas en arrière, car le degré du mépris et d’humiliation a atteint son taux le plus élevé dans le thermomètre populaire. La vox populi vomit tous ceux qui ont osé fouler au pied l’avis de ceux d’en bas. «La révolte des masses», pour reprendre le mot du philosophe espagnol José Ortega y Gasset, est en train de faire son petit bonhomme de chemin et l’hystérie au sein du clan dirigeant est telle que ce dernier n’a plus aucune alternative à proposer, ni de solution, fût-ce temporaire, à mettre sur la table, sauf celle de la démocratie participative.
Or, comment admettre cet état de fait par tous ceux qui, du haut de la pyramide, ont pris le pli de multiplier par zéro la variable du peuple dans leurs équations? Pas facile! C’est d’autant plus compliqué, pour eux, qu’ils sont habitués au luxe des privilèges et des prébendes, qu’ils ont, de tout temps, savouré à se regarder dans la glace comme des rois indétrônables, dominants, sûrs d’eux-mêmes et de leur pouvoir, qu’ils ne sont aucunement prêts ni prédisposés à descendre un jour de leur piédestal pour expliquer leurs décisions prises à huis clos au petit-peuple.
Ce peuple qu’ils considèrent avec arrogance comme «mineur», «inconscient», «ignorant» et avec plein d’autres épithètes.
La rupture entre la base et le sommet étant consommée et il n’y a plus aucun espoir à ce système pourri de se régénérer. Son erreur, peut-être, c’est qu’il est trop vieilli, trop corrompu, trop éloigné de la réalité du terrain, trop coupé de la jeunesse et qu’il n’a, par dessus le marché, plus pensé à huiler les mécanismes de sa survie. Des fautes graves qui font, aujourd’hui, le bonheur de tous les Algériens.
Ces derniers ont trop souffert de la mauvaise gouvernance, de la violence de la hogra, du hittisme et de la harga des jeunes, de la corruption, de …l’humiliation.
Il est vrai que les marches de ces dernières semaines sont un moment historique inoubliable à célébrer et à garder précieusement dans le calendrier de la mémoire collective parce que, selon qu’on y souscrive ou pas, elles ont pu «déverrouiller», si l’on ose dire, le système, en un court laps de temps. Ce que toutes les luttes politiques et militantes d’auparavant n’ont malheureusement pas pu faire pendant longtemps! Bravo au peuple!