24 novembre 2024
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Au secours ! Brel et Brassens reviennent !

FOOTAISES de Meziane Ourad

Au secours ! Brel et Brassens reviennent !

« Si jamais je tombe dans un caniveau, souvenez vous, dites vous que c’est ma destinée qui m’a fait appel. »

C’est Matoub, bien vivant, rieur, heureux qui chantait cela à l’ouverture d’un énorme concert au Zénith.

Ce jour là, il avait aligné deux grandes formules, un dimanche dans cette salle mythique de la Villette, dans le 19e arrondissement de Paris. Sept mille places à chaque grande formule. Matoub en a reçu 14 000. La population de certains pays de quelques kilomètres carrés.

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Il y en a beaucoup. Des petits rochers qui revendiquent leur indépendance. Il en est ainsi, d’ailleurs, du héros de notre adolescence, Ferhat Mehenni, qui nous propose de cracher sur notre algérianité pour proclamer de concert avec lui, l’indépendance des quelques pitons et talwegs, qui dessinent les contours et le cœur de ma Kabylie natale. Ferhat a, sans aucun doute, participé à l’édification de mon âme de rebelle. Il a aussi, à force de ténacité et de sincérité coupable mais assumée, contribué à me faire jeter un regard en arrière.

Pour me montrer d’où je venais. J’ai, grâce à lui et à certains de ses congénères comme Idir, Matoub, Aït-Menguellet, Djamel Allam, Nourredine Chennoud, Ben Mohamed, Medjahed Hamid et bien d’autres, retrouvé mon chemin. Sur leurs conseils, j’ai été sur les traces des ancêtres. Aujourd’hui, je suis serein. Je sais d’où je viens. D’autant plus que mes parents, avant de disparaître, ont pris le temps de me transmettre ma langue, tamazight, et les usages qui vont avec. 

Tout un univers ! Mon monde, c’est l’Algérie. Ferhat, qui a été mon ami – je ne sais pas s’il l’est encore, maintenant qu’il est président d’une république itinérante – voudrait que je devienne citoyen d’une république qu’il a peint dans l’espace nécessairement limité de son cerveau. Je ne veux pas y entrer. Mon pays, c’est l’Algérie. La Kabylie n’en est qu’une région. C’est là où je suis né. Il n’a pas plus de droit que moi sur ce territoire ! Il est d’Azazga. Je suis des Ouadhias. Vais-je, pour autant, demander l’autonomie de mon terroir réputé être le berceau de Slimane Azem, de la poterie, des peintures murales et de… la bière ! 

Arrêtons ces foutaises et parlons de foot. Revenons aux choses sérieuses, comme le disait si bien El Hachemi Souami, l’ancien présentateur du périlleux J.T de la RTA (sous Boumediene), à la coupe du monde.

La France vient de battre l’Uruguay  2 à 0. Elle est en demi-finale. Moi, je me vois en finale, avec le drapeau français sur le dos. Comme des milliers d’Algériens qui ont déferlé sur les centres-villes de l’hexagone, ce soir, je me sens concerné par les exploits répétés de cette bande de jeunes issus de l’immigration qui redonnent des couleurs à mon pays d’accueil.

La France a tout faux quand elle pisse dans son froc à la vue d’un basané. La France a tout bon quand elle célèbre les victoires des hommes de couleur qui rafraichissent son drapeau.

Elle a oublié. Moi pas. En 1928, aux jeux olympiques d’Amsterdam, un troufion mobilisé comme 2éme classe en 14-18, remportait la première médaille olympique française. Il s’appelait Mohamed Bouguerra El Ouafi, il était né à Ouled Djellal, à quelques kilomètres de Biskra.

Arrivé sixième aux J.O de Paris, quatre ans plus tôt, il a été sifflé par un public, assoiffé de médailles mais qui n’avait personne sous le coude. Pas un champion à se mettre sous la dent. Les Américains toujours à l’affût de la bonne affaire ont détourné ce premier champion olympique franco-algérien, pour en faire une bête de scène. Ils l’ont exilé à New-York pour le faire courir contres des fauves sur les pistes du Madison Square Garden. Comme, à l’époque les « olympiques » étaient censés être des amateurs et ne devaient en aucun cas, monnayer leur talent, El Ouafi, qui a gagné quelques sous aux Etats-Unis, a été déchu de son titre olympique. La France l’a enterré.

L’Algérie, amnésique comme d’habitude, l’a totalement oublié. Effacé.

Quelques parcs omnisports de villes écoeurées, en France , portent son nom, comme certaines rues dans les profondeurs de cette terre d’immigration ont accueilli Matoub.

L’Uruguay a gagné la première coupe du monde en 1930. Elle s’était déroulée chez elle. Les joueurs de l’équipe de France dont Laurent, qui a signé le premier but de cette compétition, auraient mis trois semaines pour rallier Montevidéo en ce temps là. Après avoir gagné le premier match, ils ont perdu les deux suivants. Battus, ils sont rentrés heureux.

Heureux, les Français le sont aussi aujourd’hui, comme les Belges qui viennent de mettre fin aux singeries de Neymar.

La justice existe. Celle des humbles. Celle de Brel. Celle de Brassens . Vive le football ! 

Auteur
Meziane Ourad

 




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