Samedi 9 mai 2020
Cafés, retrouvailles amoureuses : des députés veulent déconfiner plus vite
Accès à la nature, aux lieux de culte, aux cafés ou retrouvailles amoureuses: des députés y compris de la majorité ont plaidé vendredi au Palais Bourbon, en vain, pour déconfiner plus rapidement.
L’Assemblée nationale a voté dans la nuit de vendredi à samedi en première lecture le projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet et qui intègre des mesures liées au déconfinement progressif à partir de lundi.
Des députés d’opposition ont d’abord contesté la limite des déplacements fixée uniformément à 100 km, alors qu’elle devrait tenir compte du classement en zone verte ou rouge, selon Pascal Brindeau (UDI-Agir), ou des « spécificités territoriales », par exemple en Corse, d’après Philippe Vigier (Libertés et territoires).
Mireille Clapot (LREM) a défendu sans succès un « amendement des amoureux » pour permettre aux conjoints ou concubins éloignés de pouvoir se retrouver. « La loi a tellement restreint les libertés publiques (…) qu’elle est tout près de bannir l’amour », a lancé la députée.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, n’a pas voulu multiplier les « dérogations » dans la loi, tout en la remerciant pour ce « moment de tendresse ».
L’ancienne ministre PS Delphine Batho (non inscrite) a demandé, avec des députés de tous bords, un « accès responsable à la nature », même pendant le confinement, comme demandé dans une pétition en ligne qui a recueilli plus de 158.000 signatures.
« L’activité et l’exercice physique en plein air dans les espaces en pleine nature » seront permis à partir de lundi, a rappelé le ministre.
Des députés LR et UDI-Agir ont dénoncé un « deux poids-deux mesures » sur l’accès aux plages, qui se fera au cas par cas sur autorisation du préfet.
« Je vous trouve formidables de confiance! », s’est exclamé M. Véran, globalement inquiet des « signaux » envoyés par ces débats, qui ne sont pas ceux « que les soignants nous demandent d’envoyer » sur des « précautions » en vue du déconfinement.
D’autres amendements y compris LREM visaient à expérimenter l’ouverture des cafés, restaurants, hôtels et discothèques. Eric Coquerel (LFI) a déploré que le gouvernement veuille « déconfiner le travail, et le reste n’a pas d’importance ».
Enfin, certains LR et élus d’extrême droite ont cherché à autoriser les célébrations religieuses, Emmanuelle Ménard (non inscrite) appelant à « déclarer l’état d’urgence cultuel ». Les regroupements ne seraient « pas responsables », a répondu M. Véran.