Jeudi 6 juin 2019
Alimentation en France: gare aux pesticides dans les fruits et légumes non bio !
Selon une ONG, plus de 70 % des fruits et plus de 40 % des légumes non issus de l’agriculture biologique contiennent des résidus de pesticides.
Les pesticides n’ont pas disparu de notre alimentation, loin de là. Selon un rapport de l’ONG Générations futures, publié jeudi, et portant sur les années 2012 à 2017, une grande majorité des fruits et près de 50 % des légumes qui ne sont pas issus de l’agriculture biologique présentent des résidus de pesticides.
Ce bilan est une actualisation d’un premier rapport qui avait été publié au début de l’année 2018, et il se base sur des chiffres fournis par la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF).
Au total, 18 fruits et 32 légumes ont été retenus car ils ont fait l’objet d’analyses pendant au moins cinq ans. Et les résultats de ce bilan sont sans appel : 71 % des fruits et 43 % des légumes non bio consommés en France contiennent des résidus de pesticides, certains aliments comme la cerise et le céleri-branche étant plus concernés que d’autres.
« Sur les six années, ce sont en moyenne 71,9 % des échantillons de fruits qui contenaient des résidus de pesticides, avec 2,9 % de dépassement de la limite maximale en résidus (LMR) », note l’ONG dans un communiqué. Les LMR sont les seuils légaux européens ne devant pas être dépassés. « Pour les légumes, la moyenne est de 43,3 % des échantillons concernés (par des résidus) et 3,4 % de dépassement de LMR », ajoute Générations futures. Des conclusions assez similaires à celles relevées 18 mois plus tôt.
La situation est particulièrement critique pour les cerises (89 % des échantillons avec résidus), les clémentines et mandarines (88,1 %), le raisin (87,3 %), les pamplemousses/pomelos (86,3 %), les pêches et nectarines (82,9 %), les fraises (82,9 %), les oranges (81,2 %).
Pas nécessairement un danger pour le consommateur
Les moins concernés sont les prunes et les mirabelles (50,8 %), les avocats (27,8 %) et les kiwis (25,8 %). Pour les légumes, le céleri-branche est de nouveau en tête du classement (résidus dans 84,9 % des échantillons), suivi du céleri-rave (82,5 %), puis des herbes fraîches (69,3 %), endives (67,2 %), laitues (66,5 %). En bas du classement, les betteraves (6,9 %), les madères/ignames (3,7 %), les asperges (2,1 %), le maïs doux (0,8 %). Le dépassement des LMR concerne particulièrement les ananas (9,6 % des échantillons), les cerises (5,2 %), les kiwis et pamplemousses (4,2 %).
Dans les légumes, les herbes fraîches arrivent en tête (21,5 % de dépassement des LMR), puis le céleri-branche et le céleri-rave et les navets. Mais ail, maïs, pastèques et potirons restent tous sous la LMR. « Il faut encourager la consommation de fruits et légumes, mais les consommateurs veulent bénéficier de leurs bienfaits sans avoir à ingérer en même temps des résidus de pesticides aux propriétés inquiétantes », souligne François Veillerette, président de l’ONG.
«Le fait de dépasser les LMR n’implique pas nécessairement un danger », avait précisé l’an dernier Loïc Tanguy, directeur de cabinet de la DGCCRF. Dans tous les cas, en cas de dépassement, un retrait du marché est demandé. En 2018, des représentants de la profession agricole avaient regretté que le rapport ne fasse pas le distinguo entre les origines France/UE/non-UE. Générations futures explique en avoir fait la demande à la DGCCRF, en vain à ce stade.