« Azeffoun/L’histoire sera témoin/Et dans les mémoires, inscrira le nom de tes enfants» Mohamed Hilmi
Si je vous dis El Hadj M’Hamed El Anka, Hacène Lalmas, Tahar Djaout, Mohamed Hilmi, Rouiched, Mohamed Iguerbouchene, Didouche Mourad, Fellag, sauriez-vous quel lien unit ces personnalités ? Et ces célébrités ne sont les seules que l’on pourrait aligner ici. Il y a encore Boudjemâa El Ankis, Hamidou, Bachir Hadj Ali, Hnifa et d’autres, beaucoup d’autres…
Vous donnez votre langue au chat ? Je ne vais pas vous faire attendre outre mesure. Ce qui réunit ce patrimoine humain haut en couleurs dans le domaine des chansons chaâbie et moderne, du cinéma, du théâtre, de la poésie, de l’humour, des pointures de la résistance au colonialisme et du roman, c’est le lieu de naissance de ces modèles de l’art, mais pas seulement. Il s’agit d’Azeffoun, un village de la Kabylie maritime qui est situé à l’est de Tigzirt.
Ces personnalités exceptionnelles ont été réunies, dans un livre qui vient de paraître, et dont le titre est Le Caroubier d’Azeffoun, et pour sous-titre, La terre d’Azeffoun en commun. C’est un livre qui a demandé non seulement des recherches qui se sont étalées sur plus de deux ans mais aussi et surtout des entretiens avec des sachants qui ont connu l’une ou l’autre personnalité dont il est question.
Sans être dans le secret des Dieux ni dans celui des hommes, je crois savoir à travers la lecture des pages qui ont été offertes à ma sagacité qu’il s’agit principalement du regretté Mohamed Hilmi et de Kamel Hamadi.
Ne soyez pas trop impatient pour connaître le nom de l’auteur (il parait que l’on dit maintenant auteure ou autrice, mais il parait là aussi que je suis vieux jeu) et cet auteur est Horia Bouayad, née à Paris mais dont les deux parents sont originaires d’Azeffoun précisément.
Elle est l’organisatrice d’un évènement qui s’appelle Awal et qui a fait date dans l’histoire de ce village. Il s’est déroulé le 29 mars 2019, sur place, drainant une assistance nombreuse. J’étais invité avec nombre de personnalités. J’y ai lu un texte de témoignage sur l’amitié qui me liait à Tahar Djaout tandis que Hend Sadi s’est exprimé sur la vie et l’œuvre de Hnifa.
A l’intérieur de l’ouvrage, en le feuilletant, le lecteur aura le privilège de découvrir de sublimes portraits d’El Anka, de Fellag, d’Ifticène, de Hnifa ou de Tahar Djaout, entres autres, portraits magnifiquement dessinés par le talentueux Zitoun Kerkaden.
Horia Bouayad a dû faire un choix. Elle ne pouvait pas écrire, ne serait-ce que quelques pages, sur chacune des personnalités d’Azeffoun, il y en a beaucoup trop pour un seul livre, et ce choix, comme toute désignation, ne pouvait qu’être partial mais nullement déloyal. Le Caroubier d’Azeffoun est donc un recueil qui met en exergue une dizaine de figures prépondérantes de la culture locale. Avec pour chacune d’entre elles, des informations glanées au plus près de ce qui fut la réalité. Et des bustes faramineux de Zitoun Kerkaden dont l’aisance et la dextérité nous encouragent à parler de lui dans un prochain numéro.
Le Caroubier d’Azeffoun est un livre qui se laisse lire comme un roman policier. C’est à cette aptitude de Horia Bouayad que nous devons cette belle série de portraits éclairants.
Kamel Bencheikh
Pour être exact, Azeffoun n’est pas « un village » dans le contexte de ce livre, c’est plutôt une région qui réunit deux anciens archs entiers, les Ath jennad et les Izerkhfawen, plus une petite partie des Iflicen (n’levhar) et des Ath Fliq. Il y a bien un village nommé Azeffoun, mais les gens de la région distinguent entre Azeffoun le vieux village, appelé « Thadderth Ouzeffoun » pour faire la distinction, et Azeffoun la ville. Thadderth Ouzeffoun désigne l’ancien village sur la colline, qui a donné son nom à la ville d’Azeffoun (ancien Port Gueydon) parce que la France avait fondé la petite ville sur des terres appartenant au village d’Azeffoun. Aujourd’hui quand on dit simplement Azeffoun, sans préciser qu’il s’agit de Thadderth Ouzeffoun, on parle de toute la région côtière qui commence à une quinzaine de kms à l’est de Tigzirt et continue jusqu’à Aït Chaffa3 à l’ouest, et de la mer au nord jusqu’à Aghriv et les villages voisins au sud.
Le tout forme une sous-région homogène où depuis des siècles il y a de nombreux liens familiaux entre les divers villages qui la composent. Ces villages sont généralement très petits, ce qui fait que beaucoup de gens se connaissent ou ont des liens de parenté d’un village à un autre. Il faut savoir qu’il y a plusieurs villages kabyles qui ont autant (ou peut–être plus) d’habitants que toute cette région.
Mais il y a aussi un autre arch, celui des Ait H’ssaine situé à l’Est du village d’Azeffoun ; ses villages sont partagés entre les communes des Ait Chafâa et d’Ighil N’Zekri.
En somme, les 3 principaux archs qui composent la région d’Azeffoun sont: Ath Jennad, Ath Flik et Ath H’ssaine.
Je pensais que Ighil n’Zekri faisait partie des Ath Fliq, mais il ya aussi le arch des I3ezzouzen à la limite est. La région à l’est et sud-est d’Azeffoun était si peu peuplée qu’il est difficile pour les moins vieux de savoir où se trouvaient les limites des anciens archs.
il ne faut pas oublier le arch principal, celui des Izerkhfawen. La ville d’Azeffoun est au centre de ce arch.
Merci beaucoup à Kichi Duoduma et à Sigli pour ces précieuses informations qui apparaissent dans mon livre. Effectivement il semble plus juste de parler des archs, c’est ce que je spécifie, tout autant que de la région d’Azeffoun qui comprend plusieurs villages comme vous l’avez si bien spécifié Kichi Duoduma, assimilée de fait au nom d’Azeffoun. Mais comme vous le précisez, il est difficile de connaître avec exactitude la limite des anciens archs, nos anciens partant sans nous laisser, pour beaucoup, leurs précieuses connaissances. Merci en tous les cas pour votre intérêt à notre belle région.