18 décembre 2024
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Abdallah Aggoune : « Je suis venu par effraction au cinéma »

ENTRETIEN avec le réalisateur de Sotra

Abdallah Aggoune : « Je suis venu par effraction au cinéma »

Abdallah Aggoune, Doc pour les intimes, est un réalisateur fraîchement arrivé dans le monde du 7ème  art en Algérie. Médecin de profession, le premier  court-métrage qu’il réalise, « Sotra », est présenté lors de la  10ème édition du festival international du cinéma d’Alger, dédiée au film engagé, du 07 au 10 novembre 2019, et obtient le plus gratifiant des prix : celui du public. Dans cet entretien il répond à nos questions et nous raconte son histoire à sa manière comme il dit.

Le Matin d’Algérie : Durant les  plus de 20 minutes de projection de Sotra les spectateurs sont restés rivés sur l’écran comment expliquez-vous cela ?

Abdallah Aggoune : Je pense que le les thèmes abordés ont été pour beaucoup.

Le Matin d’Algérie : Pourriez-vous nous en dire plus ?

Abdallah Aggoune : Le premier est le harcèlement. Tout « harceleur » peut être à son tour harcelé. Chaque personne peut être victime de harcèlement. Kahina une jeune fille résidant dans une cité populaire ne cesse d’être agressé verbalement  par un jeune homme du quartier, toxicomane et se dissimulant derrière des discours d’islamiste. Son père Rahim, un ancien patriote, traumatisé par son vécu durant la décennie noire, est apathique. Il est harcelé par le jeune Karim à son tour. Finalement il décide de réagir, de redevenir patriote et Karim prend la place du harcelé. 

Le Matin d’Algérie : Et le deuxième sujet ?

Abdallah Aggoune : Il s’agit des patriotes. Ces gens ont risqué leur vie, pris les armes durant les années de feu puis, ont finalement été livrés à leur sort, réduits à rien, méprisés  durant le règne de Bouteflika. Nous avons voulu montrer cela.

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Le Matin d’Algérie : Qui a écrit le scénario ?

 Abdallah Aggoune : Moi-même. Je l’ai laissé mûrir dans ma tête pendant un temps puis je l’ai écrit d’une traite. 

Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous donner un aperçu du casting ? 

Abdallah Aggoune : Les acteurs sont tous expérimentés. Jo le patriote, interprété par Djouhri Mohamed que l’on appelle aussi Jo dans la réalité est également un véritable patriote dans la vie. Chawki Amari chroniqueur à El Watan est Rahim dans le film. Idir Benaibouche, qui joue le rôle de Karim est, selon moi, l’un des plus brillants comédiens de sa génération.  Mouiza Habbani est surtout une comédienne de télévision, elle est la maman de Kahina, la jeune fille harcelée, interprétée par Assia H. Assia vient réellement de la campagne, et n’a jamais joué, que ce soit à la télé ou au cinéma. Elle est d’une grande spontanéité, c’est une révélation qui a impressionné par son jeu les réalisateurs présents dans la salle.

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Le Matin d’Algérie : Parlez-nous de vous ? Où avez-vous appris la réalisation ?

Abdallah Aggoune : Très jeune j’étais un grand cinéphile. A la faculté de médecine, à la Perrine, j’ai organisé le premier cinéclub en 1977. Frère de Chérif Aggoune, le réalisateur, j’ai eu à fréquenter dans son sillage dès 1981, certains réalisateurs de cette génération comme Belkacem Hadjadj, Ali Mouzzaoui , Abderahmane Bouguermouh, que Dieu ait leur âme. J’ai également fréquenté des acteurs. Pour l’anecdote Fellag, lors de sa première représentation de Cocktail  Khorotov a joué avec ma blouse et mon stéthoscope.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes donc un intrus dans le monde du cinéma ?

Abdallah Aggoune : Je suis rentré par effraction dans le monde du cinéma. Ce n’est pas les occasions qui ont manqué, mais J’étais jeune médecin, je devais m’imposer dans ma profession. Mon nouveau métier de médecin, exigeait de moi concentration et abnégation. D’autant plus, que j’exerçais à Bougara, dans la wilaya de Blida, en plein triangle de la mort, durant la décennie noire. Je n’ai jamais quitté mon cabinet depuis 1981 à ce jour. J’ai dû attendre 2006 après que le défi de monter sur scène me fut lancé. J’ai réalisé un one man show et je me suis produit lors de  la générale à la salle El Mouggar. Elle était archicomble, les spectateurs m’ayant confondu avec mon frère Chérif, qui jouissait déjà d’une notoriété dans le monde du spectacle. Durant ce show j’ai raconté l’Algérie à travers mon cabinet médicale. Après cela j’ai joué dans quelques films : un rôle principal dans un long métrage, mémoires de scènes de Hakim Laloui puis d’autres seconds rôles.

Le Matin d’Algérie : C’est là que vous avez appris la réalisation ?

Abdallah Aggoune : J’observais ce qui se passait au niveau du tournage puis comme je vous l’ai dit j’ai toujours été un cinéphile insatiable.

Le Matin d’Algérie : Maîtrisez-vous les techniques du cinéma ?

Abdallah Aggoune : Je ne maîtrise pas toutes les techniques du cinéma, loin s’en faut, mais les fondamentaux. Ce qui me captive, c’est raconter une histoire à ma manière. Je peux commettre des erreurs de cadrage, dans le choix des lumières mais jamais dans le casting, ni dans le jeu des comédiens. D’ailleurs dans « Sotra », la qualité de la prestation des comédiens a été remarquée et saluée par les téléspectateurs et les professionnels présents. L’essentiel de mon énergie de réalisateur est focalisée sur le suivi des comédiens. 

Le Matin d’Algérie : Qui a assuré le bon déroulement de l’aspect technique durant le tournage de Sotra ?

Abdallah Aggoune : Le directeur photo est Nacer Medjkane qui est surtout photographe de métier. La cadreuse est Fatma Ikane qui a aussi pris en charge les travellings.

Le Matin d’Algérie : Par qui a été financé « Sotra » ?

Abdallah Aggoune : Le budget alloué pour ce court métrage a été de 5 millions de Da financés à 100% par le FDATIC ( Fonds National pour le Développement de l’Art et de la technique et l’industrie cinématographique). Mais nous n’aurions pas pu terminer dans les temps sans le concours de notre cher ami, Bachir Deraïs.

Le Matin d’Algérie : Bravo à vous et l’avenir Doc ?

Abdallah Aggoune : J’ai deux scénarii prêts. Le premier a pour titre œdipe-moi. Il traite du complexe d’œdipe et il est fin prêt. Il va être incessamment déposé au FDATIC. Puis, un autre scénario prêt également, a pour titre l’olivier hanté.

Le Matin d’Algérie : Quand aurons-nous le plaisir de voir votre prochaine réalisation projeté sur nos écrans, qui sera, nous l’espérons, un long métrage ?

Abdallah Aggoune : Au prochain festival j’espère. Si je décroche l’accord du FDATIC assez rapidement il sera prêt avant la fin décembre 2020. 

 

Auteur
Djalal Larabi

 




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