Avec le recul, on peut considérer que la chose était tout simplement ridicule pour rire jusqu’à en pleurer, mais, à ce jour, personne ne peut nous expliquer ce délire qui a agité les dirigeants de cette marquante enseigne « souk El fellah » qui ont, au mépris de toutes les dispositions des lois en vigueur, imposé cette vile méthode de vente qui nous contraignait à l’achat d’un produit en plus de celui prévu.
Cette pratique est donc de retour. A l’évidence, cela nous rappelle tristement cette vente concomitante connue sous l’ère « socialo-anarchique » du président Chadli, une époque où les citoyens de notre cher pays se ruaient à un rythme quasi quotidien vers ces bazars auquel le noble fellah a prêté son nom pour faire leurs emplettes en produits de première nécessité.
Attiré par les prix plus ou moins attractifs de cet espace commercial dédié à l’origine aux ménages à faibles revenus, le pauvre consommateur tombe comme une proie facile dans ce piège de cette affreuse vente concomitante qui a compté ses victimes. Il était alors très fréquent de revenir chez soi avec un manche à balai, une truelle de maçon ou même un arrache-clou dans ses courses. Là, on oublie complétement de ressasser le long temps passé dans cette file d’attente qui connait, comme à ses habitudes, des bousculades accompagnées de cris.
C’était bien évidemment une pratique absurde, illégale et malheureusement bien courante. Elle fut, au-delà de tout entendement, pratiquée par nos pauvres « Souks El Fellah ». C’est pourquoi à ce jour, personne n’a souvenir que le sulfureux parti unique de cette époque ait, d’une manière ou d’une autre, dénoncé ou mis un frein à cet incroyable abus qui a duré hélas fort longtemps.
Aux dernières nouvelles, cette féroce pratique a refait surface ici et là. Il faut donc bien se résoudre à y croire, car au royaume des fâcheuses surprises, l’impossible relève toujours du possible. Est-ce donc aussi le retour des plan anti-pénurie (PAP) qui ont marqué les années 1980 ?
Yazid Sadat
Si la queue est acte civilisé, un manche, fut-il à balai , pris en concomitante avec un morceau de savon est un acte patriotique voire carrément acte de foi. À quoi bon d’être bigot si on vient au secours d’un frerot en peine à écouler sa camelote.
En effet, si un frerot importe un cargo de truelles bon marché ce n’est certainement pas les quelques maçons locaux, qui pour la plupart ont hérité de la leur, qui vont écouler l’excédent sachant que les chinois ou turques apportent les leurs dans leurs bagages. Et puis, avoir une truelle, un arrache clou,…cela peut toujours servir ne serait-ce à les exposer sur le mur pour frimer devant les copains comme quoi on est bricoleur. Il reste le manche à balai , mais là encore tout le monde en a besoin un jour ou l’autre; a la limite ce n’est qu’un achat par avance voire de prévoyance, tant que le vendeur se contente juste de vous en refourguer un sans que éprouveriez le besoin sur le moment et n’exige pas de vous de lui astiquer le sien…ce qui finira par arriver, et ce jour là on regrettera presque, ou pas, les ventes en concomitance; une fois que la majorité y a pris goût et en a fait ses nouvelles mœurs…
« … cette vente concomitante connue sous l’ère « socialo-anarchique » du président Chadli … ». Cette pratique existait déjà bien avant l’arrivée de Chadli à la présidence. Le Souk El Fellah n’est pas une création de Chadli mais de son prédécesseur Houari Boumediene. Le PAP, oui on le doit à Chadli. Il faut rendre à César ce qui est à César!
Les spécialistes du marketing dans les sociétés occidentales ont inventé le concept de « force de vente » , à des consommateurs pourtant compulsifs. Et une foultitude de statagèmes pour faire acheter au chaland des choses dont il n’a pas besoin à son insu. Ce qui en vérité n’est rien d’autre qu’un viol à l’étalage non avoué. Chinou on a juste inversé la formule avec la « vente forcée ».
Iben moua je n’ai osé cliquer sur cet artikl que forcé par cette pouffiasse de nostalgie de la belle époque. Ihesrah ya zman. L’ipouk des sublimes pénuries. C’est grâce à elles que je me suis offert un décor à la Prévert : 13 serre-joints , 5 brouettes, 3 racheklou, 8 bobines de fil barbelé , 6 kilos de clous nimrou10, 9 démonte-pneus 143 boites de confitures d’orange… une boite de café.
Un jour à Guezgata , un malin a voulu jouer un tour à Velqacem Ujangel , notre épicier. Il envoya une dizaine d’enfants lui demander s’il avait igharvalen. Chaque enfant lui en demanda deux au moins. Comme Velqacem n’en avait pas , il se dit qu’il avait là l’occasion de s’enrichir. La semaine suivante il en acheta une vingtaine qu’il accrocha ostensiblement devant sa boutique. Il mit du temps à s’apercevoir qu’on lui a joué mauvais tour.