Lundi 29 janvier 2018
Accusé de viol, le départ du ministre Darmanin est réclamé
Le ministre a reçu le soutien du Premier ministre. « Quand un ministre est mis en cause pour viol, il ne peut pas rester au gouvernement », clame la pétition.
Des féministes ont lancé dimanche une pétition demandant au Premier ministre Édouard Philippe de démettre de ses fonctions Gérald Darmanin. « Monsieur le Premier ministre, quand un ministre est mis en cause pour viol, il ne peut pas rester au gouvernement », écrivent quatre militants féministes (Madeline Da Silva, Elliot Lepers, Clara Gonzales et Marie Cervetti) dans une pétition lancée dans l’après-midi. Ils font valoir que Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard ont été « immédiatement poussés vers la sortie » lorsqu’ils ont été soupçonnés, pour le premier, de favoritisme dans une affaire immobilière, et pour les trois autres, d’avoir eu des emplois fictifs au MoDem.
Cette fois, dès l’annonce de la réouverture de l’enquête samedi, Matignon a fait savoir à l’Agence France-Presse que le ministre conservait « toute la confiance » d’Édouard Philippe. « Être visé par une enquête préliminaire pour un crime sexuel serait donc moins grave ? » demandent les auteurs de la pétition. Ils rappellent que le gouvernement veut « faire de la lutte contre les violences la priorité de son quinquennat ». « Comment y parvenir si un de leurs ministres est accusé de viol ? » s’interrogent-ils. Les quatre militants demandent « à Édouard Philippe de mettre fin aux fonctions de Gérald Darmanin pour que la justice et le gouvernement puissent faire sereinement leur travail ».
Le gouvernement fait bloc
En plus du Premier ministre, d’autres membres du gouvernement et de la majorité ont pris la défense, dimanche, du ministre des Comptes publics. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a estimé dimanche que son collègue pouvait « rester au gouvernement », n’étant pas mis en examen, un acte de procédure qui n’est pas possible dans le cadre d’une enquête préliminaire. Nicole Belloubet a dépeint Gérald Darmanin comme un collègue « très clair et rigoureux » et « très attentif quand il y a des éléments à partager ». « C’est une vraie difficulté parce que les ministres exercent des responsabilités, ont en charge la gestion d’un département, et il faut qu’ils soient en mesure de conduire cette action. Et donc, on ne peut pas impunément les mettre en accusation pour des raisons qui ne soient pas claires », a-t-elle estimé. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a pour sa part relevé sur BFM TV que l’ancien maire de Tourcoing aurait « à se défendre, et qu’il [aurait] à amener tous les éléments pour parfaire sa défense, mais c’est la présomption d’innocence qui bien évidemment s’applique à lui comme à tout concitoyen ».
Du côté des parlementaires LREM, on appelle à une « prudence extrême » : le cas du député Christophe Arend, faussement accusé de harcèlement par une collaboratrice, est encore dans toutes les têtes. Dans l’opposition, seule l’ancienne ministre PS de la Famille et actuelle sénatrice Laurence Rossignol s’est montrée plus critique, jugeant l’affaire « embarrassante » pour le ministre, mais aussi pour le gouvernement, qui a mis l’égalité hommes-femmes au « premier plan ».
Appui contre faveurs sexuelles
Après une première plainte à la mi-2017, classée sans suite, cette affaire a rebondi samedi avec l’annonce par le parquet de Paris de la réouverture d’une enquête pour des faits présumés de 2009, contestés catégoriquement par l’intéressé. La plaignante, âgée de 46 ans, ancienne call-girl, s’était adressée en 2009, selon Le Monde, à Gérald Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation prononcée à son encontre en 2004 pour des faits de chantage et d’appels malveillants contre un de ses anciens compagnons. D’après le quotidien, Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter son appui auprès de la chancellerie en échange de faveurs sexuelles.