Tout porte à croire que les efforts que déploie l’Algérie ne sont pas reconnu par l’Union européenne. L’accord qu’elle avait signé avec l’Italie pour lui donner une quantité supplémentaire d’environ 9 milliards de m3 qu’elle confirme par son approvisionnement de ce pays qui atteint 13,9 milliards de m3 au premier semestre soit près de 113% d’augmentation par rapport aux engagements contractuels, ne suffisent pas pour l’UE.
Pourquoi ? Les différents responsables membres de l’UE n’arrêtent pourtant pas de faire l’éloge de la fiabilité de l’Algérie mais dans son rapport officiel d’approvisionnement en gaz du premier trimestre 2022, (01) l’Union européenne constate que tous ses fournisseurs ont fait un effort pour augmenter leurs volumes à l’exception de ceux de l’Afrique du Nord dont l’Algérie avec -17% et la Libye avec -40%.
Pourtant, en réponse à la polémique sur la capacité de l’Algérie d’honorer ses engagements envers son partenaire italien, un communiqué du ministère de l’Energie algérien, repris par l’organe de presse étatique (02) dans sa livraison du 21 septembre 2022, déclare que l’Algérie aurait livré à ce jour une quantité supplémentaire depuis le 30 juin 2022 de 3,9 milliards de m3 pour atteindre un total livré de 17,8 milliards de m3.
Ce communiqué, précise que «l’Algérie renforcera sa position de premier fournisseur de gaz de ce pays qui va recevoir encore 10 milliards de m3 de gaz supplémentaires dans les prochains mois ». Il se trouve qu’il justifie ces quantité supplémentaires par une augmentation de la production et la mise en développement des dernières découvertes.
Ceci apparemment n’est pas rentré dans la tête des analystes européens pour qui il est difficile de croire que les dernières découvertes puissent donner les premières gouttes de gaz en si peu de temps.
Le rapport semble insinuer que ce que l’Algérie prend d’un côté (Espagne), le verse à l’Italie pour qu’en défectif à la sortie de l’Europe on reçoit moins que d’habitude au moment même où la crise énergétique s’amplifie.
Le problème serait cet imbroglio communicatif entre la tutelle et Sonatrach qui avance des chiffres contradictoires pour le ministère de l’énergie on y va pour l’Italie jusqu’à 27,8 milliards de m3 , alors que le PDG de Sonatrach dans une déclaration toute récente à l’agence Bloomberg parle d’un band de 20% pour atteindre la fin de l’année 2022, 25,2 milliards de m3 (03).
Plus grave, sans citer avec précision l’origine de cette augmentation pourtant communiquée à cette tutelle comme provenant de la fameuses découverte du Lias carbonaté de Hassi R’mel dont le démarrage est prévue fin septembre (04), l’est-il à ce jour ?
On apprend aussi qu’au premier trimestre 2022 ce qui confirme le rapport de l’ONS algérien, le prix à l’importation du gazoduc algérien estimé en Espagne était de 35,8 €/MWh, en hausse de 37% par rapport au trimestre précédent (26,1 €/MWh), et de 161% par rapport au même trimestre 2021.
Le contrat algérien reflète clairement l’impact décalé dans le temps de la hausse des prix du pétrole brut. Mais au premier trimestre 2022, le prix moyen estimé à l’importation algérienne en Espagne a continué d’être fortement inférieur aux prix à l’importation du GNL espagnol (64 € / MWh), offrant un avantage concurrentiel aux importations algériennes.
Cependant, en raison de la résiliation du contrat de gazoduc GME à travers le Maroc au quatrième trimestre 2021, les volumes d’exportation vers l’Espagne n’ont pas pu augmenter davantage, car le gazoduc Medgaz, reliant directement l’Espagne au Maroc, fonctionnait également à presque pleine capacité : Le prix à l’importation du gaz algérien en Italie (29 €/MWh) a été inférieur à celui de l’Espagne au premier trimestre 2022.
En comparaison trimestrielle, le prix à l’importation algérienne en Italie a augmenté de 17% et de 116% en glissement annuel au premier trimestre 2022.
Cependant, les importations de gaz par gazoduc en provenance d’Algérie ont diminué de 5% durant la même période de 2022 en glissement annuel en Italie. Le rapport constate en conclusion sous forme d’un message à ses fournisseurs de gaz. « Pour l’avenir, l’avantage actuel des contrats indexés sur le pétrole devrait persister tant que les prix au comptant du gaz seront aux niveaux élevés actuels, bien que les récents prix élevés du pétrole brut filtreront dans les contrats indexés sur le pétrole au cours des prochains trimestres de 2022. »
Rabah Reghis
Renvois
(01)https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/energy_climate_change_environment/quarterly_report_on_european_gas_markets_q1_2022.pdf (02)https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.elmoudjahid.dz%2Ffr%2Fnation%2Fapprovisionnement-de-l-italie-en-gaz-l-algerie-honore-ses-engagements-189052%3Ffbclid%3DIwAR1HTGEL9jhDtQ-z2aERsm_P9yNw9N1Vdc7e051WeHj2RqvllJM28hs-r5Q&h=AT0M2hZ7AS0dS8idy_7JXOfeQYO7n_xnLpyCUvH6YrQyB3JuSVfu8PGyjrnizWLm3wxVTlTwJqERXl6Eq9sG9yP-mPyaobPEFG4EYJtjSEc-pvEwm-w2uTVDRKG3GRlGDIi