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Accusation de complot contre la présidentielle : le fantasme de « la 5e colonne »!

Tebboune /Chanegriha

Le ministère algérien de la Défense a accusé, mercredi 14 août, des « services de renseignements étrangers hostiles », dont il n’a pas révélé l’identité, d’être impliqués dans un projet visant à mener des «opérations terroristes » dans le pays par l’intermédiaire d’un membre du « MAK », classée par l’Algérie comme une  organisation terroriste, dans le but de gâcher la présidentielle.

Manipulation

Cette effarante révélation faite à l’heure de grande écoute par la télévision nationale participe de la rhétorique de la peur qui structure depuis toujours le discours du pouvoir,  accréditant l’existence de menaces de destabilisation de l’Algerie émanant de l’intérieur comme de l’extérieur du pays est à classer dans un registre narratif qui rappelle le mythe espagnol de la cinquième colonne utilisée pour la première fois, par les putschistes franquistes en 1936, pour désigner un ennemi de l’intérieur réel ou fantasmé allié à des parties étrangères pour déstabiliser le pays.

Ce discours alimentant la paranoïa de la théorie du complot fomentée par l’ennemi de l’intérieur (de l’ennemi intime) procède de la volonté de créer une identité idéologique à laquelle le citoyen peut adhérer.

Gaël Brustier dans une chronique intitulée « L’ennemi de l’intérieur, un refrain connu en politique » parue dans le site Slate.fr parle de « «glue idéologique» permettant de solidariser des groupes sociaux comme politiques, aux intérêts différents et aux objectifs divergents, dans une perspective de rassemblement national »

Et l’approche de la grosse mascarade électorale du 7 septembre 2024 semble être le moment tout indiqué pour agiter le chiffon rouge de la montée des périls qui menacent la stabilité de l’Algérie.

Réelle ou supposée les causes invoquées (tensions géopolitiques, bruits de bottes à nos frontières sud, menaces sur l’unité nationale) pour justifier cette peur sont relayée, en les grossissant, par tous les relais de propagande du pouvoir. En l’espèce, la presse s’est muée en un médiocre relais, se bornant à annoner les manipulations et fausses informations distillées auprès d’une population qui, au demeurant, a depuis longtemps cessé dans sa majorité de croire aux JT de 20h et ses clones.

Medias aux ordres, partis politiques, organisations dites de la société civile et tout ce que le régime compte de satellites récitent à l’envi ces éléments de langage sur le mode anxiogène et souvent mensonger dans le but évident de provoquer un sentiment de peur et de réprobation parmi la population, pour qu’en fin de compte, susciter son adhésion au processus électoral. Et pourtant la vraie crainte réside au sein même de ce système crépusculaire, vermoulu, sentant la naphtaline, parti en guerre contre presque tous les pays limitrophes. L’isolement de l’Algérie sur le plan international, la crise de confiance à l’intérieur et la gouvernance par la répression et la culture de la peur sont assurément les plus grands dangers pour le pays.

A la veille de célébrer les 70 ans du 1er Novembre 1954, l’Algérie est plus que jamais confrontée à des périls existentiels immanents.

Samia Naït Iqbal

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