24 novembre 2024
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Après les incendies ravageurs, l’urgence de la solidarité

Premiers rapport de constatation pour évaluer les dégâts et espérer des aides de l’Etat.

Des milliers d’hectares de forêts et de cultures détruits, des centaines d’habitations effondrées, brûlées, plus de 200 sinistrés sans eau et ni électricité. Le désastre est immense. Le bilan matériel est lourd après les incendies qui ont ravagé le nord-est du pays et ont fait au moins 34 morts.

Les besoins se font pressants. Pour les habitants qui se retrouvent démunis de tout, mais aussi pour certains hôpitaux qui réclament certains médicaments nécessaires aux soins des nombreuses victimes des incendies de la wilaya de Bejaia.

« Nous avons besoin d’aide, de toute l’aide possible, nous avons besoin de vêtements, de matelas, de choses comme ça », a dit à l’AFP un homme rencontré dans un point de ravitaillement à Bejaïa, à 250 km d’Alger, la zone la plus touchée par les feux que les secours ont mis trois jours à éteindre.

Le ravitaillement et l’aide aux sinistrés commencent à s’organiser, alors que l’eau et l’électricité ont été coupées. Des cellules psychologiques sont mises en place. A Ait Oussalah, près du hameau Toudja, 16 personnes, « soit 10% des habitants », selon des témoins, ont été brûlées vives alors qu’elles tentaient de fuir.

Chaque été, le nord et l’est de l’Algérie sont frappés par des feux de forêt, un phénomène qui s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules.

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En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d’El Tarf, dans le nord-est. L’été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies: plus d’une centaine de personnes avaient péri dans le nord, en particulier en Kabylie. Et plus de 115000 ha de couvert végétal et forestier sont partis en fumée. C’est sans doute l’un des plus importants incendies depuis l’indépendance du pays.

Ces derniers jours, Tahar Chibane, 35 ans, a perdu une bonne partie de sa famille à Ait Oussalah: « Nous avons perdu 99% de nos terres. Il y a eu 16 morts, dont six de la famille Chibane (la sienne) et neuf de la famille Zenoud », a-t-il dit à l’AFP lors de funérailles mercredi dans la localité de Souk El-Djemaâ.

« Je ne peux pas trouver les mots pour dire l’importance d’une âme, l’âme n’a pas de valeur, nous sommes encore debout mais comment peut-on rester sain d’esprit quand on a perdu d’un seul coup sept ou huit membres de sa famille », a confié à l’AFP Djoudi Zenoud, venu aussi enterrer un proche.

Plus de 1.500 personnes ont dû être évacuées des nombreux villages frappés par les incendies très violents qui ont tout dévasté sur leur passage: maquis et champs cultivés, maisons, magasins, endommageant même des stations balnéaires.

«C’est notre vie»

Selon le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, 140 incendies ont été recensés dans 17 préfectures. Outre les pertes humaines, les feux, surtout concentrés dans le nord-est, ont « ravagé de grandes surfaces forestières, de broussailles et d’arbres fruitiers », a dit le ministre sans donner de chiffres.

Des « instructions » ont été données aux autorités locales pour « lancer la constatation des dégâts et des pertes et recenser les sinistrés, afin de les indemniser dans les meilleurs délais », a ajouté le ministre.

Un juge d’instruction a ordonné le placement de 12 mis en cause en détention provisoire, pour leur implication dans le déclenchement des feux de forêt dans plusieurs wilayas, a indiqué jeudi un communiqué du procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed à Alger.

Ait Makhlouf Mourad, une des victimes
Ait Makhlouf Mourad, une des victimes

De l’autre côté de la frontière avec la Tunisie, les estimations des dégâts ont également démarré après des feux qui ont touché surtout des zones boisées du nord-ouest près de Tabarka, épargnant la plupart des zones habitées.

« Les 14 incendies dans 7 régions ont été maîtrisés. Entre 10 et 20 habitations ont été endommagées et il y a de grandes destructions de forêts, terrains agricoles et oliviers », a dit à l’AFP jeudi Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile, soulignant que les pertes dépasseront les 2.000 hectares détruits l’année précédente.

Un couple avait ouvert en 2019 un « écolodge » dans la forêt au-dessus de Tabarka, qui a entièrement brûlé: « Pour nous, c’est notre vie, la valeur ce n’est pas l’argent mais notre engagement », a expliqué à l’AFP Adel Selmi.

En Algérie, au moins trois témoins ont déploré auprès de l’AFP des retards dans l’intervention des secours et un manque de moyens.

« La population locale a joué un rôle crucial pour éviter l’extension de certains foyers. Nous avons utilisé des seaux en plastique remplis grâce au camion d’un bénévole et nous sommes montés dans la forêt pour lutter contre les flammes », a déclaré un des volontaires, Mohammed Said Omal.

Avec AFP

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