Samedi 4 novembre 2017
Harragas de mères en fœtus : la dernière révolution des jeunes Algériens !
Lu dans la presse : une quinzaine d’embarcations de harragas ont quitté les côtes mostaganemoise, la nuit du 1er novembre, vers la vieille Europe… vers l’indépendance! Tout un symbole!
À Ain Témouchent, c’est une trentaine d’hommes et de femmes qui ont été interceptés avant le départ, tandis qu’au large des côtes d’Annaba c’est un groupe d’une vingtaine de personnes qui a été arrêté. Il y a de cela une semaine, c’était l’histoire incroyable d’une femme enceinte, qui avait atteint les côtes espagnoles, en compagnie d’autres désabusés, qui avait suscité l’émoi: harragas de mères en fœtus !
Portant la vie, à l’aube de celle-ci, à sa charnière ou à son crépuscule, des Algériens, de tous horizons quittent ou rêvent de quitter le pays. Qu’importe le moyen, du moment où l’espoir qui fait vivre, ne vit que sur l’autre rive.
Il y a ceux qui s’entassent dans les pirogues de la mort, qui font saliver les sardines, et ceux qui se rassemblent par milliers, comme des sardines aussi, devant une ambassade ou aux portes d’un centre culturel de l’ancien colon. C’est l’exode de tout un peuple, qui fuit les prémisses d’un trouble, une rumeur d’apocalypse ou la promesse d’un enfer ! Pendant ce temps, les ronds de cuir du régime et ses bateleurs continuent d’abreuver ceux qui veulent bien les croire de leur vulgate nationalo-populiste.
L’effet Ouyahia
A son arrivée aux manettes du gouvernement, Ahmed Ouyahia, version antéchrist, avait annoncé la fin d’un monde : celui de la « zerda », où le pétrole « enivrait » pauvres et malandrins et où la conscience collective se complaisait dans une opulence imaginaire : naïveté puérile !
A contre-emploi, le serviteur de « moul el guitoune » (propriétaire de la guitoune), a gâché la fête, coupé la sono et allumé des spots sur notre indigence, nudité et peur. Il nous a téléporté, à chacune de ses apparitions, de l’euphorie à l’abattement, des royaumes des cieux aux enfers.
Et comme alternative, il nous offre la continuité exténuante et annonce subtilement que l’immortel « moul El guitoune », 80 balais et trois AVC au compteur, peut encore rempiler pour un autre bail, puisque son saint programme ne s’achèvera qu’une fois la prophétie accomplie, la guitoune vendue, partagée voire vidée.
Le catastrophisme, les lendemains mornes et les desseins cruels que nous promet Ouyahia constituent une invitation au suicide collectif, même que le dinar, pourtant dépourvu d’âme financière, s’est précipité dans le gouffre du square, rencontrer son destin tragique de monnaie en carton.
Les jeunes âmes algériennes, préfèrent quant à elles, les rames aux armes, l’inconnu au vieil ennemi connu. Elles défient les vagues et les brisants pour ne pas subir les brigands, les lois d’Archimède pour ne pas vivre celles des tyrans.
Elles quittent et meurent en silence, bercées par les flots, les chants des sirènes, les cliquetis des euros et le rêve de l’Éden.
Car elles savent, ces âmes trahies, qu’une mer déchaînée, est parfois plus clémente qu’une mère qui enchaîne et qu’au pire, quitte à mourir, c’est en âmes libres qu’elles s’en iront.