21 novembre 2024
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AccueilA la uneLe nombril qui se prenait pour un empire !

Le nombril qui se prenait pour un empire !

Un peuple composé d’êtres appelés Berghouths, vivants dans un énorme nombril qu’ils n’ont jamais quitté, sont touchés de plein fouet par d’étranges événements successifs : ça avait commencé par une sécheresse sans précédent qui avait menacé leur seule industrie de microbes méthaniers pondeurs d’œufs pourris énergisants. Une industrie qui ne nécessite aucun effort mis à part l’humidité, déjections, gaz et beaucoup d’oisiveté pour une fermentation optimale. Chose que savent produire abondamment ces petites bêtes.

Devant la grogne des Berghouts qui commençaient à montrer de la bave violette, signe de mauvaise humeur et de faim chez ces êtres habituellement si atones, l’empereur Berghouth premier, a demandé à son général des armées des vieilles rides, de mener une enquête et de vite étouffer la grogne, quitte à enfermer des centaines de baveux dans les pores profonds de l’empire. En attendant, Il se chargea personnellement de calmer une foule qui s’agite. Le discours du souverain fut mémorable et retransmis en très haut débile sur la toile d’araignée du nombril.

« Valeureux peuple de l’empire du nombril. Comme vous le savez sans doute, nous sommes sujets dernièrement à des phénomènes étranges qui ne peuvent être dus qu’aux agissements de nos voisins de l’empire de l’aine. L’eau n’arrive plus comme avant vers notre si grand empire, afin que nous puissions jouir de l’industrie d’œufs pourris que le divin nous a offerte, en récompense à notre grande piété et au dévouement de votre humble serviteur. Notre qualité première, l’oisiveté, fait des jaloux, et la vie prospère que nous menons entre les déjections et le gaz a fait bondir notre graisse abdominale de moitié en seulement trois ans, et notre fécondité est à des seuils historiques jamais égalés par un autre empire des trous.

Aussi, votre serviteur et souverain a chargé personnellement son bras droit, le chef des armées de révéler la vérité aux yeux de tous au moment opportun. Je demande en attendant à mes chers sujets de faire preuve de patience et de participer à la grande prosternation de l’humidité que mon autre bras droit, le gardien du temple des créateurs des Grands Berghouths, sera chargé de mener en urgence. Nous frappons avec une main ferme tous ceux qui voudraient déstabiliser notre gigantesque civilisation. »

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Le discours avait, en effet, calmé quelque peu les esprits, mais l’humidité n’étant toujours pas au rendez-vous, malgré les heures de prosternation, de la bave violette, plus abondante qu’avant, coulaient à flot sur les museaux des grassouillets Barghouts. Moins d’œufs pourris signifie plus de bêtes qui ont faim, et ça, l’empereur Berghouth premier n’y pouvait pas grand-chose. Un mouvement éphémère baptisé « Le mirage » avait même entonné ici et là, quelques chants hostiles.

Tandis que les jeunes Barghouts désespérés dévalaient dangereusement dans des tonneaux en bois, la grande pente désertique qui sépare le nombril de l’empire de l’aine afin d’y trouver asile. Beaucoup moururent déshydratés ou écrabouillés sur le chemin.

Pour sauver un empire qui vacille, Berghouth premier, accusa son premier bras droit, le chef des armées des vieilles rides de haute trahison, coupable, d’après la BAP ( Berghouth Agence Presse), de détournement d’œufs pourris, répression inopinée sur les sujets de l’empereur et de laxisme envers l’ennemi historique, le diabolique empire de l’aine. Il l’envoya au bagne d’El Haggar ainsi que le prêtre du temple des Grands Berghouths, incapable, selon la très informée et servile BAP, « par manque de piété, de faire tomber de l’humidité. »

L’empereur nomma le doyen des armées, son excellentissime Maréchal Bergricha, en le chargeant publiquement de faire la guerre au belliqueux voisin. Désormais, il y aura la mobilisation de tous les Berghouts en âge de combattre, malgré l’oisiveté, la charge pondérale et la bave violette qui s’écoule de faim. L’empereur envoya un million de Berghouths aux frontières sud du nombril, réussissant ainsi à vider le peuple agonisant de ses dernières forces vives.

Berghouth premier avait ainsi réussi le tour de force de se faire passer pour le sauveur de l’empire puisque, le million de baveux mourra de faim à la frontière sans jamais croiser le fer avec les soldats ennemis imaginaires et assura, par la même, de la nourriture au reste des Berghouts qui fêtèrent comme il se doit les sacrifices du souverain et des martyrs. Aux dernières nouvelles, l’humidité était revenue et la population oublieuse des Berghouts pullule comme jamais dans un empire qui rêve désormais d’organiser une coupe du monde de roulage de crottes de nez. Il paraît que les Berghouts y sont très doués.

H. Khelil

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