Jeudi 6 décembre 2018
Sahara occidental: premier jour de discussion après six ans de silence
Après six années de suspension, les négociations sur le Sahara occidental ont repris, ce mercredi, au palais des Nations à Genève en Suisse.
Le Sahara occidental est un territoire situé au sud du Maroc, disputé depuis 1976, date du retrait du colon espagnol, par le royaume marocain et le mouvement politique sahraoui, Front Polisario. Le dernier round de négociations, en 2012, à Manhasset aux Etats-Unis avait échoué. Mais le nouvel émissaire des Nations unies sur cette question, Horst Kohler, a décidé de ressusciter ce dialogue en invitant le Front Polisario, le Maroc mais aussi les pays voisins, la Mauritanie et l’Algérie, à Genève.
Toutes les délégations sont arrivées au palais des Nations dans un ballet de voitures bien orchestré. C’est d’abord l’émissaire des Nations unies Horst Kohler, tout sourire, qui a ouvert la marche, suivi du ministre des Affaires étrangères mauritanien.
La délégation algérienne, emmenée par son chef de la diplomatie, Abdelkader Messahel, s’est ensuite présentée juste avant celle du Front Polisario représenté par des membres de son bureau national et le président du Parlement de la RASD, la République arabe sahraouie démocratique.
Après s’être fait attendre, la délégation marocaine a fermé la marche conformément au protocole décidé par les Nations unies. Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita était notamment accompagné, comme prévu, des présidents des wilayas, les régions marocaines, du Sahara occidental, tous deux vêtus de tenues traditionnelles sahraouies.
Si ces arrivées ce sont faites devant les télévisions présentes pour couvrir l’événement, la suite de la rencontre a eu lieu à huis clos. Aucun média n’est autorisé près de la salle de discussion et aucune image de la rencontre n’a encore filtré. On sait d’ailleurs peu de choses des discussions prévues ce mercredi et ce jeudi. L’ordre du jour de la rencontre est resté extrêmement vague. Seule certitude, l’objectif d’Horst Kohler est surtout de renouer le dialogue et cela passe par un verrouillage de la communication.
Rien ne doit sortir de ces discussions avant 17 heures ce jeudi et la conférence de presse attendue de Horst Kohler. Chaque partie s’est engagée à ne pas s’exprimer durant toutes les discussions. L’émissaire de l’ONU souhaite qu’on lui laisse du champ pour ménager une reprise de contact en douceur avant que les grands débats ne commencent. D’ailleurs à la sortie de la réunion ce mercredi soir, les mots ont été rares. « Excellente rencontre », a tout de même lâché la délégation marocaine. Abdelkader Messahel le ministre algérien des Affaires étrangères ajoutant « on a même rigolé » avant de s’engouffrer dans sa voiture.
Entretiens bilatéraux
Cette première journée de discussions a été préparée minutieusement par l’équipe de l’ONU. Horst Kohler a rencontré les délégations séparément mercredi matin à Genève. Des entretiens bilatéraux, qui ont eu lieu à son hôtel, et qui avaient pour but d’entendre chaque partie en tête à tête, de faire le point avant de commencer cette table ronde, la première depuis six ans.
D’ores et déjà, les attentes pour cette rencontre ne sont pas importantes. Il ne devrait pas y avoir de grandes avancées sur le dossier du Sahara occidental. L’enjeu de ce rendez-vous est surtout de prendre la température et de voir le rôle que chacun entend se donner dans ce nouveau processus.
Un processus qui devra tout de même compter avec la dernière décision du Tribunal de l’Union européenne qui vient de donner raison au Front Polisario. Ce dernier avait saisi la justice européenne pour contester l’accord sur l’aviation civile conclu en janvier dernier entre le Maroc et l’UE estimant qu’il ne devait pas concerner le territoire du Sahara occidental. Un verdict qui a un goût de victoire pour le Front Polisario.
Le Sahara occidental en dix dates clés
16 octobre 1975 : la Cour internationale de justice de La Haye se prononce pour l’autodétermination de la population du territoire.
6 novembre 1975 : le roi du Maroc Hassan II organise la « Marche verte » pour marquer l’appartenance du Sahara occidental au royaume.
14 novembre 1975 : un accord signé avec l’Espagne cède au Maroc le nord et le centre du Sahara occidental et à la Mauritanie le sud du territoire. La Mauritanie y renoncera six ans plus tard.
27 février 1976 : le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
12 novembre 1984 : le Maroc quitte l’Union africaine (OUA) après l’admission de la République arabe sahraouie démocratique.
6 septembre 1991 : un cessez-le-feu entre en vigueur mettant fin à 16 ans de guerre. Il est sous la surveillance d’une Mission de l’ONU (Minurso).
Mars 2012 : les discussions de Manhasset aux Etats-Unis, menées sous l’égide de l’ONU, s’achèvent sur un échec.
30 janvier 2017 : le Maroc réintègre l’Union africaine acceptant de fait de siéger aux côté de la RASD.
16 août 2017 : Horst Kohler, ancien président allemand, est nommé nouvel émissaire de l’ONU pour la Sahara occidental.
5 et 6 décembre 2018 : nouvelle table-ronde à Genève sous l’égide de l’ONU.