Vendredi 23 novembre 2018
7061 femmes ont subi des violences durant les 9 premiers mois de 2018
La commissaire de Police, chef du Bureau national de protection des catégories vulnérables , Khouas Yasmine a fait état, mercredi à Alger, de l’enregistrement de 7061 cas de violence faite aux femmes lors des neuf premiers mois de 2018, contre 7586 cas en 2017, soit un recul de 3.56%.
Intervenant au Forum de la sûreté nationale à l’occasion de la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre) et de la Journée internationale des droits de l’enfant (20 novembre) , Mme. Khouas a affirmé que « les cas de violence faite aux femmes ont connu une baisse lors des neuf premiers mois de 2018 par rapport à la même période de 2017 », précisant que « les cas de violence, toutes formes confondues, recensés lors des neuf premiers mois de 2018 s’élevaient à 7061 cas, contre 7586 en 2017, soit une différence de -3.56% ».
Expliquant que les femmes sont victimes de différents types de violences, l’intervenante a relevé que « la violence physique est la forme la plus pratiquée contre les femmes au cours des neuf premiers mois de 2018, avec 5150 femmes victimes contre 5272 cas enregistrés en 2017 ».
Les services de police ont recensé, d’autres types de violence, a ajouté Mme. Khouas soutenant que le nombre d’agressions sexuelles s’élevait à 105 cas, contre 193 durant la même période de 2017.
S’agissant de la frange d’âge la plus exposée à la violence, la commissaire de police a indiqué qu’il s’agissait des femmes âgées entre 26 et 35 ans, même représentation pour les agresseurs. Quant à la situation professionnelle, elle est « sans profession » pour la femme violentée, et « chômeur » ou journalier pour l’agresseur. Le niveau intellectuel pour l’agresseur et pour la victime est « moyen », selon les explications fournies par Mme. Khouas.
Les services de police ont enregistré, par ailleurs, une augmentation du taux de violence sur ascendants qui concerne la tranche d’âge de plus de 56 ans, a-t-elle soutenu.
La femme violentée retire souvent la plainte déposée contre l’agresseur, a indiqué Mme Khouas qui souligne, à ce égard, que la femme algérienne s’acquitte de tous les rôles et ne pense pas à son statut de victime mais plutôt au regard porté par la société et la famille.
D’après les statistiques, poursuit l’intervenante, 736 cas de femmes avaient, en 2017, retiré leurs plaintes déposées auprès des services de Police, contre 411 cas de femmes qui s’étaient désistées durant l’année en cours.
Mme Khouas a souligné que la DGSN s’est référée, dans sa vision de lutte contre la violence faite aux femmes, aux recommandations d’une conférence qui a aboutit à 14 recommandations relatives au renforcement des capacités et des compétences professionnelles des cadres concernés par la prise en charge des catégories vulnérables et de la coordination avec tous les secteurs ministériels, la société civile ainsi qu’avec les organisations européennes, aux fins de formation et de concrétisation de zéro violence à l’égard de la femme.
Pour ce faire, la DGSN s’emploie à lancer un programme dense en vue de consolider les capacités des cadres pour lutter contre les stéréotypes, changer les mentalités et améliorer la prise en charge des catégories vulnérables et de la femme, en particulier.
Elle a également affirmé que la DGSN s’emploiera à la mise au point d’un guide contenant les prestations destinées à la femme, dans tous les domaines, tant au plan religieux et sanitaire, que dans le domaine de l’information relative aux centres d’hébergement des femmes violentées, en sus d’information d’ordre juridique (dépôt de plaintes ou introduction d’actions).
Pour sa part, le président de la Fondation nationale de promotion de la santé et du développement de la recherche (FOREM), Mustapha Khiati a affirmé que sa fondation avait enregistré 10.000 cas de maltraitance à l’égard des enfants, au cours des dernières années, dont 2000 à 3000 cas d’agressions sexuelles, relevant, à ce titre, que 80% de ces cas avaient été enregistrés au sein même de la famille.
Il a, à ce propos, souligné qu’en dépit des efforts consentis par le gouvernement et de l’arsenal juridique, ayant été mobilisés en la matière, il n’en demeure pas moins que la violence demeure une réalité, relevant que la violence verbale, voire même parler à haute voix dans la rue, produit de nouveaux stéréotypes associés à la violence.
M. Khiati a également cité les droits de l’enfant à la santé et à l’enseignement, plaidant dans ce sens, pour la nécessité de traiter le phénomène de la déperdition scolaire des enfants âgés de moins de 16 ans.