Vendredi 18 septembre 2020
Russie et Turquie négocient en parrains de la paix en Libye
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a affirmé ce mercredi que son pays et la Russie s’approchent d’un accord sur la Libye au terme de deux jours de nouvelles discussions à Ankara. Il y a notamment été question de la consolidation du cessez-le feu et du retour au processus politique.
La guerre en Libye est une guerre par procuration. Nombreux sont en effet les pays étrangers qui interviennent dans ce dossier. La Turquie et la Russie sont deux des acteurs majeurs dans ce conflit.
Les deux pays soutiennent deux camps opposés. Moscou s’est rangé du côté du maréchal Haftar alors qu’Ankara soutient fermement le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli, et plus généralement le camp de l’ouest libyen. Les deux pays ont envoyé des quantités considérables d’armes et des milliers de militaires en Libye. Ceux que l’on appelle « les Wagners » ainsi que des mercenaires syriens pro- régime pour la Russie, des mercenaires syriens et de plusieurs autres nationalités pour la Turquie.
La Russie et la Turquie sont donc en concurrence en Libye tout comme en Syrie. Chaque pays cherche à accroitre son influence tout en essayant de trouver un terrain d’entente, mais sans toujours y parvenir. En juin dernier, une visite programmée à Ankara des ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense avait été annulée in extremis alors que les discussions devaient traiter du cessez-le-feu. Les Russes avaient alors évoqué « de profondes divergences ».
Aujourd’hui, après deux nouveaux rounds de discussions en juillet et en août, des avancées semblent apparaitre en ce qui concerne les mécanismes d’application du cessez-le-feu. Une délégation commune se rendra bientôt en Libye pour définir les points de retrait des deux parties aux alentours de la ville de Syrte. Une chambre commune de coordination sur la Libye doit aussi être formée.
Ces rounds de négociations signent le peu de poids des pays voisins et de l’Europe dans le dossier libyen.
L’actuel chef de gouvernement, Fayez Al-Sarraj va démissionner d’ici la fin octobre, après quatre ans passés à la tête du Gouvernement d’union national libyen. Une annonce qui survient alors qu’il accumule les victoires, et qui est le signe de l’emprise turque sur le jeu politique du pays, selon ce spécialiste italien.