25 novembre 2024
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A Saïd Boukhari, au militant de la cause berbère

Hommage

A Saïd Boukhari, au militant de la cause berbère

De gauche à droite, Saïd Boukhari et Ali Aït Djoudi

Cher ami et compagnon Saïd Boukhari,

Le philosophe Aristote a dit : « La nature a horreur du vide ». Ce vide que tu as laissé derrière toi, je le vis, il me range, il me blesse, il me chagrine comme il arrache sans relâche les cœurs de tous ceux qui t’ont connu de près, de tous ceux qui connaissent ta valeur d’homme qui ne s’est jamais agenouillé devant l’adversaire et l’infatigable militant que tu étais durant tes 54 ans de vie riche en lutte et en honnêteté.

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Une année, une année déjà que tu nous as quittés. C’était un mercredi, 22 du mois de novembre 2017, comme c’est le temps s’est arrêté pour nous. Comme c’est l’obscurité a englouti la clarté. Ta présence et ton absence sont deux mondes opposés pour tous ceux qui t’ont côtoyé.  

Saïd, mon frère, mon compagnon de combat, ma référence dans l’honnêteté et la droiture, je pleure ton absence, mais j’ai un sourire aux lèvres en pensant à ton parcours sans faille dans le militantisme et pour ton amour sans limites à ta patrie et à ta Kabylie et à la culture de tes ancêtres.  

J’ai aussi le sourire aux lèvres lorsque je vois tes enfants brandir ton portrait avec fierté et crier haut et fort : « Nous sommes les descendants de Saïd Boukhari ». Et que dire de ta mère qui prononce ton nom avec amour et honneur « Mon Saïd ».

Cher ami, je ne peux pas parler de ton combat, car pour le cerner, il faut plusieurs ouvrages, toi qui as commencé la lutte pour tamazight à l’âge de 18 ans encore lycéen à Dellys durant le printemps berbère de 1980. Toi, qui as tout le temps lutté au sein du MCB, toi, qui étais au-devant de la scène durant les événements d’octobre 1988, lors de la grève du cartable et pendant le printemps noir de 2001/2002. Faire l’historique de ton combat n’est pas chose aisée, alors je laisse le soin aux historiens pour que je ne sois pas injuste envers toi.

Cher Saïd, mon admiration pour ton courage a doublé en te rendant visite à l’hôpital de Tigzirt, je savais que tu n’étais pas naïf et que tu savais que ta fin approchait, mais ton sourire éternel n’a jamais quitté ton visage, c’était toi qui voulais nous donner courage pour continuer le combat pour les causes justes auxquelles tu as consacré ta vie.

L’hommage que nous t’avons rendu à la Maison de la culture de Tizi Ouzou a marqué tous les esprits pour ta dignité et ta vaillance en dépit de la faiblesse de ton grand corps malade. Tu étais présent pour ceux qui te considèrent et qui t’aiment, mais au fond de moi, je savais que c’est un message fort que tu passais à ceux que tu vas quitter à jamais, de ne pas lâcher prise même dans les moments les plus terribles de la vie d’un homme.

Tu étais sur la scène de cette salle archicomble et c’était sous les applaudissements de cette foule de tous les âges et sous les youyous des femmes que tu as mis le burnous kabyle avec tout ce qu’il porte de sens.

Tu savais que c’était la fin comme tous les simples mortels que nous sommes, mais tu étais conscient aussi et surtout que ton combat vivra éternellement après toi. En cela et en d’autres circonstances également, nous reconnaissons l’infatigable militant que tu étais.

Adieu mon ami et repose en paix.

Ton ami éternel Ali Aït Djoudi

Auteur
Ali Aït Djoudi

 




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