Les malheurs de « Coach Vahid », nouvel épisode. Remercié jeudi par le Maroc, qu’il a pourtant qualifié pour la Coupe du monde au Qatar, Vahid Halilhodzic subit ce genre de camouflet pour la troisième fois de sa carrière, après la Côte d’Ivoire et le Japon.
Dans un communiqué, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a évoqué une séparation « à l’amiable » en raison de « divergences de points de vue (…) au sujet de la préparation idoine des Lions de l’Atlas » pour la Coupe du monde au Qatar dans trois mois.
Le Maroc, versé dans le groupe F, sera aux prises avec la Croatie, la Belgique et le Canada.
L’intransigeance du sélectionneur sur les cas Hakim Ziyech et Noussair Mazraoui lui a été fatale. Fidèle à ses principes, le coach franco-bosnien, qui ne veut que des joueurs « qui donnent 100% pour l’équipe nationale », ne voulait pas reprendre le milieu offensif de Chelsea ni l’arrière de l’Ajax Amsterdam, qui avaient par le passé décliné la sélection.
L’insistance du président de la Fédération, Fouzi Lekjaa, répétant que « les portes de l’équipe nationale sont ouvertes à tous les joueurs marocains, quels que soient les différends », annonçait le sort de Vahid.
Il a pourtant réussi du bon travail à la tête des « Lions de l’Atlas ». Depuis son arrivée, en août 2019, Halilhodzic a rajeuni les cadres, avec les frères Ryan (24 ans) et Samy (25 ans) Mmaee, Sofyan Amrabat (25 ans), Selim Amallah (25 ans) ou Azzedine Ounahi (22 ans) et qualifié son équipe pour le Qatar. Mais à la Coupe d’Afrique des nations, en début d’année, l’élimination en quarts de finale contre l’Égypte (2-1 a.p.) est mal passée.
Une nouvelle fois, l’ancien entraîneur de Lille et du Paris Saint-Germain doit s’en aller au milieu du gué, tout près d’une Coupe du monde. Une frustration qu’il a déjà vécue tant à la tête de la Côte d’Ivoire que du Japon.
« On m’a traité comme de la merde »
Pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, il qualifie la Côte d’Ivoire de Didier Drogba mais est remercié quelques mois avant la compétition, payant l’élimination en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations contre l’Algérie (3-2 a.p.).
« Ce n’était pas du manque de respect, c’est bien pire que ça, c’est vraiment dégoûtant, je l’ai très mal vécu », racontait-il cette année à l’AFP avant l’édition 2022 de la CAN.
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« On m’a envoyé un fax, je n’ai même pas été reçu par le président, même pas par le secrétaire pour m’expliquer. Puis on m’a dit: +Tu n’as pas gagné la CAN, c’est fini, avec des mots cruels, sans aucune classe », poursuivait-il.
Huit ans après ce limogeage, il qualifie l’équipe du Japon mais se voit de nouveau écarté, un peu plus de deux mois avant le Mondial en Russie.
« On m’a traité comme de la merde, on m’a jeté à la poubelle », s’est étranglé Vahid. « La méthode employée pour me licencier est un manque de respect total pour tout ce que j’ai donné au football japonais. »
Son management dur, son ton cassant avaient trop heurté certains « Blue Samouraïs » et fini par lasser.
Et voilà que le Maroc, où il avait découvert l’Afrique à Casablanca, en remportant la Ligue des champions avec le Raja en 1997, lui fait le même coup …
« Je ne sais pas faire de langue de bois »
Halilhodzic est victime de sa réputation et de son intransigeance, lui qui regrette de n’être pas assez reconnu pour un fin tacticien et un acharné de travail, capable de regarder des heures de matches de ses adversaires pour préparer ses plans.
« Quand je suis revenu à Nantes (2018-2019), les questions portaient toujours sur le personnage +Vahid+, on ne s’est jamais intéressé à mes idées sur le football », regrettait-il auprès de l’AFP.
« On met toujours en avant mon caractère, la discipline, surtout dans les médias, on ne parle jamais de moi comme technicien, comme tacticien, pourtant je suis fort sur les choix tactiques », poursuivait-il.
« C’est peut-être de ma faute, je ne sais pas toujours utiliser la communication, je ne sais pas faire de langue de bois, concluait-il. Mais qualifier quatre équipes pour la Coupe du monde, ce n’est pas seulement avec de la discipline. »
Au final, à 69 ans, il n’a dirigé qu’une Coupe du monde à la tête d’une sélection: c’était en 2014 avec l’Algérie, une belle aventure terminée en 8e de finale sur un match formidable contre l’Allemagne (2-1 a.p.), future championne du monde. Vahid avait terminé en larmes, cette fois-là, il avait fait l’unanimité.
AFP