24 novembre 2024
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Attendre, attendre, mais quoi ?

REGARD

Attendre, attendre, mais quoi ?

Les autorités attendent la remontée des prix du pétrole pour reprendre leurs habitudes de dépenses.

Le plus grand obstacle à la vie, dit le philosophe romain Sénèque, c’est l’attente. Or, chez nous en Algérie, on attend tout sans rien faire de concret, le nœud du problème est là, décidément.

On attend toujours que le prix du pétrole augmente pour dessiner les contours de la loi de finances de l’année qui vient et fermer ainsi la bouche de ces masses qui réclament tout, on attend aussi mais en vain que les vraies réformes se mettent en place, que le petit peuple soit grand aux yeux de ceux qui le dirigent et ait son dernier mot dans les décisions qu’ils prennent, que la lutte des clans qui sévit au sommet de l’Etat soit rangée dans le placard des vieux objets, que de nouvelles têtes jeunes, fraîches et actives montent au devant de la scène pour crier fort ce que ceux d’en bas pensent et disent tout bas, que les compétences nationales et celles de toute la diaspora regagnent enfin le bercail et y fédèrent les forces démocratiques, lesquelles remplaceront ces caciques aux cheveux blancs et aux cœurs aigris qui nous pourrissent la vie… On attend tout mais personne n’agit pour bouger la machine à l’arrêt du changement !

En vérité, l’Algérie elle-même mérite le nom de l’attente : une nation égarée, ne sachant quoi faire de son destin, alors qu’elle attend dans une gare un train déjà parti pour une destination inconnue.

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Faut-il qu’elle attende encore son retour ou qu’elle prenne un autre train pour récupérer tout ce temps perdu dans l’attente ? Trop philosophique me diraient certains sans doute ! Non, absolument pas! Notre histoire ressemble à celle de la poule et de l’œuf qui, dans leur éternelle polémique, s’interrogent sur qui a l’ascendant sur l’autre, au lieu de s’entendre que tous les deux ne font qu’un seul destin.

Autrement dit, que l’on décide de continuer sur cette voie, tout en essayant de corriger nos failles, ou de changer carrément de voie, pour en emprunter une autre, est de loin mieux que de rester indécis, sans choix, ballottés entre deux inconnus d’une équation trop complexe. 

L’Algérie est, semble-t-il, dans cette situation de « ni-ni », c’est-à-dire ni réformes ni espoir de réformes, comme si elle a peur de ce que lui réservent les jours. Or, pour se concentrer sur le présent, elle doit se libérer à la fois du poids du passé et de la crainte de l’avenir ; que cela ne signifie nullement que tout se réduit à l’instant, puisque le présent relie ce qui a été et ce qui sera.

Bref, la concentration sur le présent est une exigence de l’action. Attendre n’aura plus aucune signification si l’on agit dans le bon sens et avec efficacité au quotidien, si l’on cesse de se dire : «Non, on ne peut rien faire !», «on ne peut rien réparer dans ce pays» «c’est foutu !», etc.

Car, si le train ne prend que ceux qui sont à temps, il peut toutefois laisser un peu d’espoir aux retardataires qui croient à leur chance d’être embarqués à leur tour. Tâchons alors de l’être, avec énergie et surtout avec la bonne volonté. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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