Les dernières élections destinées à parachever l’édifice institutionnel de la « nouvelle Algérie » nous apportent trois enseignements :
– La confirmation par les chiffres officiels du rejet de tout scrutin organisé par ce pouvoir par la très grande majorité des Algériens, persistant à porter en eux l’esprit du Hirak. Avec cette élection, perçue comme un non-événement par le peuple, s’installe le dernier échelon de la mainmise d’une minorité qui gouverne à tous les niveaux de décision au détriment d’une majorité maintenue dans l’impuissance par la répression, l’arbitraire et des lois liberticides. La question de légitimité dont souffre fondamentalement la gouvernance depuis l’indépendance demeure à ce jour toujours posée.
– La Kabylie n’est plus isolée politiquement dans sa remise en question du système exprimée à chaque échéance électorale. Bien qu’il s’agisse ici d’une élection locale qui a toujours plus mobilisé dans la région que toute autre élection.
Le faible taux global de participation dans le pays, notamment dans les grands centres urbains, Oran, Constantine et la capitale, Alger, laquelle a moins voté que Tizi Ouzou, fait assez inédit et édifiant pour le souligner, montre que là ou existe une certaine densité de mobilisation politique, un consensus est possible. C’est pour cette raison qu’un cadre de concertation comme celui initié récemment pour la constitution d’un » Front national contre la répression et pour les libertés démocratiques » trouve toute sa pertinence et son importance pour échanger et trouver les convergences nécessaires afin de permettre l’émergence d’une opposition politique, large, effective et influente.
– La clarification des enjeux et la décantation politique est en cours en Kabylie, espace traditionnel de l’expression de la pluralité politique. Ces dernières élections ont permis de lever le voile sur le rapport des acteurs politiques au système, ceux qui s’en revendiquent idéologiquement, ceux qui veulent en tirer un profit personnel, ceux qui disent vouloir le changer de l’intérieur en récusant la politique de la chaise vide, et ceux, de loin les plus nombreux (au moins 80 %,) qui sont dans la rupture, aspirant à un changement systémique et dont la libération des détenus politiques et d’opinion est l’urgence première.
Ce sont ces lignes de fracture, dans versus hors système, qui traversent les partis traditionnels et qui prédisposent à des recompositions politiques futures.
Ce d’autant que les problématiques politiques portées par le RPK, la question du statut de la Kabylie, la redéfinition de la nation, la nécessaire régionalisation et la refondation de l’Etat sont devenus des sujets majeurs du débat politique.
Le 30 novembre 2021
Pour le RPK, Malika Baraka