22 novembre 2024
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Ukraine : dans l’enfer métallique de Soldar

Bakhmout

Soledar, près de Bakhmout, est le théâtre de violents affrontements mercredi. « Le scénario le plus sanglant » depuis février, selon un proche de Zelensky.

Le scénario le plus sanglant de cette guerre. » Les autorités ukrainiennes sont très inquiètes face aux combats acharnés qui se déroulaient mercredi à Soledar, dans l’est du pays où la Russie tente coûte que coûte de renverser le cours de la guerre, changeant une nouvelle fois de chef militaire au moment où Kiev semble plus proche d’obtenir des armements lourds occidentaux. « Tout ce qui se passe aujourd’hui en direction de Bakhmout ou de Soledar est le scénario le plus sanglant de cette guerre », a déclaré dans un entretien avec l’AFP Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence ukrainienne.

Les combats « se poursuivent » à Soledar, le front « tient », a pour sa part affirmé dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous faisons tout pour renforcer la défense ukrainienne sans aucune pause, même pour un jour » dans la région orientale de Donetsk, a-t-il martelé. Selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, les Russes « ont tenté de percer la défense » ukrainienne et de « complètement » s’emparer de cette localité, « mais sans succès ».

Le groupe de mercenaires russes Wagner a revendiqué sa prise, qui constituerait enfin pour Moscou une victoire militaire, après plusieurs revers humiliants depuis septembre : il a toutefois été démenti non seulement par les militaires ukrainiens mais aussi par l’armée russe. « Des forces d’assaut se battent dans la ville », a de son côté assuré le ministère russe de la Défense, précisant que « des unités aéroportées ont bloqué les parties nord et sud » de Soledar.

24 frappes russes

Le Kremlin, qui a coutume de régner sur ses forces rivales – en l’occurrence le chef de Wagner Evgueni Prigojine et le ministère de la Défense -, s’est montré prudent quant à la situation sur le terrain.

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« Il ne faut pas se presser. Attendons des déclarations officielles », a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, tout en estimant qu’il y avait « une dynamique positive » dans les rangs des troupes russes. « Personne n’a prévu de donner la ville », a insisté « Bober », un soldat ukrainien blessé en attente de son évacuation, rencontré mercredi par l’AFP sur la route reliant Bakhmout à Sloviansk. Soledar « n’a pas été complètement prise » par les Russes, a-t-il affirmé.

Selon Mykhaïlo Podoliak, les pertes militaires russes y sont « énormes » et « l’armée ukrainienne perd également des hommes ». « Certainement, c’est plus que ce qu’il y a eu ailleurs avant », a-t-il indiqué à l’AFP.

À l’échelle de l’ensemble de Ukraine, « dans la journée, l’ennemi a effectué deux frappes de missiles et 22 frappes aériennes », a résumé le ministère ukrainien de la Défense. Dans la seule région de Lougansk, voisine de celle de Donetsk, les Russes ont « rassemblé » environ 30 000 soldats, a par ailleurs signalé son gouverneur ukrainien, Serguiï Gaïdaï.

Guerassimov, le nouveau chef militaire

La Russie a de nouveau remplacé ce mercredi 11 janvier le commandant de son « opération spéciale » en Ukraine, en nommant le général Valeri Guerassimov, qui était jusqu’ici chef d’état-major des armées. Une annonce émanant du ministère de la Défense. Sergueï Sourovikine devient adjoint et cède ainsi la place au chef d’état-major des armées.

« La hausse du niveau de commandement de l’opération spéciale (en Ukraine) est liée à un élargissement de l’ampleur des missions à accomplir, à la nécessité de mener une interaction plus étroite entre les composantes des forces armées », a expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

Dans le même temps, l’Ukraine a réitéré ses appels à ses partenaires occidentaux, à la veille d’une nouvelle réunion sur la base américaine de Ramstein en Allemagne le 20 janvier, à lui fournir des armements lourds et de longue portée.

« Seuls les missiles d’une portée de plus de 100 kilomètres nous permettront d’accélérer de manière significative la libération des territoires », a argumenté Mykhaïlo Podoliak dans ses déclarations à l’AFP, promettant qu’ils ne seraient pas utilisés contre le territoire russe.  « Nous voulons toujours obtenir 250 à 350 chars lourds », a-t-il répété.

Kramatorsk, dans le Donbass, a subi une frappe de missile russe qui, contrairement aux affirmations de Moscou, n’a pas fait des centaines de victimes. Malgré ce climat, les civils affluent à la gare. En cette période de fêtes, certains arrivent et d’autres partent.

Autour de l’immeuble des années 1950, plus rien ne rappelle les frappes de roquettes meurtrières du 8 avril dernier. L’activité a repris, militaires et civils prennent l’un des deux trains quotidiens pour l’ouest du pays.

« Non. Moi, je ne pars pas d’ici, c’est ma ville », affirme Galina. La vieille dame attend son fils et sa petite-fille venus de Kiev pour quelques jours. Elle les a prévenus : la vie est presque normale à Kramatorsk.

« Tout ce bruit, ça nous empêche de dormir. La journée aussi. Mais pour le reste, la vie reprend. On a ce qu’il nous faut. Parfois même, croyez-le ou non, on va se balader au parc. Avec mes amies retraitées, on y va ensemble. Je leur dis : « Allons-y ! » Mais ce n’est pas souvent que le bruit s’arrête. »

Avec AFP/RFI

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