25 novembre 2024
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Allah, Novembre et les forbans (II)

Chronique du temps qui passe

Allah, Novembre et les forbans (II)

Glorieuse Révolution de Novembre a été une épopée pleine de sacrifices consentis par notre peuple tout au long d’une éprouvante guerre, qui a duré huit années, opposant nos populations animées d’une volonté inébranlable et d’une profonde foi en Dieu, d’une part à une puissance militaire appuyée par tous les moyens de l’Alliance atlantique, d’autre part.

Mais, Allah, le Tout-puissant, a voulu que cette guerre non-égale se solde par la victoire de l’Algérie, même si elle nous a coûté un million et demi de Chahid, des millions de blessés, d’invalides, de déplacés, d’orphelins, de veuves, ainsi que des milliers de villages détruits et des centaines de forêts brûlées par les bombardements au napalm, utilisé avec une férocité démesurée, sans oublier la torture dans les formes les plus abjectes qu’a connues l’Humanité, au fil des siècles.

Mais alors, ce combat populaire, cette résistance à une armée disposant des « moyens de l’Alliance atlantique », ce 1er novembre dont on célèbre le 64e anniversaire, ils sont venus, ils sont tous là, même le fils maudit, Ali Benflis, pour donner, une fois de plus raison à Coluche : « C’est pas compliqué, en politique, il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour ça il faut avoir une mauvaise mémoire ! »

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Conscience et mémoire : tout est là. Existe-t-il une conscience sans mémoire ? Bouteflika a, de tout, temps, laissé croire, laissé dire. Qui n’a lu ou entendu ces hommes politiques ou ces journalistes affirmer, avec gravité, et sur la foi de « sources bien informées », que Bouteflika ne postulerait pas pour un cinquième mandat. «Trop malade ! », disent-ils.

Je lis que l’entourage d’Ali Benflis juge « probable » l’hypothèse d’une annonce de la candidature de l’ancien Premier ministre pour le 1er novembre, qu’il se dit résolu et confiant puisque, clame-t-il, «Nous ne sommes plus en 2004» Vraiment ? Mais qu’y-a-t-il donc de changé, depuis l’année 2004, en dehors du calendrier, de quelques nouveaux cheveux blancs et de l’AVC du président ? L’Algérie serait-elle, entre-temps, et à notre insu, devenue un charmant pays démocratique où l’élection du chef de l’État ne dépendrait, enfin, que du scrutin populaire ?

Finis donc le trucage, le monopole des médias lourds, l’utilisation des finances de l’État pour le seul candidat officiel ?

Il faut le croire, à entendre l’entourage d’Ali Benflis ou ce groupe de 14 partis qui proclament, sans rire, leur farouche détermination à « aller aux élections avec un seul candidat de l’opposition ». Il faut le croire, à lire ces analyses savantes que nous apprennent qu’Ahmed Ouyahia entretiendrait le suspense autour de sa candidature pour 2014.

Depuis quand les élections algériennes s’accompagnent-elles de suspense ? Il en est même qui chuchotent à l’oreille des journalistes que Benflis ne compte pas entamer sa campagne « trop tôt » afin, assure-t-on avec un air tout ce qu’il y a de plus solennel, « de ne pas gâcher ses chances dans la course à la présidence. » Il y aurait donc une « course à la présidence », en Algérie, transparente, démocratique, incertaine comme toutes les grandes élections occidentales ?

Conscience et mémoire. Ce n’est pas parce qu’une élite a la mémoire courte et les dents longues, qu’elle peut s’autoriser à duper le peuple au moyen de ces mêmes fadaises grâce auxquelles, depuis 50 ans, les autocraties se sont reconduites avec les honneurs démocratiques.

En 2004, on ne savait pas, du moins pour certains. En 2018, on n’ignore plus rien. En 2004, on avait agi en ingénus. En 2018, on agit en complices.

Il faut le crier haut et fort : les présidentielles en Algérie, depuis 1962, sont des élections truquées et décorées de quelques rituels démocratiques qui servent au régime en place à se reconduire avec les honneurs d’une légitimité contrefaite, aux yeux de l’opinion internationale. Les prochaines élections de 2014, comme celles qui les ont précédées, n’apporteront aucune alternance. Elles consisteront en un référendum populaire qui viendrait consacrer un choix préalablement fait en conclave.

Cette parodie a besoin de lièvres, de bonnes pommes et de quelques tonnes d’hypocrisie. C’est ce à quoi s’emploient, consciemment ou inconsciemment, tous ceux-là qui, avec un air entendu, nous inondent de sornettes qui, au final, vont servir au clan le président B.. à exhiber aux yeux du monde une mascarade électorale « démocratiquement acceptable ».

L’attitude responsable consiste à ne pas se mêler de cette mascarade-là, à la dénoncer comme grossière manœuvre par laquelle l’État policier qui s’est imposé, par la force, en 1962, se redonne une légitimité factice.

C’est en cela, en rejoignant l’état d’esprit populaire qui, lui, ne se fait aucune illusion, que l’on contribuera à isoler ce régime de fier-à-bras et à créer les conditions d’une nouvelle république démocratique. (A suivre)

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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