22 novembre 2024
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AccueilChroniqueEPE en Algérie : mauvaise «gestion», bonne «digestion» ?

EPE en Algérie : mauvaise «gestion», bonne «digestion» ?

Ministère des Finances

Si l’on se réfère au dictionnaire, gérer vient du latin « gerere » qui veut dire administrer, gouverner. D’une manière générale, il y a décision de gestion, lorsqu’une décision est prise alors qu’il n’existe pas de lois (scientifiques ou techniques) ou de règlements dont l’observation  conduit obligatoirement à une solution unique.   

Il y a décision de gestion, lorsque le décideur doit, à partir de la connaissance d’un phénomène et à partir d’une prévision ou d’une  » anticipation » sur le futur, choisit parmi les nombreuses possibilités celle qu’il considère comme la meilleure.

Ainsi donc, il apparait que la décision de gestion est par essence, celle qui fait intervenir le « jugement » de l’homme avec son aptitude à choisir , à prévoir, à donner une valeur à ce qui n’est pas mesurable par opposition à la décision technique qui résulte de l’application intelligente de règlements ou de la technique.

Du point de vue de la décision de gestion, on peut distinguer : les macrodécisions et les microdécisions. Les macrodécisions sont généralement le fait d’un collectif qu’il s’agisse de l’Etat, d’un Collectif : des travailleurs ou des actionnaires.  Elles s’appuient le plus souvent sur une prévision globale à long terme. Elles portent sur les lignes générales d’orientation et impliquent l’usage d’une certaine contrainte.

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Par contre les microdécisions sont  le fait d’un individu, généralement l’entrepreneur, qui prend des risques pour lesquels il se fait rémunérer.

Ces décisions impliquent l’acceptation à un moment donné d’un certain dosage entre différentes forces tant objectives que subjectives. Elles portent sur des phénomènes liés à la vie de l’entreprise mais sous réserve des macrodécisions dont  l’incidence peut être plus ou moins ressentie selon le système économique dominant dans lequel se meut l’entreprise.

Le développement des entreprises publiques est une caractéristique commune de l’ensemble des économies. Il découle de l’accroissement du rôle de l’Etat dans l’économie.

L’entreprise publique est devenue un instrument de politique économique de plus en plus employé. De par sa soumission aux objectifs de la politique économique des gouvernements, elle constitue un moyen d’actions privilégié à la disposition du gouvernement.

La politique économique étant la technique par excellence des choix macro-économiques entre les objectifs et les instruments face à des contraintes. La conduite d’une politique économique réfléchie et non empirique suppose une information fiable et vérifiable. En effet, la cohérence du calcul économique ne peut être atteinte dans l’état actuel des choses en raison de la variété des décideurs économiques et des contraintes politiques et sociales.

La gestion des entreprises publiques en Algérie obéit généralement plus au respect du formalisme et de la rigidité juridique qu’à la logique économique ; car, il n’existe pas pour les entreprises publiques, ni critères de bonne gestion, ni incitation à une meilleure gestion, ni sanction en cas de résultat négatif.

Même dans le cas où ils existent, ils ne sont pas pertinents. La dilution des responsabilités provient de la multiplication des autorités de tutelle. Ce phénomène empêche  toute définition précise des objectifs en matière de structure et de choix économique. Les résultats de gestion n’engagent que la responsabilité de l’entreprise, elle n’engage pas la responsabilité des décideurs politiques. D’autant plus que les fonctionnaires qui exercent le contrôle ne sont pas responsables  de leurs actes. La définition des rapports entre l’ Etat et les entreprises  publiques a été toujours délicate.

Entre l’étatisme intégral et l’autonomie complète, de multiples systèmes ont été pratiqués, sans résultat patent ? L’examen des résultats d’une entreprise publique entraîne rarement des sanctions.

Mais pour être objectif, on doit noter que la présence de récompenses  est aussi rare que celle des sanctions, comme il est utile de signaler que la non-exécution  des directives gouvernementales n’entraîne généralement pas de conséquences graves sur l’entreprise ou sur ses dirigeants.

La situation de dépendance dans laquelle se trouve l’entreprise publique vis à vis de l’Etat, en ce qui concerne la gestion financière, peut la conduire à user des pressions de toutes sortes auprès du gouvernement afin que celui-ci modèle ses choix sur les impératifs de ses propres intérêts. Il suffit de se référer aux innombrables opérations d’assainissement et de restructuration financière pour s’en convaincre.

Pour apprécier objectivement les performances d’une entreprise, il faut effectuer une double vérification : examiner d’une part, si les résultats sont conformes aux objectifs ; et si ces objectifs sont en adéquation avec les moyens mis en place ; vérifier d’autre part, si les moyens nécessaires sont compatibles avec les disponibilités internes et  externes des facteurs de production.

En un mot, le contrôle des entreprises publiques devrait avoir pour objet de vérifier l’efficience et la soumission de l’entreprise aux objectifs de la politique économique. Force nous est de constater que l’entreprise publique se caractérise le plus souvent par une absence d’évolution dans le modèle d’appropriation ; l’appropriation publique est en effet souvent illimitée dans le temps rendant infaillible et invisibles les actionnaires politiques par la socialisation des pertes et la privatisation des profits..

Dr A. Boumezrag

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