Le chef de l’Etat a finalement fait une visite de supervision des travaux à Tizi-Ouzou. Mais qu’en est-il réellement de l’accueil que les journalistes de gouvernement qualifient pompeusement de chaleureux » ?
Plusieurs éléments poussent à douter de cette littérature journalistique élogieuse. Il y a d’abord ces lettres de réquisition envoyées à tous les fonctionnaires de la wilaya leur intimant l’ordre de se déplacer à Tizi-Ouzou pour participer à l’accueil du chef de l’Etat.
Mais comme cela ne suffisait pas et que les collégiens et lycéens que les autorités ont l’habitude de faire sortir pour applaudir le président sont en vacances, il fallait trouver des renforts ailleurs. D’où ces dizaines de bus remplis d’habitants de wilayas limitrophes, mobilisés par les walis pour remplir les rues de Tizi-Ouzou que les véritables habitants ont boudées.
Certes, il y a eu la clientèle politique traditionnelle acquise au régime, le FLN et ses clones. Mais aussi le nouveau converti qu’est le FFS. Tout ce beau monde était là pour faire bonne figure. Mais les cadrages serrés des caméras des télévisions toutes acquises à Tebboune ne suffisent pas à combler le vide sidéral des rues de la ville des Genêts.
Il suffit de lever les yeux du centre de l’image pour s’en rendre compte.
Se peut-il autrement ? Cette région de Kabylie qui a vécu l’innommable, la mort, les incendies les plus meurtriers de l’histoire de l’Algérie, les emprisonnements de ses meilleurs filles et fils, l’humiliation ne peut croire au folklore officiel et aux dirigeants d’opérette. Les obligés étaient certes là, Les Kabyles les connaissent. Il en existe pareils dans d’autres régions du pays. Mais il n’y avait pas de quoi chatouiller une foule.
Une visite ne peut assécher les torrents de larmes et de douleurs qui irriguent le peuple.
Yacine K.