22 novembre 2024
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« Fou d’Ahlam » de Louenas Hassani, un roman de libération

Crédit photo Aomar Kaidi
Crédit photo Aomar Kaidi

Dans son dernier roman intitulé « Fou d’Ahlam », Louenas Hassani raconte, dans un style fluide, exquis et empreint de poésie, un récit captivant dont la lecture vaut le détour. 

Mêlant habilement grande et petite histoire, le texte nous balance entre les méandres d’une pandémie affligeante et une histoire d’amour incarnée par deux personnages dont l’élan et la passion sont subitement refrénés par le déferlement de l’épidémie et les décisions politiques absurdes et déraisonnables qui en découlent.

De bout en bout, l’auteur insuffle entre les lignes des brins saisissants de réflexions philosophiques. De ce fait, l’état de siège dressé comme arrière-plan à la trame ne saurait être compris autrement que comme une allégorie de la vie. L’idée même de prison qui se décline au pluriel y apparait comme une réalité inhérente à la vie humaine. L

es peurs, les préjugés, les dogmes, les illusions et les systèmes que nous avions savamment institués ne constituent-ils pas autant de geôles qui nous renvoient sans cesse à notre misérable condition de captifs ?

Qu’ils croupissent donc derrière des barreaux de ferraille gardés par des geôliers vireux ou qu’ils fassent le pied de grue devant des murs et des frontières bravant arbitraire, lois scélérates et intolérance ; partout et à toutes les époques, les Hommes tendent tous vers un seul et même but : retrouver leur liberté.

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Il en va ainsi des détenus d’opinions algériens à qui l’auteur a dédié son ouvrage. Ces derniers se trouvent triplement enfermés : du fait de leur incarcération injuste, mais également par l’isolement et l’indifférence que leur infligent leurs compatriotes paralysés par la répression et l’opinion internationale qui leur tourne le dos, car occupée par le son strident et imposant des sirènes géopolitiques.

Pourtant, le récit nous fait prendre conscience d’un autre élément cardinal. Si les situations d’enfermement sont légion ; les opportunités de libération n’en sont pas moins abondantes. La même scène mélodramatique sur laquelle se joue la petite histoire d’Elian, le philosophe malmené courant derrière des rêves quasi inaccessibles, se révèle comme une arène au sein de laquelle le héros livre concomitamment une bataille acharnée pour son émancipation.

Une lutte à l’issue de laquelle le mot liberté prend tout son sens. Ainsi, et dès l’instant où il fut menotté, Elian se rend compte du caractère excessif et extravagant de la crainte que lui inspiraient les gendarmes. Il se surprend en même temps à penser que « grâce à la prison » il s’était définitivement remis de cette peur qui l’avait encagé depuis toujours.

Telle une chandelle bravant un univers d’obscurité, la liberté prendrait ainsi forme non pas dans les slogans et les discours, mais lors de ces rares moments précieux au cours desquels l’Homme, quelles que soient les entraves se dressant sur son chemin, s’obstine comme un fou à poursuivre ses rêves, notamment celui de briser les chaines qui le retiennent dans l’asservissement. Et ce sont l’ensemble de ces « petites batailles, conclut-il, qui, additionnées [finissent par] changer le monde »

Massen Allioui

Louenas Hassani. Fou d’Ahlam (Roman) Éditions David. Ottawa. 2022.

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