Abdelmadjid Tebboune ne se contente pas de ses laudateurs. Il se jette des fleurs, sans craindre aucune contradiction. Et pour cause, il a choisi ses journalistes.
Tebboune a affirmé que la quasi-totalité de ses engagements avaient été traduits sur le terrain. Modeste, il ajoute avoir réussi, dans le cadre de l’édification de « l’Algérie nouvelle », à renforcer la souveraineté de l’Etat pour défendre les intérêts du citoyen. Comment ça ? Depuis quand ? Il n’y a que lui qui le sait.
Lors de l’entrevue périodique diffusée, samedi soir, sur les chaînes de télévision et de radio nationales, Tebboune a assuré qu’environ 75% de ses 54 engagements pris devant le peuple algérien avant son élection à la tête du pays, avaient été réalisés sur le terrain, en attendant l’exécution des engagements restants.
L’homme est décidément isolé dans sa tour d’ivoire ! Ce chef d’Etat qui n’a pas fait une seule visite d’une wilaya se targue donc d’avoir tout fait. Quatre ans à régner par procuration sur un peuple qu’il ne rencontre jamais. Comment est-ce possible qu’un « président » puisse tenir des discours aussi éloignés des réalités ? Sait-il seulement que les Algériens sont branchés, ouverts sur le monde et n’ignorent rien de la marche des affaires ailleurs ? Sait-il donc que ce genre de discours d’autosatisfaction n’ont plus aucune prise sur la société malgré le battage médiatique opéré à chaque fois par l’ensemble des médias publics et parapublics ?
Tebboune se pique d’avoir édifié une nouvelle Algérie… que personne ne voit. Une Algérie imaginaire. Car, la réalité est plus prosaïque. Terrible, faite d’arbitraire quotidien, de dizaines de jeunes qui quittent le pays sur des barques de fortune, d’entreprises qui mettent la clé sous la porte,… La réalité se confond au désespoir que nul puissant de l’heure ne veut voir dans sa crudité.
Droit dans ses chaussures, il a mis en avant les grands pas franchis par l’Algérie nouvelle dans divers secteurs, « en dépit des critiques infondées et des tentatives de revivre dans «une époque révolue». Il a ajoute que l’Etat était devenu fort pour «défendre le citoyen et non pour l’opprimer». Et pourtant, il veut dire l’exact contraire. Car si l’Etat était fort il n’instrumentaliserait pas tous les quatre matins des ennemis imaginaires et ne ferait pas de mouvements politiques pacifiques des organisations terroristes.
Un Etat fort et sûr de lui ne réprime pas les femmes et n’interdit pas la liberté d’expression. Mais on est dans une autre dimension. L’Algérie de Tebboune relève de la quatrième dimension que seuls lui et ses laudateurs sont à même de saisir. Il ambitionne de rejoindre le Brics alors que le pays est paralysé, sans tissu de production, ni la moindre ingénierie économique !
Oublieux d’avoir fait partie des gouvernements Bouteflika, il a appelé les Algériens à défendre l’unité nationale, mettant en garde contre «les oiseaux de mauvais augure» qui vouent une haine à l’Algérie et qui prédisaient une explosion de la situation en Algérie, indiquant que les résidus de la Issaba (entendre ceux du clan Bouteflika) tentaient, toujours, de semer l’anarchie au sein de la société à travers des fonds colossaux qu’ils utilisent dans l’espoir d’acheter les consciences.
Voilà donc notre cher président ! Fidèle à ses antiennes. Ses vieilles lunes ! Il invite la presse pour s’en prendre aux moulins à vent !
Lamentables lendemains du Hirak !
Yacine K.