23 novembre 2024
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Privatiser les banques publiques, mais comment ?

Quel est le sens que l’on peut attribuer à l’annonce faite, le 5 décembre dernier, par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane ?

En effet, d’après ce dernier, l’ouverture des capitaux des banques publiques interviendra dès 2022. Si aucun calendrier n’a été dévoilé, le Premier ministre a toutefois expliqué que le capital de certaines entreprises publiques sera ouvert via la bourse d’Alger.
Aucun détail sur les banques concernées (officiellement, l’Algérie possède six banques étatiques), ni sur les modalités de cette ouverture.
Si ces annonces sont encourageantes pour attirer l’investissement extérieur, elles n’en restent pas moins insuffisantes, d’autant que le pays manque de feuille de route précise sur ce processus de privatisation.
En ce sens, A. Benabderrahmane s’est contenté d’indiquer que le gouvernement mise sur des nouvelles dispositions à adopter dans le cadre du nouveau mode de gestion des entreprises étatiques, lequel devrait permettre la soumission des gestionnaires à une évaluation périodique, semestrielle et annuelle pour mesurer l’efficacité du processus de gestion.
L’accent sera mis également sur la relance des entreprises publiques en stagnation, en s’appuyant sur des partenariats fructueux avec l’étranger. Il va de soi que les facteurs macro-économiques actuels, du reste très contraignants avec une grave crise économique en perspective, ont joué en faveur de la décision de l’exécutif d’aller vers le choix de la privatisation des banques publiques.
Néanmoins, nombre d’expériences internationales des autres pays ayant déjà mené, ces dernières années, la privatisation de leurs banques publiques ont démontré que ce processus doit traverser plusieurs étapes et subit l’influence de plusieurs facteurs politiques ou économiques.
Une étude menée par des chercheurs de la Faculté des sciences de gestion de l’Université de Tunis sur le processus de privatisation des banques publiques dans 16 pays de la région MENA (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Turquie), durant une période de vingt-quatre ans, soit de 1988 jusqu’à 2011, a conclu, d’une part, que les pays, politiquement instables et plus risqués sont moins susceptibles de privatiser leurs banques publiques.
De l’autre, les pays qui ont une plus grande responsabilité envers l’électorat et une bonne qualité de réglementation sont davantage susceptibles de privatiser leurs banques publiques que ceux ravagés par la corruption et dont les gouvernements  ont tardé au pouvoir. En gros, des réformes profondes attendent notre pays.
Autrement dit, la tâche de l’exécutif s’avère être compliquée tant que l’enjeu de l’édification de l’Etat de droit n’est pas encore concrétisé.
Kamal Guerroua

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