22 novembre 2024
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Le Hirak est-il en échec ?

Hirak

Le premier jour du Hirak, j’ai sauté de joie. Je me suis dit qu’enfin, mon pays ressemblera un peu au contenu de mes rêves. Je suis un rêveur, peut-être utopique de l’avis de certains, mais un rêveur du possible.

Ce possible n’est pas impossible pourvu que le rêve soit possible. Je tiens pour principe la citation de Jean Jaurès où il dit la chose suivante : « Il faut aller à l’idéal, en passant par le réel ». Le réel, le nôtre, est plus qu’amer, il est l’amertume elle-même et l’idéal me semble hors de portée, du moins dans le moment présent. D’autant que la révolte du peuple et sa détermination d’en finir avec le désordre, la corruption et l’arbitraire, n’ont pas été suivies par la discipline, l’organisation, la mobilisation qu’il faut des élites. La cassure est consommée.
Le peuple d’en bas ne communique plus avec son intelligentsia. Il est en conflit avec tout ce qui est pouvoir, avec tout ce qui est autorité, avec tout ce qui est « légal ». Il ne croit plus aux discours ni aux promesses. Il est en rupture de ban avec tout ce qui est officiel. Il s’en tient à la légitimité, mais une légitimité qui n’a pas de fondement légal, parce que c’est une légitimité hors du cadre légal du régime en place et des textes fondamentaux du pays.
Et puis, ce qui complique la situation, c’est que ce régime est reconnu officiellement par les USA, la Russie, la France et les grandes puissances de ce monde, moyennant quelques avantages sur le plan économique et de coopération géostratégique, comme le dossier du terrorisme, l’immigration clandestine, le Sahel, la Françafrique, etc.
On se retrouve, donc, dans une situation kafkaïenne où le peuple vit dans un monde et le Système (la société civile, les partis, l’autorité de l’armée, la présidence, les ministres et toute la nomenklatura), dans un autre. « Yetnhaw gâa » (Qu’ils dégagent tous), un slogan populiste très vulgarisé parmi les masses, est devenu un principe révolutionnaire que l’on veut appliquer en toute urgence, alors que l’on est en conflit direct avec ceux que l’on veut destituer ou remplacer.
Au fil des mois, le système se découvre dans l’impasse, parce qu’il gère « légalement » un peuple qu’il n’a pas conquis « légitimement » et le peuple plonge dans ses contradictions quant aux suites à donner à sa révolution. S’ensuit la crise de Covid-19 et ses conséquences, puis l’épuisement d’une partie du peuple, puis enfin le ralliement d’une autre partie à la feuille de route de ceux qu’elle veut pourtant « dégager ».
La révolution a perdu de son dynamisme, de sa ferveur et de sa force de frappe du départ, mais reste vivante dans le cœur de ceux qui y croient. Peut-on dire que c’est la fin du match, avec le retour en force de l’arbitraire, de la répression, de la restriction des libertés, de la question des détenus d’opinion, sur fond de la répétition des pratiques désuètes du passé? Non, parce que le Hirak est d’abord une idée, et puis, il n’est pas limité, comme l’aurait écrit un célèbre journaliste, dans le temps. Il épouse le temps.
Il est le temps. Nul arbitre ne peut siffler la fin du Hirak ou rappeler le temps qui reste à jouer ». Cela dit, c’est le peuple qui décide quand il s’arrête et quand il reprend sa lutte. Ce peuple qui a décidé, seul, de sortir dans le rue le 22 février 2019, pourra refaire l’expérience comme il pourra s’en abstenir, le cas échéant.
La décision lui appartient en premier lieu et elle sera prise de l’intérieur et non pas de l’extérieur, et indépendamment des chaînes de télévision, des militants démocratiques, et des activistes installés à l’étranger.
Quoiqu’on en dise, le peuple a réussi, a fait son devoir, a exprimé son rejet total de l’establishment avec un pacifisme légendaire. En revanche, les élites ont failli à leur devoir et ont déshonoré l’éthique de la bonne gouvernance et de l’engagement au côté du peuple qu’elles sont censées protéger, défendre, et servir.
Au départ, quoique je n’eusse pas minimisé l’effet de la contre-révolution en marche, j’étais presque sûr qu’avec ce raz-de-marée humain qui campait dans la rue chaque mardi-vendredi, on arriverait à réaliser au moins la moitié de ce pour quoi la rue s’était soulevé. Mais, c’était peine perdue !
La seule explication possible, c’est que le Hirak n’a pas de programme ni de feuille de route ni une plate-forme de revendications avec un calendrier précis. Il nage dans le flou et, vu de l’extérieur, il est une coquille vide avec des slogans hétérogènes et un peu utopiques qui ne cadrent pas avec le contexte régional.
Somme toute, il manque de projection et sa logique de confrontation n’a pas aidé à la résolution du problème. En bout de processus, l’incertitude règne sur les esprits quant au devenir du pays, avec l’avènement d’une crise économique majeure dont les effets seront terribles…

Kamal Guerroua

5 Commentaires

  1. Bismi allah errahmane errahim,

    « Le premier jour du Hirak, j’ai sauté de joie. Je me suis dit qu’enfin, mon pays ressemblera un peu au contenu de mes rêves. Je suis un rêveur, peut-être utopique de l’avis de certains, mais un rêveur du possible. »

    Iben moua malgré tous les euphorisants que je me tape je n’arrive pas à atteindre ce niveau d’orgasme si facilement. Même si je m’étais moua aussi enflammé pour ce mouvma.

    Le premier jour du Hirak , j’ai été pris à contre-pied , avant de me rendre compte , que c’était une protestation contre l’aberrant et humiliant cinquième mandat. Aussi le deuxième vendredi j’ai manifesté nonobstant le 3ar avec des tangos qui ont profité de l’occasion pour resquiller avant de préempter totalement ou presque le mouvement.

    Puis, en rentrant chez-moi, je me suis mis à me morfondre pour m’y avoir laissé prendre comme un gogo par le mouvement.

    En vérité , sur le coup je ne m’étais pas rendu compte que thaghlid dgui. Ce n’est que lorsque Hmimich , mon chat, m’a alpagué , comme celui qui est revenu de Blida sans faucille et sans niker, que je me suis rattrapé.

    « Ayakhouzid, me dit-il , ya3ni à part ce cinquième mandat , qu’est ce qui a changé dans la société pour tu t’enthousiasme ainsi ? Le train de la régression s’est arrêté à un passage à niveau , pour laisser une vache, et tu t’enflamme ? »

    Comme il a vu qu’il m’a scotché il a profité de l’occasion pour m’achever.

    «  Ow ! Trois secondes avant le cinquième mandat, pas le moindre balbutiement de ce qui s’apparenterait au début d »un commencement d’une amorce de changement n’a été signalé. Aucun bouleversement culturel, scientifique, économique, climatique, géologique, n’a affecté notre société , ni aucun autre signe n’est venu laisser croire que quelque chose allait changer, bessah ketch a Hend tu t’es laissé enflammer ?

    Yakhi, ajouta-il, ces populaces, sont portées par leur instinct grégaire sur les regroupements et les processions incantatoires kay allahou youghayirou ma bi ennasi ?

    Et pour me finir , il m’a dit : «  tu n’as kamim pas l’age de Mas Guerroua pour bander si facilement pour rien ?

    Alors je lui ai répondu : la bandaison a mon chat ,ça ne se commande pas . Et on a bu deux 16 pour nous rabibocher.

    Quelle douche froide ! Je ne vous dis pas comment Hmimich m’a mouché !

      • Nighak a Lhos ,

        Un proverbe n’Guezgata dit : war t3echqed guvled, mewlec at babet. Sipa une kistyou de coup de foudre, ça peut arriver à n’importe qui. Moua ce qui me fait braire , c’est que notre société tératogène a fait une grossesse nerveuse terwed adhou , et on nous dit comme terwed kamim ilaq as ngar isem. Moua je leur aurait proposé de l’appeler izzan comme winna dont les garçons mortaient à la naissance. Mais son fils « Izzan » est mort kamim.

        En plus sipa la kistyou Gu’issem solma, c’est qu’on veut lui faire une mythologie à ce mouvma. Mas Guerroua, nous que dit le mouvma est raté mais son rêve était réussi Safi c’est pas à la casse qu’il faut chercher le Hirak mais dans les rêves et les fantasmes de ses fans.

        Ma d’Hmimich il fait comme tous les bons musulmans , il ne carbure qu’au zawedj el mouta3 !

        • Achouth aka a little too much to me a Dda Hend!

          Nikagh je comprend chwiya tes peines, il faut se rendre à l’évidence. Ce que Dédale a fait y’a que Dédale qui peut le défaire. Nagh ala?

          Tu l’a dit si bien depuis longtemps, que la montagne accouche d’une souris cela passe chwiya mais c’est lorsque on ne fait croire que la souris accouchera d’une montagne! J’ai mal au cul, Je commence a croire que Camus a finalement raison.

          Laisse masse Guerroua remplir le vide avec du néant , quant à Hmimich mazal Saadia oumagguer Amen ur tezwij-ara yerna techvah

          Cheers

          Bonos

  2. Comme il faut commencer par du positif, disons que le Hirak a fait sortir le zéro Kabyles structurel du pouvoir depuis 1962, distillé depuis au sein de certains segments de la société, de l’ombre à la lumière.

    Pour le mouvement lui même, vu qu’il est difficile d’imaginer pire pouvoir; on s’est dit pourquoi pas, même avec un tel nom exotique. Du temps perdu vu les mots sont le contenant et le contenu. La falsification par contre n’ a pas perdu son temps : le 16 février est devenu le 21 février pour coller à l’heure de la mosquée. Les hirakiens dictent entre-temps quelle injustice doit être combattue au sein des marches, quelle langue utiliser, quels chants danser, chasse au drapeau Kabyle, …. Comme dans un passé pas si lointain, ça augure déjà de lendemains enchanteurs, « kul aragz ad yagh snat » disait une artiste. Au passage, c’est le Hiraq brandissant le drapeau palestinien qui a ouvert la voie au pouvoir pour réprimer le drapeau berbère puis, bien après, à traiter de tous les noms les porteurs du drapeau Kabyle et le MAK, lequel MAK, n’a pas été au au pouvoir ni durant les années 1990, ni avant, ni après et n’a nullement les mains sales.

    Voila, en condensé, le bilan du Hirak

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