Mercredi 20 février 2019
Diplomatie saoudienne: Tournée de MBS en Asie pour ajustements d’urgence…
…suite aux désaveux subis du fait des horreurs commises au Yémen par la coalition arabe dirigée par Ryadh, et aussi de l’épouvantable assassinat du journaliste saoudien critique Jamal Kashoggi perpétré à Istanbul (Turquie) par un commando de tueurs saoudiens dépêchés à cet effet révoltant.
Désaveux feins ou réels mais sûrement de circonstance et sans conséquence dans la durée de puissances occidentales traditionnellement liées au royaume d’Arabie Saoudite. D’abord et surtout en tant que fournisseurs d’armes de guerres et de destruction de dernières générations, et qui suspectent assez fortement le prince héritier du trône saoudien Mohamed Ben Selmane d’être le commanditaire de la barbarie commise en Turquie.
D’où un impérieux besoin d’ajustements compensatoires que ressentirait Ryadh afin de maintenir le cap de ses « engagements » guerriers, directs au Yémen comme en pays arabes « hostiles » par djihadistes islamistes interposés, et au final « tenir son rang » face à son ennemi de raison, la république islamique d’Iran, chîite.
Krimo Hammada
L’Arabie saoudite «attaque» l’Iran par le flanc Est
La tournée du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en Asie a été traitée de manière univoque par les médias: le royaume est soupçonné de réorienter sa politique vers l’est.
Les experts ne considèrent pas la diversification des contacts extérieurs de l’Arabie saoudite comme une nouvelle tendance de la politique étrangère de ce pays, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L’intrigue principale de la tournée du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en Asie est indéniablement le renforcement des liens avec le Pakistan, important pour Riyad dans sa lutte contre l’Iran.
Le Pakistan était la première destination de l’héritier du trône saoudien. Le prince Mohammed a participé à plusieurs entretiens importants à Islamabad, notamment avec le premier ministre du pays Imran Khan. Les interlocuteurs ont signé des mémorandums d’entente, notamment dans le domaine des investissements économiques. Leur montant total s’élèverait à 20 milliards de dollars — une somme conséquente pour l’économie de la République islamique qui traverse actuellement une période difficile, notamment sur fond de gel de l’aide économique américaine.
En effet, Washington avait décidé de «punir» Islamabad pour sa réticence à influer sur les talibans en Afghanistan, avec lesquels le commandement militaire pakistanais est soupçonné d’entretenir des contacts étroits. Le Pakistan a également son importance pour Riyad du point de vue géographique: ce pays possède une frontière commune avec les provinces du sud-est de l’Iran.
Après le Pakistan, le prince Mohammed doit se rendre en Chine et en Inde. Ses visites en Indonésie et en Malaisie ont été annulées pour des raisons inconnues. Toutefois, la presse d’Asie du Sud-Est interprète la tournée du prince héritier comme une tentative de l’Arabie saoudite de se trouver de nouveaux «amis» — non plus à l’Ouest, mais à l’Est. Ces conclusions sont généralement motivées par la distance prise par les autorités de certains pays occidentaux vis-à-vis de Riyad après le scandale autour de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Le prince Mohammed a été personnellement accusé d’avoir commandité ce meurtre perpétré au consulat saoudien d’Istanbul: le journaliste dissident avait publié de nombreuses informations compromettantes sur la dynastie au pouvoir. Quand certaines preuves ont été dévoilées au public à l’initiative de la Turquie, il a été suggéré de couper l’Arabie saoudite des fournitures d’armes occidentales.
Mais les experts n’associent pas les visites de Mohammed ben Salmane à l’affaire Khashoggi. «Le roi lui-même a récemment effectué une longue tournée asiatique qui est passée par l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie et la Chine. C’était bien avant l’affaire Khashoggi. La politique étrangère saoudienne a toujours été orientée vers l’Est également. N’oublions pas qu’aujourd’hui la Chine est le plus grand consommateur d’hydrocarbures saoudiens. Par moments, la Russie accroît ses fournitures et devance l’Arabie saoudite, mais parfois c’est l’inverse», explique Grigori Kossatch, professeur à la chaire de l’Orient contemporain de la faculté d’histoire, de politologie et de droit de l’université des sciences humaines de Russie.
«N’oublions pas que l’Arabie saoudite a officiellement adhéré au projet chinois La Ceinture et la Route, et que les dirigeants saoudiens se sont rendus plusieurs fois au Japon — le développement des relations avec ce pays est tout à fait naturel. C’est la même chose pour l’Inde, avec qui Riyad entretient des contacts de longue date. En Inde, l’Arabie saoudite prévoit d’implanter un laboratoire technique qui pourrait lui être utile dans le cadre du plan Vision 2030», poursuit l’expert.
Cependant, les contacts avec Islamabad évoluent différemment pour Riyad. Le fait est qu’aujourd’hui le Pakistan est un pays important pour l’Arabie saoudite suite à la formation des blocs irano-qatari et qatari-turc contre le royaume. A cet égard, le Pakistan pourrait jouer un rôle significatif en faisant contrepoids à l’Iran, par exemple, conclut le quotidien.
Tiré de Sputniknews