Plusieurs gouvernements ont annoncé l’envoi d’aide militaire à l’Ukraine, près d’une vingtaine de pays européens notamment ont répondu aux appels de Kiev. Une aide militaire qui comprend des missiles capables de résister à la menace des véhicules blindés.
Les images sont saisissantes. Sur des dizaines de kilomètres, déferlant vers Kiev, des colonnes de blindés russes. Sur les routes, au touche à touche, formant des embouteillages, des camions militaires pour le ravitaillement, des véhicules de combat d’infanterie. Et pour percer les lignes de défense, des blindés lourds. Les fameux T72. C’est le modèle de char le plus courant dans l’armée russe. Un véhicule assez âgé, puisqu’il date de la fin de la guerre froide, mais régulièrement modernisé. Il demeure très efficace.
Ces dernières semaines, les armées occidentales ont pourtant fourni à l’Ukraine de redoutables matériels pour combattre ces bataillons motorisés. À commencer par le missile portatif Javelin. D’une portée d’un kilomètre et demi, il a fait ces preuves en Irak contre les blindés T72.
Les États-Unis et l’Estonie ont livré plusieurs centaines de Javelin à l’Ukraine. Le Royaume-Uni a de son côté livré un important stock de NLAW, un missile antichar portable connu également sous l’appellation suédoise de Robot 57. Si sa portée n’excède pas 800 mètres, il est en revanche très adapté aux zones urbaines.
Berlin et les Pays-Bas ont de leur côté cédé plus de 1 000 roquettes antichar Panzerfaust, à charge creuse. Quant à la France, elle pourrait livrer des MMP, des missiles moyennes portées. Efficace jusqu’à 5 kilomètres, son guidage permet au tireur de ne pas dévoiler sa position.
Si la maîtrise du ciel appartient à l’armée russe, l’Ukraine est néanmoins en mesure de résister à la menace aérienne, en particulier à celle des hélicoptères, avec le Stinger, missile sol-air américain devenu célèbre lors de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques. L’Allemagne et les Pays-Bas ont autorisé la livraison de 700 missiles de ce type. Grâce à ces missiles de tous types, l’armée ukrainienne, en infériorité numérique, a la capacité de ralentir le rouleau compresseur russe.
Une guérilla à outrance
L’asymétrie, la réponse du faible au fort, c’est l’art de la guérilla. Et les forces ukrainiennes excellent en la matière. Au douzième jour de guerre, côté russe, les revers s’accumulent. La logistique a du mal à suivre. Le fer de lance de l’offensive piétine au nord de Kiev. Grâce aux missiles antiaériens Stinger, les Ukrainiens auraient abattu neuf appareils russes samedi 5 mars, ce qui explique en partie le ralentissement de l’activité aérienne.
Au sol, grâce aux missiles Javelin, ils parviendraient à détruire chaque jour une vingtaine de blindés. À ce rythme, sans bombardements aériens indiscriminés sur les villes et sans l’utilisation massive de l’artillerie, l’armée russe pourrait avoir perdu le tiers des effectifs engagés d’ici à quelques semaines.
La force de l’armée ukrainienne est de disposer de forces spéciales très aguerries, des soldats formés dès 2015 par les États-Unis et préparés à faire face à une invasion russe. Les commandos ukrainiens sont dotés de tireurs d’élites reconnus. Selon Kiev, ces tireurs auraient éliminé il y a quelques jours le commandant de la 7e division aéroportée russe ainsi qu’un commandant adjoint de la 41e armée interarmes.
Des commandos britanniques et canadiens ont également été déployés ces derniers mois pour former les Ukrainiens aux techniques de sabotage. L’armée ukrainienne, sur le modèle russe, peut également s’appuyer sur plusieurs centaines de Spetznaz, des soldats d’élites privilégiant les combats de harcèlement. Les forces ukrainiennes ont une connaissance intime de leur adversaire, un atout considérable pour mener efficacement une guérilla. RFI